«Le niveau a baissé»
Freddy Mveng en est persuadé: Bienne va battre YB

Freddy Mveng est le taulier du FC Bienne, en Promotion League. Et ce samedi, en demi-finale de la Coupe de Suisse, voilà YB qui s'avance! Un sacré défi, mais le milieu de terrain en est sûr: son équipe va se qualifier. Il explique pourquoi, avec des arguments précis.
Publié: 09:42 heures
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Dernière mise à jour: 09:48 heures
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Freddy Mveng avec sa chaussure de football designée par sa femme Sarah.
Photo: Pius Koller
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Alain Kunz

Récemment surnommé « le vieux sage » dans le Journal du Jura, Freddy Mveng ne peut s'empêcher d’en rire: « Alors maintenant, tout le monde me traite de vieux! Déjà presque à l’âge de la retraite… Parce qu’aujourd’hui, il y a tellement de gamins de 17 ou 18 ans qui jouent. Avant, à 32 ans, on parlait d’âge d’or!» Le Camerounais, arrivé en Suisse avec sa mère à l'âge de quatre ans, éclate à nouveau de rire. Car Freddy Mveng rit souvent. Nature joyeuse, humour rafraîchissant, mais aussi tête bien faite : il est aussi réfléchi qu’organisé.

Un pronostic soigneusement argumenté

Quand il affirme: «Nous allons battre YB. Parce qu'on veut absolument jouer au Wankdorf», Freddy Mveng ne lance pas une promesse en l’air. Ce n’est pas seulement parce qu'un match unique peut offrir une chance contre un adversaire supérieur, alors que sur une saison, l’écart serait trop grand. Non. Freddy Mveng développe: « Le niveau du foot suisse a dramatiquement baissé ces dernières années. Si je compare l'équipe actuelle de Berne à celle de 2018, il y a un gouffre! Pareil pour Saint-Gall au début de l’ère Zeidler, ou pour le Lugano d'il y a quelques années. À l’époque, battre un vrai bon Lugano, c'était impossible.» Petite anecdote : les M21 tessinois ont récemment pris leur revanche, battant Bienne 4-3... tout en étant derniers du classement.

Freddy enchaîne: « Aujourd’hui, tous les clubs prennent des jeunes étrangers moyens, en espérant les vendre un jour pour deux millions. Résultat: le niveau baisse. Et l’écart entre Promotion League et Super League se réduit. Donc, on va battre YB… », conclut-il dans un nouveau grand éclat de rire.

Un parcours fait de hauts et de bas

92 matches de Super League, plus de 200 rencontres professionnelles: le CV de Freddy Mveng impressionne. Mais sa carrière n'a rien eu de linéaire. Entre faste et galères, Freddy a vécu beaucoup de choses.

Formé à Lausanne, il rejoint Xamax à 16 ans et débute en pro à 17 ans sous Pierre-André Schürmann, qui mise alors sur la jeunesse. Puis direction Berne, où il rencontre la légende Christian Gross. «Premier rendez-vous sur une aire d'autoroute, se souvient Freddy Mveng. Et là, ce monsieur que je ne connaissais que de la Ligue des champions avec Bâle… Quel moment pour un jeune ! » Mais l'expérience tourne court: «Trop d’égo à cause des grands noms.»

S'ensuit un prêt à Wohlen après une rupture des ligaments. « Au moins, j'y ai rencontré David Sesa. Un mec en or. » Puis un premier passage à Sion: «Christian Constantin me voulait, pas l'entraîneur Michel Decastel. Difficile dans ces conditions.» Retour à Lausanne. Même scénario: le président le veut, l'entraîneur pas forcément. Freddy Mveng rebondit alors à Neuchâtel. « Il fallait que je rejoue. Xamax, après la faillite, c'était devenu un club amateur. Et là, j'ai retrouvé le plaisir. »

Sion plutôt que Dijon

Ensuite ? Re-Sion. « Dijon, en Ligue 1, me proposait un contrat. Mais Christian Constantin m'a convoqué dans son bureau… Là-bas, tu viens avec une idée, tu repars avec la sienne. Il m’a retourné en 30 minutes. » Il signe donc en Valais. Et découvre une valse d’entraîneurs: Didier Tholot, Christian Constantin, Sébastien Fournier, Paolo Tramezzani, Gabri, Maurizio Jacobacci... «Je les ai tous là, non?» Non! Il lui manque Peter Zeidler et Murat Yakin. «C'était une époque folle!»

Ponctuée par le fameux camp paramilitaire à Montpellier: «C'était particulier. Mais franchement, ce n'était pas si grave. Ce n’est pas comme si on était partis à la guerre.» Une anecdote récemment ressortie en Italie grâce à Federico Dimarco, provoquant un énorme buzz médiatique. « Les Italiens… Quand ils ont une feuille de papier, ils en font une forêt. Nous, on voit juste une feuille de papier... », lance Freddy Mveng dans un nouveau fou rire. Quand Stéphane Henchoz arrive à Sion, il ne compte plus sur lui. Ironie du sort: Stéphane Henchoz, plus tard, retrouve Freddy... à Xamax. « Au moins, je jouais. Même si on a été relégués.»

Bienne et l’après-foot

Après une nouvelle saison à Neuchâtel, il se retrouve sans club. «J’avais besoin de souffler. Le foot post-Covid, c'était dur pour moi.» Il garde la forme avec les M21 de Sion jusqu’à l’appel du FC Bienne, en 2022. Aujourd’hui, en Promotion League, difficile d’en vivre. «Bienne n'a pas un énorme budget. Alors j'ai lancé ma propre entreprise en ligne.» Sur les détails, il reste discret. Il évoque des projets autour des enfants et des mères, sans en dire plus.

Vers le «plus grand coup de l'histoire du football suisse»?

Le rêve du Seeland? Réaliser le plus grand exploit de l’histoire du football suisse. Et au cœur de ce projet fou : Freddy, «notre métronome», comme l’appelle Oliver Zesiger, coordinateur sportif du club. Avec aux pieds ses chaussures customisées par sa femme Sarah – où figure Lorenor Zorro, un héros de manga –, Freddy Mveng est prêt à à l'exploit.

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