Pas de limites pour Lugano
Mattia Croci-Torti: «Nous voulons aller encore plus haut»

En grande interview pour Blick, l'entraîneur de Lugano Mattia Croci-Torti évoque en profondeur ses superstitions, sa passion pour la Coupe de Suisse, ainsi que son avenir d'entraîneur.
Publié: 02.06.2024 à 09:34 heures
1/8
Mattia Croci-Torti aime ses casquettes!
Photo: Pius Koller
RMS_Portrait_AUTOR_909.JPG
Carlo Emanuele Frezza

La finale de la Coupe, c'est ce dimanche à 14h! Pour Blick, Mattia Croci-Torti a accepté d'évoquer tous les sujets chauds. Sans langue de bois, comme d'habitude!

Mattia Croci-Torti, vous avez la réputation d'être superstitieux. Quel rituel avez-vous imaginé pour ce dimanche ?
(rires) Voyons si je trouve dans mon armoire le polo que je portais lors de la victoire de la Coupe 2022. Dans ce cas, je serai probablement sur la ligne de touche avec.

Et laquelle de vos dizaines de casquettes allez-vous choisir ?
Je ne vais pas faire d'expérience. Je porterai ma casquette noire de Lugano. Mais ce sera un nouvel exemplaire. Car après la défaite contre Servette samedi dernier, j'ai donné ma casquette comme je le fais toujours après une défaite. Il faudra aussi voir quelles chaussures je porte...

Votre superstition ne s'arrête-t-elle pas aux chaussures?
(rires) Oui, en fait je porte toujours des baskets blanches. Mais avant le match contre YB, j'ai dû changer quelque chose, oarce que nous n'avions jamais gagné contre eux au Wankdorf. J'ai donc décidé pour la première fois de porter des baskets noires. Et la victoire a été au rendez-vous.

Avez-vous d'autres rituels?
(rires) J'ai même un kit complet de superstitions dans mon bureau. Il y a plein de talismans à l'intérieur. Chacun d'entre eux a sa propre signification. Voyons lequel je vais mettre dans ma poche pour la finale. Et puis, j'ai aussi un petit nain dans mon bureau qui me porte chance. Je l'ai reçu en automne, lorsque la liste des blessés s'est allongée. Depuis, je touche son bonnet avant chaque match. Cela porte chance.

Un tel ensemble de superstitions avec de nombreux talismans se trouve dans le bureau de Mattia Croci-Torti.

La superstition fait partie intégrante de la vie de Mattia Croci-Torti. Tout comme sa passion pour le football, comme l'ont récemment raconté les amis de «Crus» - comme tout le monde l'appelle au Tessin - lors d'un entretien avec Blick. 

D'où vient votre grand amour pour ce sport?
Mon père, qui est aussi un grand fan de l'Inter, m'a transmis cette passion. Milan est très proche de chez nous. Nous allions souvent ensemble au San Siro. J'ai grandi avec Lothar Matthäus, Jürgen Klinsmann et plus tard Ronaldo «il fenomeno». Et puis, j'ai passé tous mes week-ends sur un terrain de football. Aujourd'hui encore, j'aime aller voir des matches de ligue régionale ou même de vétérans. Le terrain de football a toujours été un endroit où je me sens bien.

La Coupe, dans laquelle vous êtes en finale pour la troisième fois consécutive, a également une importance particulière pour vous?
C'est vrai. D'une part en raison de la victoire de Lugano en Coupe en 1992. D'autre part, je me souviens de nombreuses autres finales de Coupe que j'ai passées avec mon père devant la télévision le lundi de Pentecôte. Pour moi, une finale de coupe est comme une fête de lutte. C'est un rassemblement. La Coupe a toujours eu quelque chose de magique et de spécial.

Même en tant que joueur?
Oh oui. J'ai joué environ 200 matches en Challenge League. Mais les 17 matches de coupe que j'ai disputés ont toujours été spéciaux et uniques. Parce que j'ai pu me mesurer à des équipes de Super League. A l'époque déjà, j'essayais de faire comprendre à mes coéquipiers l'importance de ces matches. C'est ce que je veux aussi transmettre en tant qu'entraîneur.

Il semble que vous transmettiez avec autant de succès cette fascination pour la Coupe aux supporters. Alors que vous n'avez jamais beaucoup de fans lors des matches à domicile au Cornaredo, vous franchissez la barre des 10'000 pour la troisième finale consécutive. Cette fois, ce sont même plus de 12'000 Tessinois qui se rendent à Berne.
C'est fou. Nous parvenons à faire venir des gens inattendus pour nous encourager. C'est le charme de cette compétition. Comme la FA Cup en Angleterre, notre coupe a une énorme tradition.

Lugano est-il favori parce que vous avez plus d'expérience des finales? Ou Servette, parce que vous n'avez pas gagné contre eux cette saison?
Personne. Je suis sûr que c'est un match à 50/50. C'est aussi ce que dit le classement de Super League. Nous avons un déroulement de saison asset similaire. La qualité des joueurs individuels est également comparable. Servette a certainement disputé plus de matches que nous et a donc les jambes un peu plus fatiguées. Mais ils peuvent compter sur un noyau de 15 ou 16 joueurs qui ont fait des merveilles cette saison.

Il y a eu de l'agitation dans votre camp ces deux dernières semaines en raison de la situation contractuelle du capitaine Jonathan Sabbatini. Il veut continuer à jouer, comme il l'a souligné publiquement, mais le club aurait d'autres projets pour lui. Dans quelle mesure cela a-t-il perturbé la préparation?
Pas vraiment, car tout cela traîne depuis janvier. Je peux comprendre les deux parties. En tout cas, sur le terrain, «Sabba» a toujours tout donné pour ce club. C'est pourquoi je ne crains pas qu'il ait l'esprit ailleurs au moment du coup d'envoi.

Ces derniers temps, Sabbatini a souvent commencé les matches sur le banc de touche. Comment a-t-il pris son nouveau rôle de joker?
Il ne saute pas de joie. C'est compréhensible. Mais c'est un rôle incroyablement important que je lui ai attribué. Après tout, il est toujours mon premier remplaçant. Et même en trente minutes, il peut avoir un grand impact sur le match grâce à son intelligence de jeu.

Est-ce difficile pour vous d'accompagner un tel joueur à la fin de sa carrière?
Ici à Lugano, j'ai déjà vécu cela il y a deux ans avec Mijat Maric. Lorsque des légendes du club s'en vont, qu'elles s'appellent Maric, Totti, Del Piero, Zanetti ou Maldini, il y a toujours des moments difficiles à surmonter. Les joueurs voient la fin d'une fantastique aventure se profiler à l'horizon et se préparent à vivre quelque chose qu'ils ne connaissent pas. Ce sont des moments de grande réflexion, liés à de nombreux doutes et questions. J'essaie d'avoir le plus grand respect possible pour l'homme et pour le joueur.

Sabbatini est une légende vivante à Lugano. Il est sous contrat avec les Bianconeri depuis 2012. A l'époque, le club évoluait encore en Challenge League. C'est sous la houlette de Mattia Croci-Torti que l'Uruguayen a connu sa période la plus faste au Tessin. La saison prochaine, le club participera pour la première fois depuis 2001 aux tours de qualification pour la Ligue des champions. 

Lors de votre première année, Lugano a terminé quatrième, puis troisième et cette année deuxième. Conséquence logique: vous serez champion l'année prochaine?
Ce que nous avons réalisé cette année n'est pas la normalité. La dernière fois que Lugano a participé aux tours qualificatifs pour la Ligue des champions, c'était il y a 23 ans. Avec nos propriétaires américains et le nouveau stade, cela peut devenir la normalité. Mais tant que nous nous entraînons sur un terrain qui n'a pas la bonne dimension, que nous jouons toujours à l'extérieur en Europe et que nous sommes absents de la maison pendant plusieurs jours, ce qui nuit considérablement à la récupération, de tels résultats ne sont pas à l'ordre du jour.

Mais la saison a montré que vous pouvez être dangereux pour YB. Allez-vous passer à l'attaque l'année prochaine?
L'ambition est de plus en plus grande, c'est clair. Tout comme le défi. Je suis convaincu que nous pouvons atteindre quelque chose d'encore plus élevé l'année prochaine si nous parvenons à profiter des erreurs d'YB.

Et en arrière-plan, vous avez un propriétaire puissant qui va certainement encore améliorer l'effectif.
Nous avons la chance d'avoir avec Joe Mansueto un propriétaire qui investit beaucoup. Mais notre stratégie consiste aussi à vendre chaque été de jeunes joueurs en réalisant un bénéfice. Nous verrons donc qui sera encore là l'année prochaine. Ensuite, nous fixerons nos objectifs. Mais nous ne serons certainement pas timides!

Serez-vous encore sur le banc de touche de Lugano la saison prochaine ?
Mon contrat court encore pendant un an. Et avec les tours de qualification pour la Ligue des champions, j'ai du mal à m'imaginer partir d'ici cet été. Mais le marché des transferts est imprévisible. Maintenant, je dis quelque chose, puis je reçois ce soir un appel auquel on ne peut pas dire non et qui t'empêche de dormir la nuit.

Ces dernières semaines, de nombreuses rumeurs ont circulé. Votre nom a ainsi été cité comme possible successeur de Thiago Motta à Bologne. Qu'est-ce que cela vous fait?
C'est toujours agréable de voir ton nom associé à de telles équipes. Cela te rend fier et heureux, car cela signifie que le travail et les heures passées en valent la peine. De plus, je pense que c'est la conséquence des résultats que nous avons obtenus ici à Lugano. Atteindre la finale de la Coupe trois fois de suite, personne ne l'a fait depuis 1942. Cela signifie que c'est quelque chose de spécial.

Mais vous rêvez ouvertement de la Serie A?
C'est mon plus grand rêve, oui. Être sur la ligne de touche à San Siro, ce serait quand même quelque chose de spécial pour tout le monde. Mais avant cela, il y a autre chose.

Quoi donc?
Ce serait quelque chose de sensationnel de gagner la Coupe avec Lugano et le championnat l'année prochaine.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la