Elle ne devait assurer que l'intérim, mais Sabrina Wittmann (32 ans) reste coach du club allemand de troisième division FC Ingolstadt. Elle crée ainsi une nouveauté. Jamais auparavant une équipe masculine n'avait eu une entraîneuse en chef dans l'une des trois ligues supérieures d'Allemagne.
Wittmann avoue avoir espéré dès le début «que cela ne resterait pas qu'une courte aventure». Début mai, elle a été promue des moins de 19 ans à la première équipe. Son bilan: huit points en quatre matches et le premier triomphe en coupe nationale de l'histoire du club. Elle s'est ainsi qualifiée pour la Coupe d'Allemagne.
Ingolstadt lui tient à cœur
Il n'est donc pas étonnant que Wittmann soit «incroyablement fière et reconnaissante que ce voyage que nous avons commencé se poursuive». Car Ingolstadt lui tient particulièrement à cœur. Certes, elle a fait ses premiers pas dans le football au SC Steinberg, mais elle a rejoint Ingolstadt à partir des juniors filles. Grâce à une bourse d'études, Wittmann est partie aux États-Unis à l'âge de 16 ans. Là-bas, elle a joué au football au lycée et a acquis ses premières expériences en tant que co-entraîneuse dans une équipe du Middle-School.
Après son retour au pays, elle a intégré le staff d'entraîneurs d'Ingolstadt pour différentes équipes. Et depuis toujours, elle est considérée comme un grand talent. Ces dernières années, elle a prouvé que cela n'était pas dû au hasard. En 2020, Wittmann a pris en charge les M17, avant de passer aux M19 un an plus tard. Parallèlement, elle a étudié les sciences du sport et obtenu les licences nécessaires. De 2017 à 2021, elle a également été la coach en chef de l'équipe féminine du SC Amicitia Munich.
Il lui manque encore la licence pro
Wittmann est désormais récompensée par le poste d'entraîneuse en chef. Mais il lui manque la licence pro UEFA nécessaire. Bien qu'il existe un projet pilote permettant d'obtenir une place de formation même sans remplir les conditions requises, celle-ci lui a été refusée selon «Sport Inside». Ingolstadt mise néanmoins sur elle. Et doit pour cela mettre la main à la poche.
La saison dernière, Marc Unterberger (35 ans) était également sur la ligne de touche du club de troisième division SpVgg Unterhaching sans licence pro. Le club a dû payer 10'000 euros d'amende à la fédération et 3500 euros supplémentaires par match qu'Unterberger a entraîné. La phase de candidature pour le prochain cours débute en août. Si Wittmann est acceptée cette fois-ci, elle pourrait s'attaquer à la licence en janvier.
Il y a déjà eu des entraîneuses ailleurs
Même si son engagement fait les gros titres, elle n'est pas la première femme entraîneur active dans les ligues supérieures de football masculin en Allemagne. L'ancienne sélectionneuse de l'équipe nationale suisse Inka Grings (45 ans) a entraîné le club de quatrième division SV Straelen et Imke Wübbenhorst (35 ans) les Sportfreunde Lotte. En outre, Marie-Louise Eta a remplacé début 2024 l'entraîneur en chef Nenad Bjelica, suspendu, en tant qu'entraîneuse adjoint de l'Union Berlin. Toutefois, elles n'étaient pas entraîneuses en chef.
En dehors de l'Allemagne, il y a déjà eu des femmes coachs d'équipes masculines. En 1999, Carolin Morace (60 ans) a entraîné le club italien de troisième division AS Viterbese Calcio. Elle n'a pas su gérer la pression médiatique et a démissionné après deux matches. En 2014, Corinne Diacre (49 ans), future sélectionneuse de l'équipe de France féminine, a pris la tête de Clermont-Foot, en deuxième division française.