Il peut gagner une troisième étoile
Après le roi Pelé, le roi Deschamps?

Didier Deschamps est en passe d'atteindre l'Olympe du football. Si la France gagne dimanche en finale de Coupe du monde contre l'Argentine, le Tricolore égalera le légendaire Pelé.
Publié: 18.12.2022 à 13:31 heures
Didier Deschamps, l'homme à qui tout réussit, peut devenir le premier coach à réussir un doublé depuis 1938.
Photo: keystone-sda.ch
Christian Finkbeiner

Paris, 12 juillet 1998. La France mène 2-0 en finale de la Coupe du monde contre le Brésil. Dans le vestiaire des Français, ce n'est pas l'entraîneur Aimé Jacquet qui fait un monologue, mais lui: Didier Deschamps, milieu de terrain défensif et surtout capitaine. Une scène devenue iconique grâce au documentaire «Les Yeux dans les Bleus».

La France de 1998, c'est Fabien Barthez, le divin chauve, la paire de défense Laurent Blanc — Marcel Desailly, Lilian Thuram, l'actuel recordman des sélections avec les Bleus. Et surtout Zinédine Zidane, le génie qui est sorti de sa boîte au bon moment avec deux coups de tête décisifs. Mais le Spiritus Rector est plus discret: c'est Didier Deschamps. Ceux qui le connaissaient bien à l'époque ne sont guère étonnés de son succès comme entraîneur.

Né au Pays basque français, terre de rugby le petit Didier ne troque le ballon ovale contre le rond que sur le tard: il a déjà 11 ans lorsqu'il débute avec le FC Nantes. Mais sa progression est fulgurante — il devient rapidement international, puis remporte la Ligue des champions avec Marseille et la Juventus, devient champion de France et d'Italie. Il couronne cette riche carrière en club avec le doublé Coupe du monde - Euro en 1998 et 2000.

Reconverti en entraîneur, Didier Deschamps rencontre un succès immédiat. Sur le banc de Monaco, il atteint la finale de la Ligue des champions, et en 2010, il remporte le titre de champion de France avec Marseille.

Le pragmatisme à l'état pur

«Je n'ai jamais joué au football pour le jeu. Toujours pour gagner», dit un jour Deschamps. Il a intériorisé cette façon de penser. Au Qatar aussi, la victoire prime sur tout. Comme en Russie en 2018, les Bleus traversent le tournoi avec pragmatisme. Pas spectaculaire? Chanceux? Peu importe. «Une équipe pratique, sobre jusqu'à l'excès, qui ne brille pas mais ne pardonne pas non plus», prévient le journal argentin «La Nacion».

Dans trois des quatre matchs à élimination directe de 2018, dont le duel face à l'Angleterre (2-1) et celui contre le Maroc (2-0), la France a eu nettement moins de possession de balle que son adversaire. «Didier a compris comment il fallait faire», a analysé l'entraîneur marocain Walid Regragui. Selon lui, la France l'a fait rêver en 2018 avec sa manière de jouer. «Deschamps a la capacité de s'adapter. C'est le meilleur entraîneur du monde.»

Encore et toujours, Deschamps doit s'adapter. Le titre de 2018 n'a pas évité les critiques avant la compétition qatarie: une mauvaise campagne en Ligue des nations a suffi pour que le nom de Zinédine Zidane soit sur toutes les lèvres comme successeur potentiel. En plus des nombreux absents pour blessure.

Une première depuis 1938?

Mais il faut bien plus que cela pour mettre Didier Deschamps à terre. Le Basque surmonte toutes les résistances, comme toujours depuis le début de son mandat en 2012.

La France a échoué en finale de son Euro en 2016? «DD» a réagi en offrant une deuxième étoile à son peuple. «Nous le respectons parce qu'il a gagné la Coupe du monde 1998, avait déclaré Antoine Griezmann en 2018. Il connaît le chemin à parcourir. On croit en lui, on lui fait confiance, on joue pour lui.»

Au Qatar aussi, Deschamps parvient à faire de ses stars et de leurs egos une unité. Dimanche, l'occasion lui est donc offerte d'accéder à l'Olympe du football. Il serait le premier entraîneur depuis 1938 à défendre son titre. Et seuls deux Brésiliens ont jusqu'à présent réussi à remporter trois titres de champion du monde en tant que joueur et/ou entraîneur: Mario Zagallo et le légendaire Pelé.

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