Défier l'Espagne, chez elle qui plus est, c'est accepter de souffrir. Non pas du froid, pour une fois en ce mois de novembre, puisqu'il faisait un très agréable 21 degrés au coup d'envoi ce lundi soir à Santa Cruz de Ténérife, mais bien de privation, de ballon s'entend. La Roja confisque la balle dès qu'elle la veut, et ne la rend jamais, contraignant ses pauvres adversaires à courir après cette sphère insaisissable et la cachant dès qu'un joueur adverse s'en approche d'un peu trop près. Cet incessant ballet a de quoi rendre fou plus d'un joueur, qui, en tendant le pied pour essayer de s'emparer du ballon, ouvre dès lors un espace dont profitent les prestidigitateurs adverses pour avancer dans le terrain et étendre le territoire de leur magie.
Le remède contre ces rois de la possession? Il est connu: bien défendre, de manière agressive, et frapper en contre dès que possible, s'il reste des forces. Cette équipe de Suisse décimée par les absences pouvait-elle le faire? La réponse a failli être oui, puisque l'Espagne ne s'est imposée qu'à la toute fin de la rencontre, sur un penalty de. Bryan Zaragoza pour le 3-2 dans les arrêts de jeu. Il s'en est fallu de peu pour que la Suisse reparte avec un point des Îles Canaries
Bien sûr, le caractère «amical» de cette partie lui a rendu service, car si l'Espagne avait absolument dû remporter cette rencontre, elle aurait sans doute joué autrement, mais la Suisse a été un adversaire de valeur, ce lundi, bouclant au final sa campagne de Ligue des Nations avec une courte défaite au terme d'une prestation encourageante.
Yvon Mvogo au but, Dereck Kutesa en attaque
Confronté à de très nombreuses absences, mais désireux aussi de donner sa chance à plusieurs joueurs, Murat Yakin a procédé à de nombreux changements pour cette dernière rencontre de l'année. Yvon Mvogo a ainsi été titularisé au but, tandis que Miro Muheim a eu droit à sa première sélection, en tant que latéral gauche. Deux joueurs de deuxième division (Lorient et Hambourg) titulaires en équipe de Suisse, voilà qui n'est pas si courant, qui plus est sur le terrain du champion d'Europe en titre! Simon Sohm a lui aussi eu droit à sa chance à mi-terrain, tout comme Filip Ugrinic et, bien sûr, Dereck Kutesa en attaque. L'ailier du Servette FC était jusqu'ici entré deux fois en jeu avec la Nati et il a eu droit, ce lundi, à sa première titularisation.
Une bonne résistance en première période
Il était difficile d'attendre des miracles de cette équipe de Suisse, mais la vérité est que la Nati a plutôt bien résisté à la furia de la Roja, et n'est arrivée à la pause «que» menée d'une longueur grâce à une reprise de Yeremi Pino (32e, 1-0) après un penalty magnifiquement détourné par Yvon Mvogo face à Pedri, l'enfant des Îles Canaries. Le public avait d'ailleurs ardemment réclamé que ce soit lui, Pedri, qui tire, et Alvaro Morata a entendu l'appel. En bon capitaine, l'avant-centre, qui avait obtenu le penalty après une faute de Ricardo Rodriguez, a offert le ballon à son cadet, mais celui-ci est tombé sur un grand Yvon Mvogo. 1-0 tout de même pour l'Espagne après quarante-cinq minutes.
Murat Yakin a procédé à deux changements à la pause en faisant sortir le décevant Filip Ugrinic, ainsi que Zeki Amdouni. Joël Monteiro et Andi Zeqiri ont alors fait leur entrée en jeu. Et cette double apparition a failli surprendre tout le monde, dès la 48e, lorsque le Valaisan a pu s'échapper côté droit et frapper de peu à côté, alors que le Vaudois aurait aimé être servi au centre! La Suisse laissait échapper une belle occasion d'égaliser d'entrée de deuxième période et, dans la foulée, la Roja reprenait son inexorable domination territoriale.
Joël Monteiro inscrit un très joli but
A l'heure de jeu, nouveau double changement pour la Suisse, Vincent Sierro et Fabian Rieder faisant leur apparition, Murat Yakin décidant de faire souffler Granit Xhaka et de sortir Simon Sohm, lui aussi bien discret en ce lundi et qui a logiquement plus défendu que brillé avec le ballon. Mais qui pourrait le faire face à cette infernale Roja? La réponse est intervenue quelques secondes plus tard, grâce à un très joli but de Joël Monteiro (63e, 1-1), juste sous les yeux des 600 supportrices et supporters de la Nati à avoir effectué le déplacement jusqu'aux Canaries. Le Valaisan s'est offert une belle publicité sur ce coup-là! L'allégresse suisse n'a cependant duré que cinq minutes, le temps pour Bryan Gil d'inscrire le 2-1 à la 68e et de redonner l'avantage à l'Espagne.
La Suisse a cependant eu l'immense mérite de ne rien lâcher et d'égaliser encore une fois à la 84e grâce à un penalty impeccablement transformé par Andi Zeqiri à la suite d'une faute sur Vincent Sierro, auteur d'une très belle entrée en jeu ce lundi à Ténérife. Le score allait-il en rester là? Non! Bryan Zaragoza a pu surgir pour inscrire le penalty du 3-2 au bout des arrêts de jeu et clôturer une belle soirée de football. La Suisse n'a aucun regret à avoir, elle a montré un beau visage malgré les nombreuses absences, pour son dernier match de l'année.