«A la mi-temps, je me dis que je ne sais pas comment on peut revenir dans ce match. Si on continuait comme ça, on était morts.» Didier Tholot offre une plongée dans ses pensées aux alentours de 20h50, alors que les onze titulaires du FC Sion étaient revenus s'asseoir dans les vestiaire de la Blancherie après une première mi-temps calamiteuse. Joël Schmied et ses coéquipiers ont la tête basse, eux qui viennent de se faire concasser dans les grandes largeurs par les SR Delémont, cette vaillante équipe de Promotion League qui ressemblait furieusement à une équipe de l'élite ce samedi en première période.
Comme un sac de linge sale dans une machine à laver
Le FC Sion, qui compte trois victoires en quatre matches de Super League, n'avait été bousculé pareillement ni par YB, ni par Lausanne, Lucerne ou Winterthour cette saison. Martin François et les Jurassiens faisaient mal aux Valaisans dans tous les compartiments de jeu et il était presque illogique qu'ils ne mènent que d'un but. Didier Tholot, comme ses joueurs, a encaissé le coup, mais s'est immédiatement ressaisi pour expliquer à ses joueurs que rien n'était fini. Encore fallait-il les convaincre, eux qui venaient de passer quarante-cinq minutes dans une machine à laver, trimballés de toute part comme un sac de linge sale.
«Le coach était furieux...», glissera l'un d'eux au sortir de la rencontre. Furieux, Didier Tholot? Après la rencontre, le calme était revenu, et il accepte volontiers de détailler ce qui s'est passé dans l'intimité du vestiaire. «Il y a eu plusieurs phases. Déjà, j'ai sorti deux joueurs, mais j'aurais pu en sortir cinq ou six. Si on ne faisait rien, on était éliminés. Donc oui, j'ai pris des décisions.» Celle de sortir Noé Sow et Liam Chipperfield, qui n'ont absolument rien montré. Mais l'entraîneur du FC Sion a refusé de les condamner par ses paroles, estimant sans doute que le fait de les avoir sortis à la pause était suffisamment explicite.
Un changement tactique à la pause
Le but de la manoeuvre était également tactique: Sion se faisant bouffer au milieu, il était indispensable de rajouter un homme dans ce secteur de jeu. Ali Kabacalman est donc entré prêter main-forte à Kevin Bua et Baltazar et la science de la passe du numéro 88 a fait beaucoup de bien au jeu valaisan. «Ils nous embêtaient beaucoup à mi-terrain, il fallait faire quelque chose», confirme Didier Tholot, qui a également joué sur le ressort psychologique.
«J'ai dit aux gars que quand on était capable de gagner à YB en étant menés très tôt dans la partie, on pouvait aussi le faire à Delémont. On a raté notre première mi-temps, on les a mis en confiance. Ils nous sont rentrés dedans, ils ont été très bons physiquement, mais ils nous ont aussi mis en difficulté techniquement. Mais on n'était pas encore éliminés», a glissé Didier Tholot, qui a autant joué sur les dimensions psychologiques que techniques et tactiques pour permettre à son équipe de renverser la situation.
Les changements de l'entraîneur du FC Sion ont été payants. Son équipe a élevé le niveau, a dominé les SR Delémont, mais n'a pas pu éviter la prolongation. Et là, elle a frôlé le pire à plusieurs reprises. «C'est vrai que c'était compliqué à la toute fin... On ne cherche aucune excuse, mais on a eu tout de même des soucis avec les sorties de Dejan Djokic, Numa Lavanchy et Kevin Bua, tous obligés de sortir. Et comme il nous manquait Dejan Sorgic, grippé, on avait peu de solutions à disposition. On a dû beaucoup essayer, changer les joueurs de position. On a même mis Ilyas Chouaref devant. On a dû s'adapter face à un très bon adversaire. On a subi, mais on n'a pas craqué.»
Encore une fois, le FC Sion a montré des valeurs de travail
La précision n'est pas inutile. Le FC Sion individualiste et au mental friable des dernières années se serait laissé éliminer sans résistance. Mais l'équipe de Didier Tholot a des valeurs de travail et s'accroche, même quand c'est compliqué. «Oui, on a montré des valeurs, je suis d'accord. En championnat, j'accorde beaucoup d'importance au contenu. Mais en Coupe, c'est différent. L'essentiel c'est d'être qualifié. On sort d'un gros piège. On savait qu'ils avaient fait tomber Lucerne et Saint-Gall et mis Servette en difficulté. On est passés. Mais c'est bien la seule satisfaction ce soir.»