Il n'endosse pas, bien sûr, à 100 % la démission collective de ses joueurs dimanche à Lisbonne. Son choix de laisser souffler Silvan Widmer, Remo Freuler, Noah Okafor et Breel Embolo fut toutefois une fausse bonne idée. On le rappelle, la Suisse doit livrer quatre matches en l'espace de onze jours dans le cadre de cette phase de poules de la Ligue des Nations. Le turnover est donc une nécessité pour tous les sélectionneurs. Ainsi, un Didier Deschamps a opéré lundi soir en Croatie... dix changements par rapport à l'équipe qui s'était inclinée trois jours plus tôt à Paris face au Danemark.
Seulement, le réservoir de la France est inépuisable. En Suisse, on ne peut pas se passer de quatre joueurs de champ majeurs sans dommage. A Lisbonne, Kevin Mbabu et Jordan Lotomba ont livré une performance qui explique pourquoi ils ne sont pas des titulaires indiscutables en club. Quant à Haris Seferovic, son manque de rythme après une saison pratiquement blanche à Benfica ne pouvait pas lui permettre de s'illustrer vraiment après sa réussite en début de match que la VAR devait annuler.
Jeudi face à l'Espagne, Widmer, Freuler, Okafor et Embolo seront à nouveau titularisés. Malgré la présence de ce quatuor au coup d'envoi, Murat Yakin peut redouter que le pire soit encore à venir. La Suisse affrontera en effet un adversaire en mal de points après ses nuls contre le Portugal et la République tchèque. Elle le fera avec une défense de fortune dans la mesure où Fabian Schär sera suspendu, où Nico Elvedi sera sans doute absent et où Manuel Akanji n'en finit pas de soigner une douleur au genou. Les forfaits, entérinés ceux-ci, de Steven Zuber et de Ruben Vargas rendent le tableau encore plus sombre.
Une défense à trois?
En attendant la venue fort probable du Saint-Gallois Leonidas Stergiou après le match de l'équipe des M21 mercredi en Moldavie, Murat Yakin n'a pas le choix. S'il reconduit sa défense à quatre - la mesure forte prise lors de son intronistion -, le sélectionneur alignera contre l'Espagne une charnière composée d'Eray Cömert et de Fabian Frei. Leur passé commun au FC Bâle est malheureusement l'unique raison de croire que les deux hommes peuvent faire la paire face à un tel adversaire.
Titularisé à Prague comme à Lisbonne sur le flanc gauche de la défense, Ricardo Rodriguez est lui aussi apparu en difficulté. A bientôt 30 ans - il les fêtera le 25 août prochain -, le Champion du monde M17 a perdu de son explosivité et de cet allant qui avaient bien failli lui ouvrir il y a huit ans les portes du Real Madrid. A l'AC Milan, il n'avait pas pu faire le match très longtemps avec Théo Hernandez. Aujourd'hui au Torino, il évolue comme axial gauche dans une défense à trois. L'an dernier, il avait livré la marchandise dans ce rôle à l'Euro avant que la venue de Murat Yakin le rapproche de la ligne de touche.
On ne sait pas si Murat Yakin sera tenté de revenir à une défense à trois jeudi contre l'Espagne, à la fois pour «soulager» Cömert et Frei et pour rassurer Rodriguez. Aura-t-il quelque part le cran de se déjuger ou persistera-t-il avec cette défense à quatre qui, en raison des circonstances particulières, suscite bien des craintes? Ce sélectionneur qui apparaît isolé aujourd'hui faute d'avoir pu enrôler un assistant qu'il aurait choisi et faute aussi de pouvoir compter sur le relais d'un capitaine qui partagerait pleinement ses idées, parviendra-t-il à retourner la situation? A redonner un souffle de vie à l'équipe qui s'est noyée à Lisbonne? L'entraîneur qui a éliminé Tottenham en Europa League avec le FC Bâle relèvera bien l'un des plus grands défis de sa carrière jeudi.
(ATS)