Le temps n'a pas suffi à effacer le traumatisme. Le 6 décembre dernier, la Suisse quittait la Coupe du monde sur une défaite humiliante contre le Portugal en 8es de finale (6-1). Un peu plus de trois mois plus tard, la série documentaire «The Pressure Game» plonge le public au cœur de l'équipe nationale. La RTS diffuse les six épisodes entre mardi et mercredi soir, ainsi que sur Play Suisse. Nous avons pu la regarder en avant-première.
«Ce documentaire est une manière de renouer notre relation avec la Nati qui nous a laissé sur ce 6-1, explique le producteur exécutif Florian Nussbaumer. Nous voulions raconter ce Mondial de l'intérieur, avec la perspective des protagonistes. On voulait aussi montrer les conflits, de la tension. Sans ça, une série est ennuyante.»
Xhaka, ce héros
Ennuyant, «The Pressure Game» ne l'est pas. Le style des documentaires sportifs est plus populaire que jamais, de la «Last Dance» de Michael Jordan avec les Chicago Bulls en passant par la série «Drive to Survive», qui a réussi à dépoussiérer la Formule 1 des papys pour les nouvelles générations. Cette version football made in Switzerland ne souffre pas de la comparaison, dans la forme comme dans le rythme.
Plusieurs scènes feront même date, grâce à Granit Xhaka, personnage principal. Le leadership du Bâlois saute aux yeux durant toute la série, au contraire du sélectionneur, Murat Yakin, qui y apparaît bien plus effacé. Le capitaine de la Nati tacle même frontalement les choix de l'entraîneur, que ce soit à la mi-temps du match contre la Serbie ou après la défaite contre le Portugal.
«L'Association suisse, mais aussi Murat Yakin, n'ont vu les épisodes qu'une fois la série terminée, confie Florian Nussbaumer. Je crois que Muri a quand même aimé ce qu’on a fait. Il sait que ses joueurs peuvent avoir des regards critiques parce qu'il est toujours en contact avec eux.»
L'ASF a hésité à censurer certains passages
Responsable communication de la fédération, Adrian Arnold reconnaît que quelques moments ont fait tiquer les dirigeants du football suisse: «Nous en avons en effet discuté après le pré-visionnage, mais nous avons décidé de ne pas intervenir. Nous ne voulions pas avoir une série lisse et trop contrôlée, comme c'est par exemple le cas dans les productions des grands clubs européens.»
Malgré ces passages forts, «The Pressure Game» n'est pas parfaite pour autant. Le doublage français des témoignages en suisse allemand est souvent pénible. Le fil rouge de la série se perd parfois entre les nombreux flashbacks et les matches de la Coupe du monde. Si certains protagonistes auraient dû être coupés au montage, d'autres sortent du lot de manière inattendue. C'est le cas des remplaçants Jonas Omlin ou Christian Fassnacht. Le dernier nommé évoque sans tabou la dépression qui le guettait lors de sa blessure.