C’est ça, la magie de la Coupe! En se qualifiant pour les demi-finales de la compétition, le FC Bienne a réalisé l’exploit mercredi soir. Pensionnaires de Promotion League, les Seelandais ont tout simplement mis dehors un candidat au titre de champion de Suisse: le FC Lugano. Immense.
Alors oui, les Tessinois – qui doivent composer avec une course au titre et une campagne européenne – n’alignaient pas tous leurs meilleurs éléments à la Tissot Arena. Oui, si la VAR avait été à disposition pour vérifier une situation de hors-jeu, le premier but d’Omer Dzonlagic n'aurait sûrement pas été validé. Mais cela n’enlève rien à la performance des Seelandais, qui ont fait plus que jeu égal avec leur adversaire.
Raphael Radtke, ce héros
Si le huitième de finale face à Langenthal avait permis d’observer les qualités offensives de cette équipe avec une large victoire 0-6, c’est cette-fois la rigueur défensive du FC Bienne qui a fait la différence. Le gardien Raphael Radtke, décisif avec notamment cette parade héroïque en toute fin de match, était radieux après avoir salué la foule: «J’ai eu un peu de chance d’avoir le bon timing», reconnait le portier. Mais à 1-0, il a, comme toute son équipe, su faire abstraction de la pression: «Pour un match comme celui-là, les émotions sont déjà là avant. C’est pour cela que nous avons très vite pu tourner la page après notre but et que nous étions préparés», assure-t-il.
«On est footballeur pour ce genre de matches»
Offensivement, les Seelandais sont aussi parvenus à se porter vers l’avant, en étant surtout beaucoup plus réalistes que leurs adversaires. «On a bien entamé ce match avec un bloc de quatre milieux et moi en pointe», détaille Brian Beyer. «On savait comment jouer cette équipe de Lugano», analyse le Français du FC Bienne, très remuant dès les premières minutes de la rencontre. Dans une Tissot Arena très bien garnie pour l’occasion (3143 spectateurs), la fête était parfaite: «On est footballeur pour ce genre de match. Les supporters ont vraiment été le douzième homme et on aimerait bien que cela soit comme ça aussi en championnat.»
De son côté, le défenseur central Lion De Oliveira était aux anges: «C’est un rêve de gosse qui se réalise. Les demis, on arrive! On veut écrire l’histoire du club et on aura besoin de tout le monde. On est sereins et sûrs de nos qualités, on a notre identité de jeu avec un excellent staff qui va nous aider à garder les pieds sur Terre», assure l'enfant de la ville.
«Le public nous a transcendés»
Et pour cela, rien de mieux que le travail, assure l’entraîneur Samir Chaibeddra: «On est dans une ville de travailleurs ici à Bienne et travailler, c’est ce qu’on a fait. J’ai dit aux gars qu’il fallait être à 200%. J’ai dit à mon groupe d’y croire, car on savait que ce n’était peut-être pas le match le plus attrayant à jouer pour eux en face. On savait aussi que plus le match allait durer, plus ça allait être un avantage pour nous. Le public nous a transcendés et les joueurs l’ont dit à la mi-temps. Ils avaient l’impression d’avancer grâce à eux.»
Le coach avait-il pensé à un triomphe pareil avant le coup d’envoi? «J’avais une petite voix dans ma tête qui me disait que ça pouvait arriver. Mais gagner 2-0 contre Lugano, peu de gens auraient parié là-dessus. C’est une victoire exceptionnelle.» Pour la suite, ses joueurs vont avoir le droit à une journée de congé ce jeudi: «On va savourer et bien se reposer. On a montré beaucoup de maturité dans le jeu, mais j’aimerais qu’on montre aussi cela dans notre approche des matches. La Coupe, on va la laisser où elle est jusqu’à ce qu’elle revienne. Pour le moment, on doit se concentrer sur le championnat qui reste notre objectif», affirme Samir Chaibeddra.
«Je ne sais même pas quand les demis sont prévues»
De la maturité, les joueurs semblent aussi en faire preuve lorsqu’ils laissent éclater une joie sincère, mais contenue, dans les couloirs de la Tissot Arena. Un peu comme si tout cela était loin d’être terminé. Il faut dire qu’en plus de l’aventure en Coupe, les Seelandais sont toujours dans le coup pour rejoindre le niveau professionnel à l’issue de la saison. Avec une promotion en Challenge League, c’est un travail de longue haleine qui serait récompensé après la faillite du club en 2016.
Quant à la Coupe, chacun y va de sa préférence pour l'adversaire au prochain tour. Si le gardien Raphael Radtke se voit bien affronter Bâle, Brian Beyer se réjouirait de défier Lausanne, une équipe contre laquelle il a souvent joué.
De son côté, le coach Samir Chaibeddra nous l'avoue: «Je ne sais même pas quand les demi-finales sont prévues», rigole-t-il. C’est donc bien une surprise qu’a réalisé son FC Bienne. Les supporters (et les joueurs, si possible) peuvent noter les dates du 26 et 27 avril.