Une annonce du club de foot de son fils a hérissé le poil de Thomas R.*. Son petit garçon est junior au club argovien du FC Rothrist. Récemment, ce dernier a annoncé le lancement de sa course aux sponsors annuels: les juniors sont censés trouver des sponsors qui leur donnent un montant par kilomètre couru. Le but étant de réunir un maximum de sponsors et de courir le plus possible pour récolter des fonds.
Jusque là, tout va bien. C'est une pratique courante. Mais les conditions de participation ne le sont pas: «Si mon fils ne rassemble pas au moins 150 francs lors de la course, il – c'est à dire nous – devra payer la différence, s'insurge le papa. Et s'il ne participe finalement pas à la course, il recevra une amende de 150 francs.» De quoi monter au créneau, pour Thomas R. «C'est presque les forcer à participer!», tonne-t-il.
L'annonce en question est affichée sur le site Internet du club. Il y informe que la participation à la course aux sponsors du 25 mars 2022 est «obligatoire pour les joueurs» et qu'une non-participation entraîne une amende.
Thomas R. renchérit: «Pour une famille, 150 francs, cela peut être beaucoup d'argent. Si un deuxième enfant joue dans le club, cela peut même coûter le double». Le père comprend certes que le club doive faire «un peu pression» pour que les enfants participent à la course. Mais il serait tout à fait possible d'expliquer aux juniors de quoi il s'agit et de voir pour quelles raisons certains ne peuvent pas venir.
Il s'agace également du fait que les joueurs de la première et de la deuxième équipe ne participent pas à la course. «Ce sont justement ceux qui pourraient rapporter le plus d'argent et qui devraient servir de modèles».
«L'amende fait partie de la cotisation des membres»
Pour Heinrich Gerber, responsable de la course des sponsors au FC Rothrist, il n'y a rien de choquant dans cette pratique: «Elle participe au financement du club». Les amendes annoncées seraient une mesure de justice envers ceux «qui organisent la course depuis des années ou qui y participent». Il serait donc légitime d'être un peu plus sévère envers ceux qui «se dégonflent», «sachant que cette amende peut en fin de compte être considérée comme une partie de la cotisation de membre.» Celle-ci serait modérée en comparaison avec d'autres associations.
Heinrich Gerber admet toutefois que les amendes exercent une certaine pression. Mais réunir 150 francs de donation n'est pas très difficile, nuance-t-il: «De nombreux enfants récoltent bien plus!» Ce seraient surtout ceux qui cherchent des sponsors à la dernière minute qui «auraient un problème pour réunir les 150 francs».
Un discours qui ne laisse pas de place à l'interprétation pour les quelque 250 juniors qui devront participer à la course. N'a-t-il pas mauvaise conscience, d'autant plus que les enfants n'ont parfois pas plus de cinq ans? «Non», répond sans hésiter Heinrich Gerber. Son argument? Ce seraient justement les enfants eux-mêmes qui trouveraient souvent plus de sponsors que nécessaire.
Le choix des mots sur la page d'accueil «était une erreur»
En ce qui concerne les membres de la première et de la deuxième équipe, il a une explication: «Pour eux, ce montant est déjà compris dans la cotisation de membre, qui est plus élevée». Il aurait constaté de surcroît que les adultes ont plus de mal à trouver des sponsors. Les recettes de la course représenteraient une composante d'environ 5 à 8% du budget annuel. «Sans les amendes, nous ne pourrions jamais atteindre le montant prévu au budget».
Il admet toutefois que le choix des mots utilisés sur la page d'accueil du club, relativement durs, «était une erreur». Mais n'en démordra pas sur le fond pour autant: «Les amendes sont maintenues.»
Thomas R. prend acte de la décision en grinçant des dents. Il paiera si son fils n'atteint pas le montant minimal. «Je n'ai pas d'autre choix. Sinon, au final, c'est mon fils qui en souffrira dans le club.»
(Adaptation par Jocelyn Daloz)
* Nom modifié