Près de 40'000 supporters
Au cœur de la passion argentine au Qatar

Comme à chaque match de l'Albiceleste dans cette Coupe du monde, une impressionnante colonie de supporters argentins se déplacent dans les stades. Reportage au Ahmad bin Ali Stadium avant le huitième de finale contre l'Australie.
Publié: 03.12.2022 à 19:56 heures
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Dernière mise à jour: 03.12.2022 à 19:59 heures
Messi et la sélection argentine sont portés par leur bouillant public.
Photo: Getty Images
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Ugo CurtyJournaliste Blick

Fabricio est déjà attelé à sa tâche à près de trois heures du coup d'envoi du huitième de finale entre l'Argentine et l'Australie. Le trentenaire est venu tôt au stade Ahmad Bin Ali pour être certain de trouver une place pour son drapeau.

Au milieu d'une série de portraits de Messi et de Maradona, le grand dessin de chien saute aux yeux. «C'est le chien le plus connu d'Argentine, se marre-t-il avant de sortir son téléphone. J'arrête pas de recevoir des appels de journalistes.»

Un touchant buzz sur les réseaux

Fabricio s'est aussi tatouté son chien Bubba sur le bras.
Photo: UCY

Les plus grands médias du pays veulent tout savoir de cette banderole qui est passée en direct à la TV durant le match contre le Mexique. Son histoire est émouvante.

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«Bubba, c'était mon chien. Il m'a sauvé la vie. Quand j'étais adolescent, je souffrais de graves dépressions et de crises d'anxiété. Je n'arrivais pas à aller dehors, je restais bloqué chez moi. Grâce à mon chien, j'ai pu m'en sortir. En faisant le buzz au Qatar, j'ai pu raconter cette histoire et sensibiliser des milliers de gens à la santé mentale.»

Bubba est mort juste avant la Coupe du monde en Russie en 2018. Fabricio a alors décidé de se faire tatouer un portrait du «perro» sur son bras et de le faire peindre sur le drapeau qu'il avait déjà amené au précédent Mondial. «Il y a aussi la mention de Barracas, mon quartier à Buenos Aires. Tout le monde écrit d'où il vient pour représenter sa ville. C'est important.»

La fin de 36 ans d'attente?

Au fil des minutes, le stade se remplit. Les deux immenses lions dessinés par les près de 45'000 sièges disparaissent sous une marée albiceleste, blanche et bleu ciel. Entre 30'000 et 40'000 supporters ont fait le pèlerinage vers le Qatar.

Comme à chaque match de l'Argentine dans ce Mondial, les fans sud-américains vont pousser leur sélection. Parce que cette dernière de Lionel Messi à la Coupe du monde doit coïncider avec le troisième titre mondial du pays. C'est écrit.

Martina et son papa «Palito» n'ont prévu de rentrer que le lendemain de la finale.
Photo: UCY

Martina et son papa «Palito» (le maigre) sont optimistes en tout cas. «Nous avons réservé des billets d'avion pour le 20 décembre, c'est le surlendemain de la finale», explique cette comptable. Le duo est venu de Neuquen en Patagonie. En tout, ils auront passé près d'un mois au Qatar si l'Albiceleste va jusqu'en finale.

Un bruit assourdissant

«C'est mon père qui m'a transmis la passion du football et mon grand-père avant lui. Nous sommes fans du Boca Juniors. Même si on habite à 1000 kilomètres de Buenos Aires, on fait le déplacement quatre à cinq fois par saison pour aller voir les matches à la Bombonera.»

L'entrée de Lionel Messi et de l'équipe argentine sur le terrain pour l'échauffement provoque une onde de choc dans le stade. La pression monte. Le petit millier de supporters aussies présents paraissent un peu perdus derrière le but australiens.

«On respire pour le football en Argentine»

Mauro et Santiago s'échauffent aussi avant le match. Les deux copains, anciens collègues dans une entreprise qui construit des canapés, s'étaient perdu de vues depuis huit ans. «Et on s'est croisé par hasard à la Coupe du monde de Doha, explique Mauro. C'est incroyable!»

Mauro et Santiago sont venus en famille au Qatar.
Photo: UCY

Ils sont accompagnés par leur famille et d'autres amis, venus de Buenos Aires. «En Argentine, on respire pour le football. C'est compliqué à expliquer pour quelqu'un qui vient d'ailleurs. C'est la seule chose qui nous unit, qui nous permet aussi d'oublier tous nos problèmes. Parce que notre pays, c'est un peu le chaos parfois.»

A une heure du coup d'envoi, le bruit devient assourdissant. Pour une fois, la chaire de poule en tribunes n'est pas due à l'implacable climatisation. Les chants lancinants se suivent, repris en chœur par tout un peuple déjà debout. Litanie destinée aux dieux du football et à leur Messi, à la recherche de la consécration pour définitivement rejoindre Diego Maradona au Panthéon.

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