«Ok, la photo nue n'était pas une bonne idée»
Un entraîneur de unihockey envoie un nude à une ancienne élève et garde quand même son poste

Même après la condamnation par ordonnance pénale de l'entraîneur d'unihockey Johannes K.* de l'EFS United, les esprits ne se calment pas. Un nouveau cas de harcèlement est mis au jour, alors que l'entraîneur travaille toujours au club.
Publié: 14.12.2024 à 15:51 heures
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Melissa O.* a pu sauvegarder cette image en photographiant l'écran de son téléphone.
Photo: zVg
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Sandro Zulian

La vallée du Rhin n'est pas en paix. Après qu'un cas de harcèlement ait ébranlé la toute jeune école de talent d'unihockey EFS United à Heerbrugg, dans le canton de Saint-Gall, le ministère public du canton est arrivé à la conclusion suivante: l'entraîneur Johannes K.* a bien harcelé sexuellement la jeune Angelina M.*, âgée de 15 ans, en lui demandant «Je peux te faire une photo nu?»

Au début de la semaine, l'homme a été condamné par ordonnance pénale. Mais on apprend maintenant qu'Angelina M. n'est pas la seule concernée par le comportement pervers du sportif. La semaine dernière, Melissa O.* s'est adressée à Blick: Johannes K.* ne lui a pas seulement proposé une photo, il lui en a envoyé une sans lui demander son accord.

«Il m'a écrit tard dans la nuit»

Melissa O. (20 ans) s'est entraînée il y a quelques années sous la direction de Johannes K.. Depuis, elle n'a pratiquement plus eu de contact avec lui. «En avril de cette année, il m'a écrit tard dans la nuit», dit-elle. «Il m'a demandé - tout comme pour Angelina M. - s'il pouvait envoyer une photo où il apparaitrait nu.»

Bien qu'elle réponde par la négative, Johannes K. insiste. Le lendemain, il lui envoie une photo sur Snapchat. On y voit l'entraîneur nu, avec une barre de censure juste au niveau des reins. Il écrit curieusement sur l'image: "Ok, la photo nue n'était pas une bonne idée, désolé. Je ne t'en enverrai plus.» accompagné d'un emoji souriant et gêné.

La jeune femme a alors la présence d'esprit de faire photographier son téléphone portable par une collègue, car les images et les messages disparaissent sur Snapchat après un certain temps. Quelques semaines plus tard, Melissa O. reçoit une autre image. Selon elle, celle-ci montre le pénis de l'entraîneur d'unihockey. La jeune femme n'a toutefois pas sauvegardé cette image.

Elle ne voulait pas que son nom se répande

Melissa O. se rend à la police et souhaite porter plainte. Dans la région, on raconte déjà à ce moment-là que Johannes K.* en a déjà une sur le dos. Elle prend donc son courage à deux mains et parle de l'incident avec la policière qui la reçoit. Cette dernière croit à son récit et lui explique les possibilités qui s'offrent à elle.

Finalement, elle décide de ne pas porter plainte. D'une part, les preuves n'étaient pas suffisantes: elle avait bloqué l'entraîneur, ses textos avaient disparu, et elle n'a pas pu sauvegarder la dernière photo, la plus compromettante. «De plus, mon nom aurait été divulgué, y compris à l'entraîneur, et je ne voulais pas ça», explique Melissa O.

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S'il continue à le faire avec des enfants, ce serait fatal, parce qu'elles ne sauront peut-être pas du tout comment s'y prendre
Melissa O.*, ancienne élève de Johannes K.*
»

Ce qui lui importe, c'est qu'il n'y ait plus d'autres victimes à l'avenir. «S'il continue à le faire avec des enfants, ce serait fatal, parce qu'elles ne sauront peut-être pas du tout comment s'y prendre.» En s'adressant anonymement aux médias, elle souhaite montrer qu'Angelina M. n'a pas été la seule victime. «J'aimerais qu'on l'empêche de poursuivre ses fonctions, du moins pendant un certain temps». Mais Melissa O. pourra sans doute attendre encore longtemps.

«L'entraîneur continue à faire du bon travail chez nous».

En effet, l'entraîneur continue de travailler au club. EFS United déclare à Blick «Le contrat de travail a été conclu avant l'incident». Une mise à pied ou un licenciement n'aurait jamais fait partie des conditions imposées par Swiss Sport Integrity. La fondation intervient dans de tels cas sur le parquet. «L'entraîneur continue à faire du bon travail chez nous et met en œuvre sa mission de manière professionnelle.», poursuit le club.

Concernant la photo envoyée à Melissa O., le club affirme ne pas prendre cette information au sérieux pour le moment. «Comme nous n'avons pas d'informations officielles et sûres sur cet événement, nous ne prendrons pas de mesures hâtives.» Le ministère public du canton de Saint-Gall l'a confirmé mardi: l'ordonnance pénale est exécutoire. Aucune interdiction d'activité n'a été prononcée. Il peut continuer à s'entraîner, mais pas seul.

Interrogé à ce sujet, Markus Pfisterer, responsable du service d'information sur l'éthique chez Swiss Sport Integrity, déclare: «Nous ne pouvons pas nous prononcer sur la procédure en cours.» Mais dans tous les cas, la fondation examine toute nouvelle information et l'intègre dans ses investigations. De son côté, Johannes K. n'a pas réagi aux prises de contact de Blick.

*Les noms ont été modifiés

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