Robert Breiter, secrétaire général de l'ASF, et Adrian Arnold, responsable de la communication, savaient très bien, en se présentant face à la presse lundi, que tout ne tournerait pas autour de la situation en Israël et du report du match qui devait se dérouler à Tel-Aviv jeudi.
Les deux hommes ont été impeccables dans leur discours à ce sujet, d'ailleurs, faisant preuve de l'émotion et de la retenue nécessaire, remettant souvent le football à sa juste place: celle d'une activité accessoire, qui apporte de la joie et du divertissement, certes, mais ne peut en aucun cas être plus importante qu'un conflit meurtrier.
Un désir particulier? Pas le moment d'en parler
A chaque fois que les représentants de la presse ont cherché à savoir quand le match serait rejoué et si la Suisse avait un désir particulier et allait défendre ses droits, les deux hommes ont rappelé la situation en Israël et qu'il serait malvenu, pour ne pas dire plus, de la part de l'ASF de réclamer quoi que ce soit aujourd'hui.
Difficile de leur donner tort. Se plaindre aujourd'hui de devoir jouer trois matches en neuf jours en novembre, éventuellement, passerait pour une réaction incroyable d'inhumanité, alors qu'Israël et la bande de Gaza comptent leurs morts par centaines, voire milliers.
Savoir si Israël perdra par forfait, si ces rencontres seront annulées ou non, n'est de loin pas la priorité des responsables footballistiques de l'état hébreu, et Robert Breiter n'a pas manqué de le souligner de manière très sobre et avec la retenue adéquate.
Les premières moqueries sont vite apparues lundi matin
Mais, une fois la situation en Israël évoquée avec la dignité nécessaire, les deux cadres de l'ASF savaient bien sûr qu'ils étaient attendus sur un autre terrain, celui des deux jours de congé accordés aux joueurs et au staff à la suite de l'annulation ou du report de ce match en Israël. Plutôt que de se retrouver lundi, tout ce petit monde est désormais attendu mercredi et les premières moqueries se sont faites entendre dans l'opinion publique, sur les réseaux sociaux, mais aussi dans les rédactions bien sûr.
À lire aussi
Murat Yakin a-t-il voulu profiter de deux jours de congé en plus, lui dont la réputation n'est pas celle d'un monstre de travail? N'aurait-il pas fallu profiter de ces deux jours en plus pour travailler avec un peu plus d'intensité, selon la demande de Granit Xhaka après le nul au Kosovo? L'occasion n'aurait-elle pas été belle de travailler un peu plus en profondeur?
Des raisons «organisationnelles et logistiques»
Toutes ces questions-là avaient été préparées et anticipées par la cellule de communication de l'ASF et Adrian Arnold a assuré que les responsabilités étaient partagées dans cette prise de décision. «Les raisons sont également organisationnelles et logistiques», ont expliqué les deux hommes, en évoquant notamment la question des hôtels.
Il est vrai que la Nati et toute sa délégation (on ne parle pas ici de vingt joueurs seulement) devaient s'envoler mardi pour Tel-Aviv et que se retourner en quelques heures n'est pas l'exercice le plus simple. Faire dormir tout le monde à la maison était la solution la plus aisée, cela ne fait pas un pli. «C'était le meilleur choix», assure l'ASF par la voix de ses deux responsables.
«Au final, la décision a été prise de manière collégiale. Le Conseil des joueurs a également été impliqué et était d'accord», précise Adrian Arnold. Dans un calendrier surchargé, les joueurs évoluant à l'étranger ont en effet sans doute été contents de pouvoir profiter de deux ou trois nuits avec leur famille restée au pays, ce qui ne leur arrive pas souvent, pour ne pas dire jamais, en pleine saison.
Le message est passé
Voilà donc le début de polémique éteint, espèrent les cadres de l'ASF, qui n'empêcheront jamais le persiflage gratuit, mais ont au moins pu exposer leurs arguments et faire en sorte que Murat Yakin ne se retrouve pas exposé en première ligne. Le fait de ne pas avoir envoyé le sélectionneur expliquer ce choix de donner deux jours de congé était d'ailleurs très bien vu, et très protecteur de la part de l'ASF, au vu de la réputation du Bâlois dans ce domaine.