Contre toute attente, il existe en Allemagne des institutions qui sont encore moins ponctuelles que la Deutsche Bahn. Toni Kroos, par exemple. C'est avec 35 minutes de retard que la superstar de la Mannschaft se présente devant les médias ce mardi. Certains des quelque 200 journalistes passent le temps à la table de ping-pong. D'autres se disputent pour savoir si Kroos est un plus grand joueur que Lothar Matthäus.
La question est délicate. Car Matthäus est originaire d'ici, où l'Allemagne a installé son camp de base pour l'Euro: Herzogenaurach. Parce que Lothar Matthäus est champion du monde en 1990 et d'Europe en 1996. Avec 150 matchs internationaux, il détient le record en Allemagne. Et pourtant, il y a des voix qui s'élèvent pour dire que Kroos est plus fort que Matthäus. Parce que Matthäus n'a remporté aucune Champions League contre... six pour Toni Kroos!
Mais la star du Real n'a pas vraiment pu savourer la récente finale victorieuse contre Dortmund, car son attention est totalement focalisée sur le match d'ouverture contre l'Écosse. «Nous attendons depuis 2016 une victoire lors du premier match de groupe», déclare Toni Kroos, bien conscient de l'importance d'un succès en début de tournoi pour la suite. Depuis huit ans, la grande nation du football n'est plus allée plus loin que les huitièmes de finale. Sans doute aussi parce que Toni Kroos, le cerveau du milieu de terrain, le meneur de jeu, n'a plus été convoqué depuis longtemps.
Un renouveau qui s'appelle Toni Kroos
C'est sans doute pour cette raison que Toni Kroos ne peut s'empêcher de lancer une petite pique. Lorsqu'on lui demande si ses enfants seront présents au stade vendredi contre l'Écosse, le milieu de terrain de 34 ans provoque l'hilarité avec sa réponse: «Ils n'ont pas demandé la tactique, mais ils attendent bien sûr une victoire. Ils sont très habitués au succès. Aussi parce qu'ils n'ont pas beaucoup entendu parler de l'équipe nationale ces derniers temps».
Sous l'ancien entraîneur Hansi Flick, qui n'a pas misé sur la star de longue date du Real, la Coupe du monde au Qatar a été un échec total. Ce n'est que depuis l'arrivée de Julian Nagelsmann que l'Allemagne est repartie de l'avant et qu'une atmosphère de renouveau est perceptible.
Et ce sentiment est indissociable de Toni Kroos. Pendant longtemps, le milieu de terrain a été méconnu dans son propre pays. Ce n'est que depuis son départ que tout le monde sait à quel point il est important pour l'Allemagne. A la question de savoir à quel point il est difficile d'être reconnu quand on joue à l'étranger et non en Bundesliga, Toni Kroos répond: «Quand vous jouez en Espagne, vous n'êtes plus sur le devant de la scène ici. Combien de matches du Real avez-vous vu en entier?»
Mais ce n'est pas grave, dit Toni Kroos. Il souhaite toutefois que l'évaluation soit juste et basée sur des faits pour celui qui a remporté 34 (!) trophées dans sa carrière, tout en n'ayant été élu footballeur de l'année qu'une seule fois en Allemagne. Cette année devrait être la deuxième, indépendamment du fait que Kroos termine ou non sa carrière avec le titre européen.
Reiner Calmund: «Toni sera un jour un bon vivant bien en chair»
La suite n'est pas encore claire. Reiner Calmund, le légendaire manager du Bayer Leverkusen, a dit un jour que Toni Kroos deviendrait «un bon vivant bien en chair» après sa carrière. Julian Nagelsmann, quant à lui, a récemment déclaré qu'il sentait «un homme d'acier» lorsqu'il enlaçait son joueur.
Comme souvent dans la vie, la vérité se situe au centre. «On vieillit certes un peu et on apprend à connaître son corps, mais je ne suis pas devenu plus athlétique», dit Toni Kroos. Ni plus rapide. «J'ai bien essayé de le faire, mais ça n'a pas marché». Luka Modric, le partenaire génial de Kroos au Real, déclare: «Le football est devenu de plus en plus rapide, mais avec Toni, tout semble toujours au ralenti».
Tout cela n'a toutefois rien à voir avec le début tardif de la conférence de presse. Mais plutôt au coach Julian Nagelsmann, puisque celui-ci a fait durer l'entraînement plus longtemps que prévu. Avant le match d'ouverture de vendredi contre l'Écosse, chaque minute passée sur la pelouse compte.