Alice Holzer est l'une des personnes les plus importantes dans l'organisation de l'Euro 2025, qui aura lieu dans toute la Suisse au mois de juillet prochain. Son rôle est en effet déterminant puisqu'il démarre véritablement... au lendemain de la finale. Responsable de la «legacy», c'est à dire concrètement de l'héritage que va laisser la compétition, la Suissesse a présenté ce mercredi à Nyon, dans les locaux de l'UEFA, les contours de son projet joliment baptisé «Here to stay», en français «Ici pour y rester». Une phrase qui veut tout dire: le football féminin doit profiter de l'Euro pour atteindre un palier dont il ne redescendra jamais.
Le nombre de joueuses doit doubler
«Unstoppable», en français «inarrêtable», voilà un autre des mots-clés qui ont été prononcés ce mardi au bord du lac, ceci pour définir le «train du football féminin», lequel ne doit ni ralentir ni changer de voie. Ainsi, Alice Holzer a présenté sa vision, mais aussi des chiffres concrets. L'Euro féminin doit permettre à l'ASF de doubler le nombre de joueuses dans le pays et, donc, de passer de 40'000 à 80'000 à l'horizon 2027. Mais bien sûr, qui dit plus de joueuses dit plus de personnel encadrant et plus d'infrastructures. Ainsi, le nombre de coaches et d'arbitres doit passer de 2500 à 5000 dans le même temps, tandis que les vestiaires et terrains, eux, doivent suivre. C'est évidemment là la mission la plus compliquée, puisque ni l'ASF ni l'UEFA n'ont bien sûr le pouvoir de construire des bâtiments, mais Alice Holzer veut inciter les clubs, et leur permettre concrètement, d'optimiser au mieux l'espace à disposition, afin que chaque fille, petite ou grande, décidant de commencer le «fote» dans la foulée de l'Euro puisse être accueillie de manière convenable.
«Nous devons créer un cercle vertueux. Ces filles doivent pouvoir jouer, devenir des modèles et permettre à d'autres filles de s'identifier à elles. C'est ainsi que l'on pérennisera le football féminin en Suisse», espère la responsable de l'héritage, pleine d'enthousiasme pour ce tournoi et les traces qu'il laissera.
Un tournoi à guichets fermés?
L'UEFA est en train de «faire monter la sauce» pour ce qui sera sans nul doute le plus bel Euro féminin de l'histoire... jusqu'au prochain. L'objectif, ambitieux mais pas inatteignable, est que le tournoi se déroule à guichets fermés (200'000 billets sur 700'000 sont déjà vendus alors que les affiches ne sont pas encore connues) dans les huit stades qui accueilleront les matches (Genève, Sion, , Bâle, Saint-Gall, Lucerne, Zurich, Thoune et Berne, les deux derniers cités allant installer un terrain en herbe sur leur pelouse synthétique). «Nous aurions aimé que toutes les régions de la Suisse soient représentées, mais le Tessin n'a pour l'heure pas de stade adéquat». précise Martin Kallen, CEO d'UEFA Events, en précisant que les prix des places ne dépasseront pas 90 francs, y compris pour la finale. A noter, beau geste, que les transports publics seront gratuits dans toute la Suisse le jour du match pour la personne détenant un ticket pour une rencontre.
Si l'engouement du public est déjà présent, celui des partenaires commerciaux semble aussi être une réalité. «Nous avons même des sponsors qui ont écrit un mail directement pour prendre contact, ce qui n'était jamais arrivé dans le football masculin», s'étonne Martin Kallen, qui s'attend à des records d'audiences télévisuels.
Genève se fait (un peu) secouer par l'UEFA
Tout va donc bien du côté de l'Euro 2025, à cinq jours du tirage au sort de la phase de poules, lundi à l'EPFL à Lausanne? Oui, même s'il reste encore du boulot, notamment du côté des villes-hôtes, qui n'en sont pas toutes au même stade en matière de promotion et d'engouement.
Ainsi, du côté de Zurich, l'Euro 2025 est déjà partout, que ce soit aux alentours du Letzigrund ou en ville, à la gare. Des bannières, des publicités, du «branding»: personne à Zurich ne peut ignorer que la compétition arrive dans sept mois.
A Genève, et même si la mascotte «Maddli» y a été présentée en avant-première voilà dix jours, la présence de l'Euro est (bien) plus discrète pour l'instant, ce que Martin Kallen, en réponse à une question de Blick, ne nie pas. «Genève pourrait faire mieux. Nous avons des standards minimum de ce que nous demandons en termes de publicité, mais, au final, c'est la responsabilité de chaque ville de promouvoir l'événement chez elle. C'est vrai qu'aujourd'hui, nous attendons plus de Genève, où tous les billets ne sont d'ailleurs pas encore vendus.» Voilà un petit coup de pression qui ne passera peut-être pas inaperçu...