Chaque fois que l'Italie part en voyage pour une Coupe du monde (ok, la dernière fois, c'était en 2014 ...) ou pour un Euro, le pays se vend de manière sympathique. Il n'en va évidemment pas autrement en Allemagne, où les Italiens ont transformé un complexe sportif – la Mathias-Grothe-Halle– en une véritable maison d'accueil repaptisée la «Casa Azzurri» pour l'occasion.
Une scène, un bar et un écran géant ont provisoirement remplacé la salle de basketball à l'intérieur de l'édifice. A l'extérieur, les possibilités de jeux pour les enfants et les stands de toutes sortes ne manquent pas. Un grand-écran en plein air et un restaurant achèvent d'offrir au public un accueil optimal. Bref: c'est la fête tous les jours à Iserlohn, ville d'accueil de la Squadra Azzurra. Ce cadre impressionnant est complété par la présence d'un centre des médias et d'une petite salle de conférence de presse située juste à côté du terrain d'entraînement des Italiens.
Et c'est là qu'ont se rend compte que cette impression générale de paix et de sérénité était en fait trompeuse. Et même l'égalisation miraculeuse contre la Croatie n'y a rien changé. Entre la fédération et l'entraîneur Luciano Spalletti d'un côté et les médias de l'autre, c'est le froid le plus total, pour ne pas dire la guerre. Les journalistes sont trop critiques, pensent les officiels italiens, et ce que l'équipe a offert justifie une telle virulence, estime la presse transalpine.
«La façon dont vous avez joué contre l'Allemagne, c'était mieux que tous les matches de notre équipe», déclare Luigi Garlando, plume notable de la «Gazzetta dello Sport». Un fait qui illustre bien le malaise entourant cette sélection: lors du premier point presse après la qualification, c'est non pas un protagoniste du match contre la Croatie qui s'est présenté, mais bien le réserviste Stephan El Shaarawy. La venue du Romain n'a été notifiée aux journalistes que cinq minutes avant le début de la conférence.
Toujours est-il que ce dernier s'exprime clairement: «Nous avons une grande histoire footballistique. Nous sommes les tenants du titre. Personne n'aime jouer contre nous. On l'a vu aussi contre la Croatie. Nous n'abandonnons jamais.» Et il n'a pas tort. Dailleurs, trois noms illustrent à quel point, même en crise, l'Italie dispose d'un extraordinaire potentiel.
Nicolò Barella
Le maître à jouer de l'Inter n'est jusqu'à présent que l'ombre de lui-même. Et sans un Barella à son plein potentiel, l'Italie est inoffensive. «Nicolò a eu deux problèmes», explique Luigi Garlando. D'une part, il s'est blessé en début de rassemblement, si bien que jusqu'à la veille du match contre l'Albanie, il n'était pas certain de pouvoir jouer. D'autre part, il souffre du même problème que certains joueurs de l'Inter: sacrés champions d'Italie le 22 avril déjà, les Nerazzurri n'on disputé que des matchs amicaux depuis, Barella y compris. «Il manque le rythme. On le voit aussi chez Federico Dimarco.» Mais que se passerait-il si le milieu de terrain retrouvait son «mojo»?
Federico Chiesa
Lors de l'Euro 2021, il s'est révélé comme l'un des meilleurs attaquants du monde. Mais cet élan a été stoppé net en janvier 2022, la faute à une déchirure du ligament croisé, et à des complications ultérieures. Depuis, il n'a jamais retrouvé son allant d'antan. Et pourtant, il reste l'attaquant le plus talentueux d'Italie. Mais pour Luigi Garlando, le problème de Chiesa est tout autre: «Il s'épuise à cause de sa position. L'ex-entraîneur de la Juve, Allegri, le voyait comme deuxième attaquant, Spalletti le voit sur l'aile.» Mais jusqu'à présent, Chiesa a déçu. A tel point qu'il n'a pas été titularisé contre la Croatie. Mais, à nouveau, rien ne dit qu'il ne retrouvera pas sa forme passée.
Jorginho
Tout le monde ensuite aimerait voir Jorginho jouer samedi soir. D'une part, parce qu'il a pris de l'âge et parce qu'il semble paresseux. D'autre part, parce qu'il n'est pas exclu qu'il soit à nouveau tireur de penalty. Pour rappel, la Nati doit en grande partie sa présence au mondial qatari de 2022 à deux pénaltys manqués de Jorginho lors des deux matchs de qualification contre l'Italie. Mais pour Luigi Garlando, Jorginho peut donner un nouveau souffle à l'équipe lorsqu'il est remplaçant. «Nous n'avons pas besoin d'un agent de la circulation sur le terrain, car Jorginho ne fait plus que cela: diriger les autres. Nous avons besoin de joueurs mûrs, dynamiques et frais comme Nicolò Fagioli.» Ce dernier pourrait bien débuter la partie contre la Suisse.