Les play-off débutent dimanche
Sandrine Mauron vise un sixième titre de championne, avec l'Euro en objectif personnel

Sandrine Mauron, quintuple championne suisse, se prépare pour les play-off, où Servette affronte GC ce dimanche au Letzigrund en quarts de finale aller. La Nord-vaudoise vise un sixième titre, qui peut aussi l'aider sur un plan personnel pour disputer l'Euro.
Publié: 12.04.2025 à 15:42 heures
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Dernière mise à jour: 12.04.2025 à 15:45 heures
La Nord-vaudoise de 28 ans a déjà remporté cinq fois le titre de championne de Suisse!
Photo: Getty Images
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Cinq fois championne de Suisse! Voilà le palmarès de Sandrine Mauron en Super League, elle qui a remporté quatre fois le titre suprême avec Zurich et une fois avec Servette, voilà douze mois à peine. Les Genevoises repartent à l'assaut des play-off, avec un premier match ce dimanche (16h) au Letzigrund face à Grasshopper en quarts de finale aller. L'occasion parfaite pour s'entretenir avec la milieu de terrain nord-vaudoise des Grenat.

Sandrine, enfin, vous voilà en play-off après cette saison régulière!
Oui, c'est exactement mon sentiment! J'ai hâte que ça commence. 

Tu sens la pression monter? Dans quel état d'esprit es-tu, à l'approche de ce fameux dimanche?
Je me sens bien, ça va. Je crois qu'on est prêtes! Cette semaine, il y avait les équipes nationales, c'était un peu particulier, mais là tout le monde est de retour. Celles qui étaient en sélection sont revenues un peu fatiguées jeudi matin, mais on joue dimanche, ça va.

Dimanche, vous allez affronter GC, au Letzigrund...
On se réjouit de jouer dans ce stade, on y a déjà affronté le FC Zurich. Et on y a gagné la Coupe de Suisse l'an dernier, c'est un stade et un terrain qui nous conviennent bien. Mais c'est les play-off, ça passe ou ça casse. C'est sur deux matches, d'accord, mais on veut faire la différence dès l'aller et ne pas se mettre en difficulté avant de les recevoir. Mais je le redis, on se sent bien. Prêtes.

Tu es d'accord si je dis que GC c'est l'adversaire piège par excellence? Vous allez dominer, c'est sûr, mais vous n'êtes pas à l'abri d'un accident...
C'est d'ailleurs ce qui vient de se passer en championnat. On domine dans le jeu, mais on a un trou de concentration sur une dizaine de minutes, on prend un coup-franc et voilà... On devra être vigilantes sur les coups de pieds arrêtés. Elles ont terminé sixièmes, nous troisièmes, mais on sait à quoi s'en tenir.

C'est vrai le cliché, «c'est un nouveau championnat qui commence»?
Oui... et non. On peut penser qu'on a acquis des certitudes toute la saison et c'est sans doute vrai, mais l'expérience nous montre aussi que ça peut aller vite. Pour nous, dans nos têtes, on a six matches à disputer pour aller soulever le trophée.

Avant la trêve, vous avez déjà joué une semaine à haute intensité et vous avez perdu la demi-finale de Coupe le mercredi contre Bâle et la première place du championnat le week-end... En ayant fait deux bons matches en plus! Là, c'est presque comme une deuxième chance, non?
Oui. On aurait préféré jouer la finale de la Coupe, et la gagner, mais avoir le week-end de libre nous a donné l'opportunité de jouer en amical contre l'AC Milan, donc on a gardé un rythme assez soutenu. 

Tu joues dans une équipe internationale, ce Servette FC Chênois Féminin multiculturel. Tu parles un peu le français quand même au stade?
Oui, oui (rires). Bon, sur le terrain, c'est principalement en anglais, comme ça le staff et les joueuses, on peut se comprendre et parler la même langue. Mais à l'entraînement et en dehors on parle français, mais on se met à l'espagnol, au portugais, au suédois, au croate... Il y a un peu de tout, c'est sympa!

Tu apprends quoi, toi? L'espagnol?
J'essaie deux ou trois mots, mais je me débrouille assez bien en anglais, donc ça aide pour discuter avec le coach et les coéquipières.

Il y a un petit peu de pression de la part du club, du fait que vous avez déjà perdu la Coupe, que vous aviez gagnée en 2024?
Non, ils nous laissent travailler sereinement. Je t'assure que la pression, on se la met nous-mêmes en tant que joueuses, parce qu'on a envie de faire les choses bien. On sait que sur le papier, on a une super équipe, qu'on a les moyens de gagner et qu'au niveau de la jouerie, on est meilleures que les autres avec le ballon. Maintenant, ça tient à nous d'être concentrées et de jouer notre jeu.

C'est assez rare, mais tu as pu préparer ces play-off avec ton club parce que tu n'étais pas avec l'équipe de Suisse cette semaine...
Oui...

J'imagine que tu as dû être déçue. Pardon pour la question bête, mais c'est la seule qui me vient...
Bien sûr. J'avais joué contre la France quand on les a battues à l'automne, ça m'a rappelé des souvenirs de voir ce match. Porter le maillot de la Suisse, participer aux stages... Tu sais, c'est un peu étrange, ou pas, mais c'est quand tu n'y es pas que tu te rends compte que ça te manque. C'est forcément une déception, un sentiment que tu ne contrôles pas. Alors bien sûr, il faut prendre le positif, on s'est très bien entraînées à Genève, j'ai aussi pu me reposer un peu. On a rarement trois jours de congé dans une saison, donc là ça m'a fait du bien. J'ai peu en profiter pour faire plein de petites choses pour me ressourcer. Mais dès lundi, je me suis mise en mode play-off.

Tu as regardé les matches de la Nati, bien sûr?
Oui, évidemment.J'étais au final aussi frustrée qu'elles de ne pas avoir réussi à prendre plus de points.

Lors du dernier rassemblement, tu as été appelée en urgence parce qu'une joueuse s'était blessée. C'est comment dans ce cas-là? Tu interromps tout ce que tu fais et tu sautes dans la voiture ou l'avion?
C'est clairement comme ça que ça se passe! La dernière fois, je suis arrivée vendredi après-midi, juste avant le match au Letzigrund et j'étais prête à jouer! Je sais que si je suis de piquet, je peux être appelée à n'importe quel moment et je l'accepte. Je ne vais pas partir en week-end à l'étranger, je suis à disposition et le téléphone est allumé. Il faut rester professionnelle et ne pas faire n'importe quoi. Cette semaine, elle ne m'a pas appelé, mais j'étais prête. Tant mieux d'un côté: je ne souhaite jamais le malheur des autres. Sincèrement. Mais c'est toujours en suspens. Et je peux te dire qu'en mai ou en juin, si je ne suis pas prise dans la première liste, je serai prête quoi qu'il arrive.

Donc pas de vacances de prévues cet été!
Surtout pas.

Photo: TOTO MARTI

Je viens d'écrire un article pour dire que le seul secteur qui donnait satisfaction aujourd'hui en équipe de Suisse, c'est le milieu de terrain. Pas de bol, c'est là où tu joues...
Mais tant mieux. Je suis très heureuse que la relève arrive. Le milieu, c'est le coeur du jeu. Et c'est vrai que ce noyau est très performant chez nous aujourd'hui, on l'a encore vu mardi avec Géraldine Reuteler et Smilla Vallotto qui marquent. D'avoir des jeunes performantes qui arrivent, c'est super pour les années à venir. Mais ce sera aussi peut-être très bien pour l'Euro, qui est tout proche.

Est-ce que Pia Sundhage t'a parlé récemment? Elle t'a dit pourquoi elle ne t'avait pas sélectionnée?
Il y a deux semaines environ, on a fait des entraînements spécifiques pour celles qui jouent en Suisse. Et là on a eu une petite discussion.

Elle t'a dit quoi?
Qu'elle savait de quoi j'étais capable. Et que je devais être consciente qu'il y avait de la concurrence. Depuis le temps que je joue, je le sais et je n'ai aucun souci avec ça. Mais j'ai mes atouts, j'ai 45 sélections, l'expérience de deux Euros et d'une Coupe du monde. Je suis prête. Maintenant, il faut aussi que je fasse la différence en championnat, que je sois décisive, que j'aide mon équipe, que je fasse briller mes coéquipières. 

Ça va compter pour elle, tu es sûre?
Je pense qu'elle a un oeil là-dessus. J'en suis même sûre. Elle m'a dit d'être patiente, de faire les choses bien, de continuer à être performante en club. 

Mais tu es désormais systématiquement réserviste...
C'est toujours un peu frustrant et décevant, je ne vais pas le cacher. Mais ça veut aussi dire que la sélection n'est pas acquise d'avance et qu'il y a de la concurrence.

Donc là, l'idée, c'est de faire une grosse fin de saison, pour gagner le titre avec Servette et ne pas laisser le choix à Pia Sundhage de te priver de vacances en juillet?
Exactement! C'est ce que je me souhaite en tout cas! 


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