Huitième Coupe de Suisse!
Servette entre dans l'histoire grâce à une séance de tirs au but irrespirable

Les Servettiens ont remporté la huitième Coupe de Suisse de leur histoire ce dimanche face à Lugano grâce à une séance de tirs au but complètement folle. Il a fallu vingt-quatre tentatives pour départager les deux équipes!
Publié: 02.06.2024 à 17:16 heures
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Dernière mise à jour: 02.06.2024 à 20:51 heures
Servette a remporté sa 8e Coupe de Suisse!
Photo: AFP
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Il était écrit, sans doute, que le Servette FC devait aller au bout de cette saison harassante, tout au bout, en prolongations de son 58e et dernier match, pour en finir, enfin, et pouvoir partir en vacances. Les Genevois avaient le choix: prendre l'avion lundi matin vers Dubaï ou Palma de Mallorca avec l'immense joie, éternelle, d'avoir remporté la 8e Coupe de Suisse de la riche histoire du club grenat, ou s'en aller avec la frustration, tout aussi marquante, d'avoir échoué dans leur quête. Ils ont choisi la première option, avec un panache exceptionnel lors d'une séance de tirs au but qui va entrer directement dans l'histoire du football suisse!

Il a en effet fallu attendre le 24e tir au but pour départager les deux équipes, avec un coup de poker immense de René Weiler, visiblement préparé en amont à voir la réaction de Jérémy Frick. Le technicien servettien a en effet fait sortir son gardien titulaire pour faire entrer Joël Mall à la 119e! Le gardien international chypriote a d'ailleurs eu à s'illustrer à la 120e en sortant une frappe vicieuse d'Ignacio Aliseda, puis a été le héros de la séance de tirs au but en repoussant le 12e essai luganais, celui de Lukas Mai.

La séance, qui a eu lieu devant les fans de Lugano, a en effet été épique, et même bien plus que ça, puisque trois fois les Tessinois ont eu la balle de match. Trois fois, ils l'ont ratée! Jonathan Sabbatini aurait pu être le héros: il a tiré au-dessus. Renato Steffen a lui vu son envoi être repoussé par Joël Mall, tout comme Albian Hajdari! Et le gardien servettien a même marqué son tir au but!

Les buteurs genevois ont été Miroslav Stevanovic, Yoan Séverin (deux fois), Takuma Nishimura (en deux temps), Steve Rouiller, David Douline, Bradley Mazikou, Gaël Ondoua et Joël Mall. Bendeguz Bolla a lui manqué son affaire, tout comme Keigo Tsunemoto (latte) et Théo Magnin. Quelle séance complètement folle!

A noter que la dernière finale à s'être terminée sur un 0-0 remonte à... 1942, entre GC et Bâle!

Revenu de l'enfer, le capitaine vient récupérer son trésor!
Photo: keystone-sda.ch

Pour cette finale, René Weiler avait opté pour son traditionnel système en 4-2-3-1, celui qui lui a apporté tant de satisfactions cette saison, avec Alexis Antunes en soutien de Jérémy Guillemenot, ainsi que Miroslav Stevanovic et Dereck Kutesa sur les flancs de l'attaque. Mattia Croci-Torti avait lui opté pour une composition relativement classique, malheureusement sans son défenseur valaisan Kreshnik Hajrizi, finalement revenu de blessure trop tard pour figurer sur la feuille de match.

Avantage Servette dans les tribunes

Les deux équipes sont entrées sur la pelouse (synthétique, quelle aberration pour une finale de la Coupe...) du Wankdorf dans une ambiance des grands jours, avec un énorme avantage sonore pour les supporters du Servette FC, bien chauffés par Fantin Moreno, le journaliste-vedette de Couleur 3 faisant office de speaker officiel en ce dimanche, avec un collègue tessinois! Grâce à la verve de celui qui ne cache pas son amour pour le SFC, l'annonce des joueurs, très dynamique et puissante vocalement, a ainsi déjà été un événement en lui-même. Le nombre des partisans des deux camps était plus ou moins le même (12'500 pour chaque camp, mais Lugano n'a pas tout vendu contrairement à Servette), mais le peuple grenat a chanté beaucoup plus fort que les tifosi bianconeri et ce bien avant le début de la partie. Au total, ce sont plus de 27'000 spectateurs, en comptant les invités et les «neutres» qui ont eu la chance d'assister à cet événement éternel qu'est la finale de la Coupe de Suisse, ce ciment du football suisse à travers les époques. En passant, on ne peut que saluer la décision de l'ASF de n'avoir pas sanctionné les ultras du SFC pour cette finale, après les débordements de la demi-finale à Winterthour, et de permettre à ce grand rendez-vous de se jouer avec toute la ferveur traditionnelle... et indispensable pour le spectacle. Tant mieux: la bonne décision a été prise. 

Jérémy Guillemenot au duel aérien face à Lukas Mai.
Photo: AFP

La première période a été dominée territorialement par Servette, maître du ballon et des intentions, mais également extrêmement discipliné défensivement. Il le fallait: les Genevois étaient largement au courant de la propension létale des Tessinois à punir la moindre erreur. Zan Celar, Mattia Bottani et Renato Steffen se délectent du moindre espace et l'idée du SFC était de n'en laisser absolument aucun. Les Genevois ont réalisé, à ce titre, une première période admirable, ne concédant qu'une seule occasion à Lugano, à la 43e, lorsque Renato Steffen a pu frapper et faire passer un frisson dans l'impressionnant mur grenat se trouvant dans le dos de Jérémy Frick. 0-0 à la pause au final, un score assez logique même si Servette, sans se procurer la grosse occasion qui aurait tout changé, était la meilleure équipe sur le terrain.

La tension monte d'un cran après la pause

Les esprits se sont échauffés dès le retour des vestiaires, à la 55e, à la suite d'une altercation entre Amir Saipi et Dereck Kutesa, et, pour tenter de faire tourner le vent et enfin entrer dans sa finale, Lugano a élevé son niveau d'intensité et de pression. Albian Hajdari a exhorté, longuement, les tifosi tessinois à faire plus de bruit, enfin, et la tension est montée d'un cran entre les deux équipes.

Amir Saipi et Dereck Kutesa avaient des choses à se dire de près.
Photo: Claudio de Capitani/freshfocus

La frappe enroulée de Dereck Kutesa

Servette, conscient que Lugano avait élevé le niveau, a immédiatement réagi et un excellent service d'Alexis Antunes a permis à Dereck Kutesa de se mettre en bonne position et de pouvoir enrouler sa frappe, comme il aime tant le faire. Malheureusement pour les Grenat, Amir Saipi avait tout anticipé et a pu dévier en corner la frappe de l'ailier. La partie s'équilibrait alors, les deux équipes ne voulant absolument pas commettre la moindre erreur potentiellement décisive et René Weiler, prudent comme très souvent, attendait au maximum pour effectuer ses premiers changements, bien conscient que l'histoire pourrait aller au-delà des 90 minutes.

René Weiler prudent dans son coaching

C'est ainsi à la 78e que sortait le premier titulaire du côté du SFC, Alexis Antunes étant prié de laisser sa place à Théo Magnin. Timothé Cognat montait alors d'un cran, en soutien de Jérémy Guillemenot, lequel venait de manquer son geste à la suite d'un centre en retrait qui aurait pu être celui d'une grande joie pour le SFC (76e). Mattia Croci-Torti a lui opté pour un coaching plus pro-actif en faisant entrer Shkelqim Vladi, Jonathan Sabbatini et Ignacio Aliseda au coeur de la deuxième période, ainsi qu'Hicham Mahou à dix minutes de la fin du temps réglementaire. Aliseda a d'ailleurs eu la balle de match à la 88e, devant les tifosi bianconeri, mais sa frappe, déviée, est passée de très peu à côté du but de Jérémy Frick. Entretemps, René Weiler avait remplacé Jérémy Guillemenot par Bendeguz Bolla, Dereck Kutesa passant en pointe, et les deux équipes n'ont pas pu se départager: 0-0 après 90 minutes.

Les deux équipes sans avant-centre pour les prolongations

La prolongation a débuté par un coup dur pour Lugano avec la sortie de Shkelqim Vladi, touché par un tacle de Gaël Ondoua, et remplacé par Yanis Cimignani. Les Tessinois ont donc dû aborder les trente dernières minutes sans avant-centre de métier, Renato Steffen occupant le poste. Du côté du SFC, c'est finalement Miroslav Stevanovic qui a pris cette position, Dereck Kutesa repassant à gauche. En résumé, et pour le dire clairement, les deux équipes ont abordé ces prolongations sans véritable attaquant de pointe!

Cela n'a pas empêché Servette de frapper en premier, par Bradley Mazikou (93e), mais Amir Saipi a pu dévier en corner. Lugano, lui, a eu une occasion, immense, à la fin de cette première prolongation, mais Ignacio Aliseda, seul à huit mètres de Jérémy Frick, n'a pas pu cadrer sa reprise, certes difficile. Le match, ultra-tendu, devenait tellement crispé que les deux équipes en oubliaient de jouer. Takuma Nishimura faisait son entrée à la 113e pour Dereck Kutesa et venait apporter sa qualité technique à l'offensive servettienne. David Douline est lui entré à la 119e... en même temps que Joël Mall en remplacement de Jérémy Frick. La suite est entrée dans l'histoire...

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