Qui a marqué tous les buts de l’Équateur en Coupe du monde depuis huit ans? Enner Valencia. L'attaquant s'est fait l'auteur d’un doublé contre le Qatar (2-0) pour gâcher le match d’ouverture du pays hôte, dimanche au stade Al-Bayt.
Un premier goal annulé par la VAR
Insaisissable pour la malheureuse défense des Al-Annabi (les Grenat), le capitaine d'«El Tri» a d’abord obtenu et transformé un penalty (16e). Il a lui-même dribblé le gardien Saad Al Sheeb qui a été poussé à la faute. Enner Valencia a ensuite repris d’une superbe tête en extension un centre d’Angelo Preciado (31e, 0-2).
L'homme de la soirée n’est pas passé loin du triplé. Il avait marqué un premier but de la tête dès la troisième minute de jeu, après une sortie ratée du malheureux Al Sheeb, a été annulé pour un hors-jeu très léger.
Buteur contre la Suisse à la Coupe du monde 2014
Le buteur de Fenerbahçe avait déjà inscrit tous les buts de sa sélection au Mondial 2014, dont une réussite contre la Suisse. Au Brésil, l'Equateur avait été éliminé au premier tour, pour sa précédente participation. Enner Valencia avait marqué pour le premier match contre la Nati, sans empêcher la défaite (2-1) des siens, puis signé un doublé contre le Honduras (2-1).
Principale arme offensive d’une équipe qui marquait peu, deux petits buts en six matches de préparation, Valencia égale le Russe Dennis Cheryshev, lui aussi auteur d’un doublé au match d’ouverture, il y a quatre ans (5-0 contre l’Arabie saoudite). Le joueur de champ le plus expérimenté de l'Equateur, 33 ans depuis le 4 novembre, a aussi conforté son statut de meilleur buteur, avec désormais 39 buts en 75 sélections.
Vétéran dans une jeune sélection
La perle polie à Emelec, un des deux grands clubs de la ville portuaire de Guayaquil, ne s’est fait qu’une frayeur, quand son genou a souffert d’une torsion un peu violente sur un contact avec Karim Boudiaf (43e), averti. La civière s’est approchée, mais le héros s’est relevé douloureusement et a poursuivi le match. Il a fini par sortir en boitant, remplacé par José Cifuentes (76e).
Seul joueur de l’effectif à avoir déjà disputé une Coupe du monde avec le gardien Alexander Domínguez et le milieu Carlos Gruezo, Enner Valencia a assumé son statut.
«Sous les yeux du monde»
«Je ne sais pas pourquoi, mais j’aime être dans l’œil du cyclone. Je ne me cache jamais», avait-il raconté sur le site de la FIFA avant le tournoi. L'Equatorien se disait impatient de jouer le match d’ouverture, «sous les yeux du monde entier». Il a assumé, lui qui «rêve de la meilleure Coupe du monde de l’histoire de l’Équateur».
Il s’est habitué à la pression au long de sa carrière, au Mexique, à Pachuca (2013-2014) et aux Tigres – l’équipe du Français André-Pierre Gignac — (2017-2020), mais aussi en Angleterre, à West Ham (2014-2017) et Everton (2017), avant de faire vibrer le bouillant public turc du «Fener».
Fort de son expérience, il peut écrire l’histoire de l’Équateur, qui n’avait jamais joué la Coupe du monde au XXe siècle. Adolescent, il a vécu intensément la découverte de la Coupe du monde pour son pays, en 2002. «Je me souviens parfaitement de m’être levé très tôt, je vibrais comme si j’allais entrer sur le terrain, raconte-t-il. C’était beau de voir ceux qui ensuite sont devenus mes coéquipiers. C’est quelque chose qui remplit tous les Équatoriens de fierté.»
Un buteur généreux
Un peu plus de 20 ans plus tard, Enner Valencia revient sur la plus grande scène, mais comme capitaine. L’objectif est de faire mieux que le meilleur résultat du «Tri», un 8e de finale, perdu contre l’Angleterre de David Beckham (1-0), en 2006, pour sa deuxième participation.
Quel que soit le résultat, Valencia a déjà promis avant même la Coupe du monde de donner tout l’argent qu’il y gagnera à son village natal, Ricaurte, une modeste localité de 20'000 habitants à quelque 500 kilomètres de Quito, la capitale. Voilà déjà la prime du double buteur.
(AFP)