Le destin est parfois cocasse. Celui des Japonais dans cette Coupe du monde n'a tenu qu'à un fil... ou quelques brins d'herbe, plutôt. Jeudi dernier, le but victorieux contre l'Espagne (2-1) a été validé par l'arbitrage vidéo. Le ballon n'était resté en jeu que d'un rien sur l'action décisive.
Ce scénario improbable en faveur des Nippons, couplé à l'élimination inattendu de l'Allemagne, a fait de cette sélection la sensation de Coupe du monde 2022.
Des Croates grands spécialistes
Le sort n'a cette fois pas souri aux Japonais, qui rêvaient d'accéder au «grand huit» pour la première fois de leur histoire. La Croatie, vice-championne du monde 2018, a arraché sa qualification les tirs au but (2-1).
Le gardien Dominik Livakovic a arrêté les deux premières tentatives adverses, signées Takumi Minamino et Kaoru Mitoma, puis celle du capitaine Maya Yoshida.
Les Croates sont devenus de grands spécialistes. La sélection au damier avait déjà fêté deux qualifications dans cet exercice au Mondial 2018. Les Danois (en huitièmes) et les Russes (en quarts) en avaient fait les frais.
Perisic, dans la même cour que Mbappé et Messi
Lundi à Doha, les joueurs d'Hajime Moriyasu ont concédé une élimination cruelle, qui leur laissera bien des regrets Car les Japonais avaient pris le jeu à leur compte dans une première mi-temps maîtrisée. Une domination récompensée juste avant la pause par le but de Daizen Maeda (1-0, 43e). Le divin chauve du Celtic Glasgow a propulsé au fond un mauvais renvoi croate sur corner.
Sans être transcendants, les Croates ont égalisé dès le retour des vestiaires. L'inévitable Ivan Perisic a placé sa tête pour égaliser (1-1, 53e). Comme le rappelle Opta, le joueur de Tottenham est d'une efficacité redoutable en Coupe du monde. Il est impliqué sur dix buts en quatorze matches avec sa sélection. Seuls Lionel Messi (12) et Kylian Mbappé (11) font mieux.
Des supporters rangés et appréciés
Le stade Al Janoub était acquis à la cause japonaise. Le chœur nippon n'a pas arrêté de chanter pendant tout le match. Si l'éventail des chants n'est pas bien large (et un brin répétitif), le rythme frappé par les tambours a fait battre le cœur de l'enceinte qatarie. Les larmes des supporters japonais après la rencontre resteront comme l'image forte de la Coupe du monde 2022.
Au Qatar, ces derniers avaient fait l'unanimité avant même la première rencontre des «Samouraïs Bleus». Des fans présents au match d'ouverture ont fait le tour des réseaux sociaux après avoir nettoyé leur tribune. Comme chaque quatre ans, la diligence nipponne impressionne le monde.
Cette fois davantage que lors des tournois précédents, la sélection japonaise, seulement 24e nation au classement de la FIFA, a aussi épaté sur le terrain. Son jeu spectaculaire et intense, fait de passes courtes, a été déroutant. Deux victoires contre l'Allemagne et l'Espagne, champions du monde 2014 et 2010, lui ont ouvert les portes des huitièmes. Avec le scénario que l'on connaît.
Inspirés par les joueuses japonaises
Au moment d'expliquer ce succès inattendu contre la Roja, le sélectionneur Hajime Moriyasu avait cité une source d'inspiration inattendue: la sélection féminine niponne. Les Japonaises ont été championnes du monde 2011, avant de perdre la finale 2015 face aux Américaines. «Leur consistance est un exemple pour nous, a expliqué l'entraîneur. Elles nous ont aussi prouvé qu'on pouvait être performants au plus haut niveau.»
Un parcours remarquable qui a donc pris fin lundi. C'est la Croatie qui s'est offert le billet pour les quarts de finale. L'équipe de Luka Modric pourrait y retrouver le Brésil, quintuple champion du monde, vendredi prochain à Doha (16h, heure suisse).
Pour cela, la Seleção doit d'abord écarter une autre équipe asiatique lundi soir en huitièmes de finale: la Corée du Sud (coup d'envoi à 20h, heure suisse).