Une jolie ambiance, un stade quasi plein et tout rouge (il y avait… quatre supporters estoniens!), et une victoire tranquille pour se mettre en confiance: ce premier match de préparation pour l’Euro a ressemblé exactement à ce qu’il devait être pour l’équipe de Suisse. Ce genre de rencontres face à des adversaires abordables peuvent être piégeuses, et la défaite face au Qatar avant de partir en Russie en 2018 est là pour en témoigner. Mais ces parties sont importantes pour deux raisons.
Xherdan Shaqiri avait besoin de temps de jeu
D'abord, pour l'équipe, qui a besoin de repères et de monter en puissance, tant collectivement que physiquement sur le plan individuel. Cette rencontre a ainsi été importante notamment pour Xherdan Shaqiri, qui a un urgent besoin de temps de jeu au plus haut niveau pour espérer être prêt à affronter l'intensité d'un Euro. Ce mardi, le joueur de Chicago a disputé 90 minutes qui lui feront du bien.
Le peuple suisse peut commencer à sortir les drapeaux
L'autre raison tient à l'opinion publique, qui a besoin, elle aussi, de «rentrer dans le tournoi» et d'accompagner son équipe. L'état d'esprit d'une nation, avant une grande compétition potentiellement fédératrice, est important. Plus que ce que les joueurs le pensent sans doute, et, à ce titre, pour le «grand public», voir son équipe de Suisse gagner sans prendre de but, même en n'ayant pas forcément vu le match, est une très bonne nouvelle. Futile? Pendant une campagne de qualification, oui. Avant une grande compétition, avec grillades sur la terrasse et fan-zone et écran géant à Ouchy ou télévision branchée en permanence sur RTS 2 à l'Auberge de l'Ange à Albeuve ainsi qu'aux cafés du village à Suchy ou Corcellles-Cormondrèche, non.
À ce titre, la belle ambiance régnant à Lucerne en ce mardi soir, déjà avant le match, avec de très nombreuses familles toutes de rouge vêtues, et des chants constants tout au long de la rencontre dans un stade plein, était extrêmement réjouissante. Le peuple suisse, visiblement, ne demande qu'à s'enthousiasmer pour son équipe nationale, comme en 2021, laissant aux réseaux sociaux les réflexions stériles concernant la personnalité et les choix du sélectionneur Murat Yakin.
Encore un match sans prendre de but
Non pas que celui-ci ait été exempt de tout reproche durant la campagne qualificative. Surtout pas. Mais le fait est qu'en 2024, son équipe n'a pris aucun but en trois matches, ce qui donne la tendance de ce que devrait être l'Euro. Certes, ne pas encaisser de but contre l'Estonie (Yvon Mvogo s'est fait l'auteur d'une jolie parade au cœur de la deuxième période) n'est pas l'exploit du siècle, ni même de l'année. Mais cette rencontre intervient après deux blanchissages au Danemark et en Irlande, ce qui dessine déjà le début d'une série qui ne demande qu'à se poursuivre face à la redoutable Autriche, samedi à Saint-Gall.
Ce mardi, la Suisse l'a donc emporté tranquillement 4-0, grâce à un très bon début de deuxième période notamment. L'entrée de Zeki Amdouni a fait énormément de bien sur le plan offensif. L'attaquant genevois a clairement marqué des points, contrairement à Kwadwo Duah, qui s'est fait l'auteur d'une prestation assez neutre à la pointe de l'attaque, malgré une belle occasion de la tête.
La Suisse défendra avec trois centraux, c'est sûr
Murat Yakin, qui avait opté pour son désormais traditionnel 3-4-2-1, le même système qu'à l'Euro, avait décidé d'opérer un mix entre joueurs sûrs d'être titulaires face à la Hongrie le 15 juin (Fabian Schär, Manuel Akanji, Granit Xhaka, Remo Freuler et Dan Ndoye) et d'autres ayant une place à gagner, dont Kwadwo Duah et Steven Zuber.
Steven Zuber marque des points, pas Kwadwo Duah
Contrairement à l'attaquant de Ludogorets, le milieu offensif de l'AEK Athènes a marqué des points, grâce notamment à un but de très belle facture sur une frappe splendide et soudaine en pleine lucarne (20e, 1-0). Malgré une domination constante, la Suisse a peiné à mettre suffisamment de rythme en phase offensive, et a dû se contenter d'arriver à la pause avec cette avance d'un but seulement.
Murat Yakin a décidé de faire entrer Vincent Sierro, Zeki Amdouni et Ruben Vargas, trois partants certains pour l’Euro, dès la reprise du jeu en deuxième période. Remo Freuler, Kwadwo Duah et Steven Zuber ont donc laissé leur place, poste pour poste.
Zeki Amdouni a marqué tout de suite
Un changement bien senti de la part du sélectionneur puisqu’il a fallu à peine une minute à l’avant-centre genevois pour doubler la mise, magnifiquement servi en retrait par Ruben Vargas, lequel avait été lancé en profondeur par Granit Xhaka (47e, 2-0). Nico Elvedi a ajouté le troisième sur coup de pied arrêté (63e), avant une scène étonnante, à la 67e.
Xherdan Shaqiri a dû s'y reprendre à deux fois
Zeki Amdouni a en effet obtenu un penalty pour un tirage au maillot, penalty que Xherdan Shaqiri, malgré l'ovation et les encouragements de la Fankurve Schweiz, a manqué... mais le gardien Matvei Igonen, récent vainqueur de la Coupe de Bulgarie avec le Botev Plovdiv, était visiblement sorti trop tôt de sa ligne, et le penalty a été donné à retirer. Le génial gaucher a cette fois choisit de croiser sa frappe et a pu inscrire le 4-0.
Prochaine étape pour la Suisse, on l'a dit, samedi à Saint-Gall face à l'Autriche. Vendredi, la composition définitive de l'effectif sera connue. Avec Breel Embolo, dont le nom a été chanté avec force par le public, et Denis Zakaria? La grande inconnue est là.
Suisse-Estonie 4-0 (1-0)
Buts: 20e Zuber 1-0; 47e Amdouni 2-0; 63e Elvedi 3-0; 67e Shaqiri, pen. 4-0;
Swissporarena, 14’473 spectateurs.
Suisse: Mvogo; Schär, Akanji, Elvedi; Widmer (61e Stergiou), Xhaka (74e Aebischer), Freuler, (46e Sierro), Ndoye (61e Rieder); Shaqiri, Zuber (46e Vargas); Duah (46e Amdouni).