Ah, Valon Behrami... Que le Tessinois a pu faire rêver les supporters de l'équipe de Suisse lors des grands tournois! Chaque fan de la Nati a en tête deux images: d'abord en 2014, lorsque le chien fou avait bondi dans les arrêts de jeu pour éviter un camouflet contre l'Équateur. Il avait d'abord taclé dans ses seize mètres, avant de mener une fantastique chevauchée qui a abouti au but de la victoire (2-1).
Mais, il n'y a pas que les Suisses qui se souviennent du Tessinois de 37 ans aujourd'hui. Demandez à un certain Neymar. Le Brésilien, alors star du Barça, avait vu rouge contre Valon Behrami. Non seulement à cause de la couleur du maillot de la Nati, mais surtout à cause du traitement de choc que le blond platine — à l'époque — lui avait fait subir.
«L'occasion était trop belle, rigole le mari de Lara Gut-Behrami auprès de Blick. L'attention médiatique était extrême autour de ce match, je devais m'occuper de Neymar.» Si la Suisse a parfaitement lancé sa Coupe du monde avec un 1-1 face au grand Brésil, c'est en grande partie grâce au musèlement de Neymar par Behrami.
Le toucher, encore et encore
Comme l'actuel attaquant du PSG ne sera pas sur le terrain, profitons-en pour demander la recette secrète à l'ex-demi de la Nati: comment le stopper? «Il faut le toucher constamment. Il déteste ça. Il faut le toucher avec les mains, le torse, tout ce que tu peux. Ça le fait sortir de son match. Si tu te contentes des pieds, alors tu n'as aucune chance. Il aime le spectacle, il aime l'attention.»
C'est là que réside toute la différence entre Neymar et son compère du PSG, Lionel Messi. Valon Behrami avait dû affronter l'Argentin lors du huitième de finale perdu par la Nati 1-0 en prolongation, en 2014 (but de Di Maria). C'était une autre paire de manches. «Messi? C'est comme un arbre. Tu peux le tenir, lui donner des coups, tout ce que tu veux, il ne bronche pas. C'est le meilleur joueur que j'ai affronté, tu ne sais jamais ce qu'il va faire.»
«Neymar ne me connaissait pas»
Face à la «Pulga», il n'y a aucune recette qui fonctionne. Pas même la parole, explique celui qui avait évité l'expulsion de Suisse à l'âge de 10 ans grâce à une mobilisation citoyenne. «Il ne parle jamais sur le terrain. Il est toujours très concentré et ne se laisse pas déstabiliser.» Faut-il en conclure que Valon Behrami a appliqué le trash talking face à Neymar? «Non. Je crois qu'il ne me connaissait même pas avant le match», sourit le Tessinois.
Dimanche, en conférence de presse, l'entraîneur brésilien Tite a confirmé l'absence de Neymar contre la Nati. Mais qu'est-ce que cela va changer au choc prévu à 17h? Valon Behrami, retraité du foot depuis cet été, envoie un graphique à Blick via WhatsApp: c'est une analyse du match Brésil-Serbie, qui montre qu'environ 60% des attaques sud-américaines sont passées par le centre, et donc par Neymar, contre 20% de chaque côté de l'offensive brésilienne.
«Voilà ce qui va changer par rapport au match contre la Serbie: avec Neymar, ils ne font que le chercher dans toutes les positions. Sans lui, ils vont devoir trouver Vinicius et Raphinha sur les côtés. Mais avec cette profondeur d'effectif, je ne vois pas cela comme un souci.» Qui va remplacer «Ney» à la pointe de l'attaque brésilienne? Certains évoquent Antony, de Manchester United, alors que d'autres pronostiquent une titularisation de Rodrygo, du Real Madrid. Excusez du peu.
Widmer, une pièce-maîtresse
De l'autre côté du terrain, on ne change pas une équipe qui gagne, selon Valon Behrami: il faut faire confiance au même «onze» que lors du succès initial face au Cameroun. «Cette entrée en matière était correcte, sans plus, évalue l'ancien international. Ce que nous devons améliorer, c'est le repli défensif après les pertes de balles. Le Cameroun a eu des occasions évitables.»
Pour l'ancien joueur du FC Sion, Granit Xhaka et Djibril Sow se sont trop projetés vers l'avant dès que la Suisse avait le ballon. «Djibril se trouvait parfois là où Shaqiri aurait dû être. À la perte du cuir, c'est dangereux. Imaginez contre des joueurs de classe mondiale comme les Brésiliens...»
Comment éviter cela? «Nous devons beaucoup plus chercher la profondeur: Embolo, Shaqiri et même Widmer. Il est arrière droit mais il sera très important offensivement contre le Brésil, parce que Vinicius n'aime pas défendre».
«Je n'ai jamais vu quelqu'un comme Valon»
Parle-t-on avec un ancien joueur ou un entraîneur? Vincent Cavin, assistant de Murat Yakin, apprécie la compréhension du jeu de l'ex-star de la Nati. «Valon Behrami était très fort dans les phases de transition, parce qu'il anticipait toujours. Il avait identifié les espaces. Depuis que je fais ce travail, je n'ai jamais vu quelqu'un comme lui.»
Après avoir porté les maillots de grosses écuries étrangères comme la Lazio, West Ham ou Hambourg, Valon Behrami profite de sa retraite à Udine, en Italie, avec sa femme Lara Gut-Behrami. Il a encore des contacts avec ses ex-compères de la Nati, Stephan Lichtsteiner et Blerim Dzemaili. «C'est avec eux que je me suis le plus disputé, à l'époque. Visiblement, cela créé des liens», s'exclame le trentenaire.
Valon Behrami ira au Qatar à partir des huitièmes de finale. Il est consultant pour la télévision tessinoise RSI, mais doit pour l'heure se contenter du studio. «J'espère vraiment que la Suisse sera encore dans la compétition!»