Pia Sundhage le glisse souvent, au milieu de ses conférences de presse: oui, la Suisse veut bien figurer à l'Euro, dans quatre mois. Mais si la Suédoise, l'un des plus beaux CV du football mondial, a accepté de venir aider la Nati, ce n'est pas seulement dans la perspective de passer l'été 2025 quelque part entre Thoune, Saint-Gall et Genève: elle voit en effet déjà plus loin, c'est à dire jusqu'en 2027, date de la prochaine Coupe du monde. C'est là, dans deux ans, qu'elle espère voir une équipe de Suisse très compétitive sur la grande scène internationale et Pia Sundhage se donne deux ans pour faire progresser ses jeunes talents et les amener à maturité lors de la Coupe du monde au Brésil. L'Euro n'est pas un laboratoire, il est impossible de parler ains d'une compétition qui aura lieu dans son propre pays, mais la sélectionneure l'envisage aussi comme une étape vers 2027.
Parmi les jeunes talents que la technicienne veut voir progresser et en qui elle voit un immense potentiel figurent Smilla Vallotto, Naomi Luyet, Noemi Ivelj et Sydney Schertenleib, mais aussi, bien sûr, Iman Beney. «Elle a tout pour arriver au niveau suivant», a encore affirmé Pia Sundhage après le match entre la Norvège et la Suisse, mardi à Stavanger. «The next level», voilà donc ce qui attend la Valaisanne d'origine nord-vaudoise, âgée de 18 ans, que son entraîneure n'a pourtant pas hésité à placer sur le banc au coup d'envoi au Viking Stadium et à la faire entrer à l'heure de jeu seulement. Une punition après son match raté de vendredi contre l'Islande, où elle n'a pas existé face aux robustes footballeuses du nord? Pia Sundhage s'en défend.
«Elle a fait une bonne entrée ce soir»
«Non, Iman a été ok contre l'Islande», la protège-t-elle. «Simplement, Seraina Piubel s'est bien entraînée depuis le début du stage et j'avais envie de la voir d'entrée. Iman a fait une bonne entrée ce soir, je suis très contente d'elle», a répondu la sélectionneure, qui a en effet vu, comme tout le monde, la demi-heure très intéressante de son attaquante.
Iman Beney s'est en effet procuré une grande occasion d'entrée, avec une frappe des seize mètres déviée en corner, puis a eu une nouvelle occasion d'égaliser, mais a un tout petit peu trop croisé sa frappe. «J'aurais pu marquer, mais en fait, la gardienne la touche! L'arbitre ne l'a pas vu et n'a pas donné corner, mais je suis sûre de moi», a-t-elle réagi après la rencontre, dans les travées du Viking Stadium, à la question de Blick. Une fois les images télévisées revues, la Valaisanne a raison: son envoi a bel et bien été dévié.
«Je n'étais pas vexée. C'est l'équipe avant tout»
Son entrée pleine de rage traduit-elle sa vexation d'avoir dû s'asseoir sur le banc au coup d'envoi? Elle assure que non. «Je n'étais pas vexée. C'est l'équipe avant tout, toujours. C'est clair qu'on veut toujours pouvoir jouer, mais ce sont les choix du coach et il faut les accepter et être là pour l'équipe quand elle fait appel à nous. Et quand on entre, montrer une réaction et gagner des minutes ainsi», a-t-elle répondu avec franchise. La réaction, elle l'a montrée, et de quelle manière!
Autant vendredi, elle avait été dominée dans les duels et beaucoup trop discrète, ne profitant pas des espaces créés par Sydney Schertenleib (excellente tant face à l'Islande qu'en Norvège), autant ce mardi, en trente minutes, elle a bougé la défense norvégienne, pourtant réputée solide. La Suisse s'est créée plusieurs immenses occasions de marquer, mais n'a pas su repartir de Stavanger avec autre chose qu'une défaite, ce qui est très frustrant. «Elles ont un effectif impressionnant et on peut se dire que c'est déjà bien d'avoir fait jeu égal. On va bien étudier ce match pour pouvoir les battre cet été», assure Iman Beney, le regard déjà tourné vers la double réception en quelques jours des Norvégiennes, en Ligue des Nations d'abord, en phase de poules de l'Euro ensuite.
Quel est son meilleur poste?
Reste une question primordiale: quel est le meilleur poste d'Iman Beney en équipe nationale? Une chose est sûre, Pia Sundhage compte sur elle, sans quoi elle ne lui aurait pas offert la possibilité de se racheter après son match face à l'Islande. La sélectionneure a déjà prouvé être impitoyable, notamment en fin d'année dernière, lorsqu'Alisha Lehmann était passée à côté de son match contre l'Allemagne et avait dû s'asseoir 90 minutes sur le banc quatre jours plus tard en Angleterre. Iman Beney, elle, a eu droit à une seconde chance et l'a saisie à pleines mains.
Alors, plutôt attaquante, où sa complémentarité avec Sydney Schertenleib pourrait être intéressante? Ou piston dans le système à trois défenseures centrales de Pia Sundhage, comme elle l'a fait en fin d'année dernière? «C'est une question très intéressante! Elle peut être une option sur les ailes, elle a une grande polyvalence et sait être flexible. Devant, elle est très bien aussi. Ce que je peux vous assurer, c'est qu'elle jouera beaucoup. La question, c'est où et quand», sourit la sélectionneure de la Nati.