Du stade de foot au front
Les ultras ukrainiens veulent se battre contre Poutine

En Ukraine, tout hormis la guerre est relégué au second plan. Y compris le football. Les ultras se sont donc tournés vers un nouveau centre d'intérêt: le combat contre l'occupant russe. Sur les réseaux, ils appellent à s'enrôler pour l'armée.
Publié: 17.03.2022 à 16:55 heures
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Les supporters du Dynamo Kiev veulent faire front contre la Russie.
Photo: Getty Images
Carlo Frezza

L’Ukraine vit au jour le jour depuis trois semaines, au rythme des bombardements, des annonces de décès et des allocutions de son président, Volodymyr Zelensky. Face à un quotidien aussi chamboulé, qu’importe le sport? Il n’y a plus de matches sur les chaînes spécialisées Futbol 1/2/3, qui diffusent désormais des nouvelles des champs de bataille.

Cela ne veut pas dire que les supporters restent les bras croisés. Les clubs de fans et les ultras essaient de mobiliser sur internet pour grossir les rangs de l’armée ukrainienne. Peu après le début de la guerre, le mouvement ultra White Boys Club du Dynamo Kiev appelait déjà à la résistance: «Nous sommes prêts à nous battre. Nous tuerons tous les occupants qui viennent dans notre pays. Ceci est un appel à tous les gens d’honneur: allez à l’ambassade russe et protestez! Allez voir votre gouvernement et donnez-lui l’ordre de se battre contre l’ennemi commun! L’Ukraine est un bouclier pour l’Europe. Ensemble, nous sommes une puissance.»

Déjà une expérience du combat

La semaine dernière, un autre appel a été lancé par vidéo. On y voit des membres du Hoods Hoods Klan (qui malgré leur appellation rappelant l’âge sombre des États-Unis, sont considérés d’extrême-gauche), un groupe de supporters du club FK Arsenal Kiev. «Notre Ukraine traverse l’une des périodes les plus difficiles de son histoire. Notre pays fait face à un ennemi éternel qui menace depuis des siècles notre volonté et notre indépendance.»

Face à l’ennemi commun, la rivalité entre clubs ennemis passe au second plan. Depuis que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a décrété la mobilisation générale, les citoyens masculins âgés de 18 à 60 ans ne peuvent plus quitter le pays. Plusieurs centaines de milliers de personnes ont proposé leur aide et veulent apprendre à manier les armes. Les ultras ont là un avantage: contrairement à la population civile, nombre d’entre eux ont déjà une expérience du combat et des armes.

Recherche de combattants volontaires

En 2013, des ultras et des hooligans ukrainiens avaient par ailleurs déjà participé aux manifestations contre le gouvernement de Kiev, alors encore pro-russe, pendant le mouvement de l’Euromaïdan. Et depuis 2014, une grande partie d’entre eux se bat pour le régiment Azov, l’un des bataillons paramilitaires de volontaires aux tendances nationalistes.

Mais les supporters ukrainiens ne sont pas seulement prêts à se battre. Ils tentent de recruter des combattants étrangers sur les réseaux sociaux. Plusieurs recommandations circulent sur la manière de rejoindre la ville de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, depuis l’Europe de l’Ouest en passant par la Pologne, puis de se rendre sur le front via Kiev.

(Adaptation par Jocelyn Daloz)


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