Quelques heures après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, le conseil de surveillance du mythique club allemand de Schalke 04 a explosé. Matthias Warnig démissionne: le directeur général du gazoduc «Nord Stream 2», qui relie la Russie à l’Allemagne, siégeait au conseil de surveillance de l’entreprise Gazprom, le sponsor principal de l’équipe de football.
Ce n’est qu’un exemple de l’influence énorme de la Russie dans le football européen. Car qui dit Gazprom dit Vladimir Poutine. Le géant de l’énergie est déjà présent à Gelsenkirchen depuis 2006. Mais en raison de la guerre ukrainienne, le club arbora désormais l’inscription «Schalke 04» sur ses maillots à la place du logo de l’entreprise russe.
Mais pour le reste, l’accord reste pour l’instant inchangé. Car Gazprom continue de payer 9 millions d’euros par an après la relégation en deuxième division, selon le «Bild», et 15 millions plus 3 millions de primes en cas de promotion. De même, le groupe russe sponsorise l’Étoile rouge de Belgrade et surtout le Zénith de Saint-Pétersbourg.
La finale de la Ligue des champions en Russie
Le club de la ville natale de Vladimir Poutine est une chasse gardée de Gazprom. Rares sont les endroits où les liens entre le sport, l’économie et la politique sont aussi étroits qu’au Zenit. L’organisation de la finale de la Ligue des champions, la plus prestigieuse Coupe européenne, était une sorte de consécration pour le club de Poutine. Cette affiche prestigieuse était prévue le 28 mai dans la bien nommée «Gazprom Arena»: stade où l’équipe de Suisse a été éliminée en quarts de finale de l’Euro 2021 par l’Espagne.
Mais le patron de l’UEFA, Alexander Ceferin, convoque ce vendredi matin à 10 heures une réunion spéciale de son Comité exécutif – dont l’ex-président du Zenit, Alexander Djukow, est également membre haut placé de Gazprom – à la suite de la récente escalade en Ukraine. «La situation y sera évaluée et toutes les décisions nécessaires seront prises», a fait savoir l’UEFA à Blick.
Gazprom injecte de nombreux millions dans l’UEFA
Selon les informations de l’agence allemande SID, l’UEFA va retirer la finale à la Russie. Et ce, malgré les liens qui les unissent: Gazprom est un proche partenaire de l’organisation faîtière du football européen. Rien que pour sa présence en Ligue des champions, les Russes paient 40 millions d’euros par an, selon le magazine «Spiegel».
À cela s’ajoutent d’autres engagements dans des tournois comme la Ligue des Nations et surtout le championnat d’Europe. Après le tournoi en 2021, Gazprom sera également l’un des grands sponsors de l’Euro 2024 en Allemagne.
Mais pourquoi Vladimir Poutine a-t-il une telle emprise sur le football? C’est une question d’image pour la Russie. Le fait qu’un groupe de Saint-Pétersbourg puisse sponsoriser la Ligue des champions de manière aussi importante symbolise la force de l’économie russe.
À cela s’ajoute le prestige. Quand Vladimir Poutine s’affiche avec le patron de la FIFA, Gianni Infantino, comme lors de la Coupe du monde 2018 en Russie, le président apparaît sous un jour avantageux et prend soin de son image.
Poutine aussi en Formule 1
L’organisation de compétitions de premier plan, comme la Coupe du monde ou les Jeux d’hiver de 2014 à Sotchi, a été le principal pilier de la stratégie sportive de Vladimir Poutine. Mais la Russie est aussi présente dans le sport à plus petite échelle: comme dans le sponsoring principal de l’équipe de Formule 1 Haas par le groupe minier Uralkali, proche du Kremlin.
Même le hockey sur glace suisse est touché, puisque le champion en titre, Zoug, est sponsorisé par «Nord Stream». Contacté à ce sujet, l’EVZ fait savoir qu’il se revendique comme «apolitique» et ajoute: «Bien entendu, nous suivons en permanence, et de près, les développements dans notre environnement.» Nord Stream? C’est justement la société germano-russe de gazoducs basée à Zoug, dont le directeur général a démissionné jeudi de Schalke 04.