90e minute, Mario Gavranović égalise pour l'équipe de Suisse face à la France. David Lemos et Steve von Bergen explosent de joie. Le premier nommé est un habitué des envolées lyriques: il a même eu droit à une chanson dédiée de la part du compositeur fribourgeois Pierre Do Bourgknecht.
Comment avez-vous vécu cette partie complètement folle?
Je l’ai vécue comme jamais je n’avais vécu un match de football au commentaire. Et dans le fond, même en fouillant dans ma mémoire de téléspectateur, je ne vois rien d’équivalent. Comme tout le monde, nous sommes passés par tous les états d’âme avec Steve, et nous l’avons ressenti physiquement. Au moment du penalty raté de Rodriguez, j’ai eu une chute de pression et suis resté étourdi quelques secondes, plus tard dans le match j’ai même parfois dû oublier que je commentais je crois, et j’ai même fini par voir des joueurs imaginaires (Zuber alors qu’il avait été remplacé)… Bref, des émotions inédites et intenses.
Y a-t-il eu un moment où vous vous êtes dit «ça y est, c'est terminé»?
À 3-1, je suis comme, je pense, beaucoup de gens devant leur télévision. Comment envisager un retour après quatre coups durs en 20 minutes, ce penalty raté et ces trois buts français? Je voyais déjà les titres du lendemain défiler, décrivant une Suisse valeureuse mais qui avait laissé passer une chance unique. J’avais mal pour cette équipe. Mais à côté de moi, j’avais Steve Von Bergen, qui parle au commentaire comme le capitaine qu’il était il y a peu encore. Il y croyait. Et je vais vous le dire franchement, il m’a tenu dans le match comme si j’étais son coéquipier. J’ai eu très peur quand il a annoncé que ce ne serait pas Mbappé qui éliminerait la Suisse… Dans les secondes qui suivent, il manque une montagne! Et vous connaissez la suite.
Est-ce votre plus beau souvenir de football?
Evidemment. Avant la rencontre, on s’excusait presque de rêver à voir la Suisse éliminer le champion du monde français. Rien que cela aurait suffi à rendre cette partie unique, 67 ans après le dernier quart de finale. Mais là… Une fois les émotions retombées, on réalisera encore plus à quel point il y a tout eu dans ce match. Tout. Les montagnes russes. En tant que suiveur ou supporter de l’équipe de Suisse, on a toujours pensé que ces explosions de joie, ces moments irrationnels de bonheur, c’était réservé aux autres. Pourquoi ils klaxonnent toute la nuit, franchement? Maintenant, on sait.
En bonus pour vous, un extrait non diffusé de notre interview BOOM, où le commentateur de la RTS défendait Seferović:
Si vous avez raté l'interview complète: