Un choix gagnant à 100%
Le jour où René Weiler a osé sortir son gardien à la 117e en finale de la Coupe

La séance de tirs au but s'approche en finale de la Coupe de Suisse et René Weiler décide alors de faire entrer Joël Mall en lieu et place de Jérémy Frick. La réaction de celui-ci est seigneuriale et Servette, grâce à ce choix fou et génial, soulève le trophée.
Publié: 24.12.2024 à 17:26 heures
Le moment fatidique: Joël Mall remplace Jérémy Frick à la 117e.
Photo: ANTHONY ANEX
Blick_Tim_Guillemin.png
Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

René Weiler m'a offert mon plus beau souvenir de sport en 2024. A l'heure de replonger dans ma mémoire des douze derniers mois, cette date du 2 juin s'est imposée comme une évidence et, plus particulièrement cette 117e minute qui a été la base du scénario irrationnel qui a suivi, avec ces 24 tirs au but entre Servette et Lugano et cette séance qui allait entrer dans l'histoire. Si les 117 minutes précédentes peuvent être oubliées, même si elles n'ont pas été inintéressantes sur le plan de la tension et de l'ambiance dans le stade, ce ne sera pas le cas des trois suivantes, ni des tirs au but évidemment, lesquels sont entrés directement dans l'histoire de la Coupe de Suisse, pourtant déjà très riche.

René Weiler a vu juste sur ce coup.
Photo: keystone-sda.ch

René Weiler a donc tout vu et tout compris avant tout le monde en faisant s'échauffer Joël Mall en secret et en lui demandant d'entrer à la 117e, à la stupéfaction de tout le monde. Je dois dire que quand j'ai vu le grand gardien chypriote et argovien s'approcher de la ligne de touche, j'ai applaudi (intérieurement) René Weiler pour son audace et son intuition. La personne assise à côté de moi, que je ne nommerai pas, par charité et grandeur d'âme, a eu une réaction négative et instinctive. «S'il se plante, il passe pour un con», m'a dit mon collègue journaliste et je dois dire que j'ai eu le sentiment inverse. J'étais à Plzen quelques semaines plus tôt où Servette avait été catastrophique dans l'exercice des tirs au but et je m'étais déjà dit qu'il y aurait un travail psychologique à effectuer pour René Weiler et son staff au cas où Lugano et Servette en arriveraient là.

La rétrospective 2024 des sports

Pendant les Fêtes de fin d'année, la rédaction des sports de Blick vous propose une rétrospective de l'année 2024 à travers le regard de ses journalistes. Du 21 au 31 décembre, retrouvez chaque jour deux faits marquants qui les ont fait vibrer. 

Quel est le meilleur sportif, la meilleure sportive, le plus beau souvenir, ainsi que le coup de cœur de cette année 2024? Tim Guillemin, Grégory Beaud, Matthias Davet, Bastien Feller et Thibault Gilgen vous partagent leur ressenti. 

Pendant les Fêtes de fin d'année, la rédaction des sports de Blick vous propose une rétrospective de l'année 2024 à travers le regard de ses journalistes. Du 21 au 31 décembre, retrouvez chaque jour deux faits marquants qui les ont fait vibrer. 

Quel est le meilleur sportif, la meilleure sportive, le plus beau souvenir, ainsi que le coup de cœur de cette année 2024? Tim Guillemin, Grégory Beaud, Matthias Davet, Bastien Feller et Thibault Gilgen vous partagent leur ressenti. 

Un détail important, à ce stade: en conférence de presse, la veille du match à Plzen, j'avais demandé à René Weiler s'il avait travaillé les tirs au but après le 0-0 de l'aller. La réponse avait été non. Je ne sais pas si c'était vrai ou non, mais sa communication avait été claire. Après le désastre qu'avait été la séance, je me souviens m'être dit juste avant la finale de la Coupe, qu'il ne pouvait pas être aussi léger dans sa communication et dans son action, si d'aventure l'exercice était amené à se répéter.

Alors, comme toujours, René Weiler a été meilleur sur le terrain et dans l'action qu'en conférence de presse, un exercice qu'il exècre, ce qu'il fait bien sentir aux gens assis en face de lui. Il a donc décidé d'agir plutôt que de subir la séance et, lorsqu'il a opéré ce changement, j'ai eu beaucoup d'admiration pour lui sur le coup. Il fallait oser, et il l'a fait.

Deux hommes, une coupe.
Photo: SALVATORE DI NOLFI

Restait à découvrir deux choses. La première: comment Jérémy Frick allait-il réagir? La réponse a été à la hauteur des qualités morales de ce monsieur. Le capitaine du SFC a été surpris, comme tout le monde, mais il n'a pas eu une demi-seconde de réaction contre-productive. Il a accepté le changement, l'a compris, et a encouragé Joël Mall. Servette a aussi gagné la finale à ce moment-là, j'en suis convaincu. Parce que si Jérémy Frick avait couiné (ou refusé de sortir, ça s'est vu ailleurs), Joël Mall n'aurait pas été dans les meilleures dispositions et aurait perdu. J'en suis intimement convaincu. La deuxième question: Joël Mall allait-il être le héros du match?

Joël Mall a sorti le penalty décisif de Lukas Mai.
Photo: Pius Koller

La réponse est connue: oui... mais avec un peu de réussite. Parce que la vérité est que si Jonathan Sabbatini avait cadré son essai, Lugano aurait la Coupe et René Weiler aurait tiré un coup dans l'eau. Mais l'audace de René Weiler a été récompensée, Joël Mall a fini par sortir le tout dernier envoi, celui de Lukas Mai, et Servette a pu soulever son premier trophée depuis 2001. Tout a débuté dans l'esprit de René Weiler et dans cette décision folle mais géniale, qui a permis d'inverser la tendance négative née à Plzen et à inverser la dimension psychologique de la séance. Bien joué coach.


Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la