Une situation catastrophique
Winterthour, là où tout a débuté pour René Weiler

Lorsque René Weiler débute sa carrière d'entraîneur en 2001, le FC Winterthour est dans un triste état. Il devait même payer à manger aux joueurs de sa poche!
Publié: 28.04.2024 à 13:23 heures
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René Weiler en 2003 avec l'équipe du FC Winterthour sur le terrain d'entraînement.
Photo: TOTO MARTI
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Sebastian Wendel

La saison 2023/24 du FC Winterthour est déjà historique. L'équipe surprise de la saison est prête pour un nouvel exploit: se qualifier pour la première fois depuis 1975 pour la finale de la Coupe. Chaque supporter, sympathisant et fervent partisan de Winterthour croise les doigts pour l'équipe de Patrick Rahmen en demi-finale contre Servette.

Tout le monde? Pas tout à fait! Bien qu'il soit né à Winterthour, qu'il ait tapé pour la première fois dans un ballon à la Schützenwiese quand il était petit garçon et qu'il soit toujours lié émotionnellement au club, René Weiler espère une élimination de Winti. Et pour cause, l'ancien milieu de terrain est entraîneur du Servette depuis l'été dernier... et lui aussi veut atteindre la finale de la Coupe avec les Genevois et se racheter ainsi des dernières semaines décevantes en championnat. Il n'y a pas de place pour le sentimentalisme chez l'ambitieux technicien.

En pénétrant dans la Schützenwiese pleine à craquer, en regardant les visages joyeux du public et l'ambiance palpitante, René Weiler aura plutôt l'impression d'être dans un mauvais film. Comparé à il y a 20 ans, lorsqu'il a dû mettre fin trop tôt à sa carrière de joueur en raison de problèmes à la cheville et qu'il a été jeté dans le grand bain en tant qu'entraîneur. Pour ne pas dire: dans l'eau glacée !

Rétrospective: Au début du millénaire, le FC Winterthour est dans un triste état. Une montagne de dettes de plusieurs millions menace son existence, la licence pour la saison 2001/02 de Challenge League n'est accordée que parce que la direction, qui vit au-dessus de ses moyens, embellit le bilan. Lorsque la situation financière s'améliore, Winti doit commencer la saison suivante avec huit points en moins. La confiance dans le club est perdue, moins de 1000 personnes se déplacent pour les matchs à domicile.

Il offrait à manger aux joueurs

Au milieu de tout cela, René Weiler. Celui-ci n'a alors pas encore 30 ans et se voit confier par le nouveau président et mécène Hannes W. Keller la mission de maintenir le club dans le football professionnel sur le plan sportif. Sur le papier, il n'est «que» directeur sportif, mais Weiler s'occupe aussi de la tactique et de la mise en place, l'entraîneur officiel Ivan Kortischan, et d'autres plus tard, ne sont là que parce qu'ils ont les diplômes nécessaires, contrairement à René Weiler. Le budget de la première équipe s'élève à un maigre 500'000 francs, les salaires oscillent entre 500 et 3500 francs. Lorsque l'hiver arrive, il n'y a pas d'argent pour acheter des maillots à manches longues. «Je donnais aux joueurs de l'argent de mon porte-monnaie pour qu'ils puissent manger quelque chose à midi», a raconté un jour Weiler.

Le jeune et franc René Weiler est bien accueilli par les joueurs. Robert Huber dit à l'époque : «Weiler dirige les entraînements comme il l'entend et non pas selon des instructions et des prescriptions quelconques. C'est un grand plaisir. Bien sûr, ce n'est pas un entraîneur miracle, mais il est talentueux et n'est pas usé par la fonction. De plus, il parle bien devant l'équipe».

Winti reste en Challenge League... parce qu'il n'y a pas de relégué en raison de l'agrandissement de la ligue lors de la saison 2002/03. Sur le plan financier, Weiler soulage la caisse du club en réussissant à vendre des joueurs comme Philippe Montandon et Pascal Cerrone pour des sommes à six chiffres.

«La vérité, même dure, vaut mieux que n'importe quel mensonge»

René Weiler n'est pas seulement performant, il apprend aussi beaucoup et vite. Notamment de Hannes W. Keller, son grand mécène, au sujet duquel il a récemment déclaré dans une interview à Blick: «Keller était un pionnier. Il ne s'intéressait ni aux commentaires, ni aux likes, ni aux autres opinions». L'entrepreneur enseigne à Weiler ce que signifie la gestion d'entreprise et la gestion sociale. Et que la vérité doit toujours être mise sur la table. Le fait que son franc-parler continue de choquer aujourd'hui n'inquiète pas Weiler: «Au final, la vérité, même dure, vaut mieux que n'importe quelle excuse, mensonge ou silence. Même si ça fait mal».

Lorsqu'il quitte le Schützenwiese fin 2004, le club est à nouveau plus ou moins solide sur le plan sportif et financier. Et grâce au «cours accéléré», comme il qualifie ces trois années, René Weiler est armé pour une carrière d'entraîneur réussie. Plus tard, il mène le FC Aarau en Super League, pose la première pierre de la montée en Bundesliga à Nuremberg et devient champion de Belgique et d'Egypte.

Au cours des 20 dernières années, le FC Winterthour a également progressé - et de quelle manière! Le mauvais élève est devenu un club culte qui, deux ans seulement après sa promotion, est devenu incontournable en Super League. René Weiler se réjouit de ces retrouvailles. Et aussi avec Patrick Rahmen, avec qui il a suivi le cours pour la licence UEFA-Pro il y a 15 ans. Ils ne lui en voudront pas d'être aujourd'hui le seul sympathisant de Winterthour à espérer une élimination du FCW en Coupe.

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