Il paraît que l'or ne s'oxyde pas. Pourtant, la génération dorée du football belge est apparue plus rouillée que jamais jeudi, au Stade Ahmad bin Ali de Doha. Troisième et dernier arrêt des Diables Rouges dans cette Coupe du monde 2022 qu'ils quittent bien plus tôt que prévu.
La faute à la Croatie de Luka Modric qui a forcé les Belges au match nul (0-0). Au Maroc surtout qui a validé sa qualification pour les huitièmes de finale avec une victoire sur le Canada (2-1).
Le tacle de De Bruyne
Au Qatar, la Belgique n'avait «aucune chance» d'être championne du monde. C'est Kevin De Bruyne lui-même qui l'avait affirmé dans une interview fleuve, publiée par le «Guardian» en pleine compétition.
«Nous sommes trop vieux. Nous avons laissé passer notre chance en 2018. Nous avons une bonne équipe, mais elle vieillit. Nous avons perdu des joueurs clés. De bons nouveaux joueurs arrivent, mais ils ne sont pas au niveau de leurs prédécesseurs.»
Le lointain écho de la Russie
Les propos sulfureux du maître à jouer des Belges ont crispé l'équipe. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Au coup d'envoi contre la Croatie, sept joueurs étaient déjà entrés dans la trentaine. Le plus jeune Belge? Thimothy Castagne, qui fêtera ses 27 ans lundi prochain.
A la Coupe du monde 2018, une Belgique flamboyante avait été sortie par des Français réalistes en demi-finale (1-0). Des perdants magnifiques sur le terrain, devenus mauvais perdants après le coup de sifflet final, à l'image de Thibaut Courtois.
Les larmes de Romulu Lukaku
Vendredi, Romelu Lukaku s'est procuré quatre immenses occasions. Sur la première, sa reprise est venue mourir sur le poteau (60e). Sur la dernière, l'attaquant de l'Inter Milan a raté le but vide (90e).
Tombé dans les bras de Thierry Henry, l'ancien attaquant de l'équipe de France désormais dans le staff de l'équipe de Belgique, le malheureux n'a pas pu retenir ses larmes au coup de sifflet final.
«Nous voulions aller plus loin dans cette Coupe du monde, pour nous et les Belges, a regretté Jérémy Doku à chaud, jeune remplaçant envoyé au charbon devant la presse. Nous devons tous nous regarder dans le miroir. Nous avons mal commencé dès le premier match. A titre personnel, j'aurais aimé plus jouer. Je suis déçu mais je respecte les choix de l'entraîneur.»
Martinez s'en va
Un échec qui porte aussi le nom de Roberto Martinez. Le sélectionneur espagnol n'a pas attendu pour tirer les conséquences de cette Coupe du monde ratée: il a annoncé moins d'une heure après l'élimination de la Belgique qu'il quittait ses fonctions. «C'était mon dernier match, je dis au revoir à l'équipe nationale».
Son contrat arrivait à terme et comprenait une option de prolongation d'une année supplémentaire uniquement en cas de qualification en huitièmes de finale, explique «L'Équipe». Il faut réécouter l'interview qu'il avait accordé en décembre 2021 à la radio d'un autre quotidien sportif, l'espagnol Marca. Comme une prophétie annonciatrice d'une fin de règne actée sans gloire un an plus tard au Qatar.
«Vous pouvez souligner que cette génération n'a pas gagné un grand tournoi. Mais, son héritage va bien au-delà de cela, se défendait l'entraîneur. Cette génération dorée a amené un pays de 11 millions d'habitants à la première place du classement du FIFA durant près de quatre ans (ndlr, entre septembre 2018 et mars 2022). 21 joueurs ont complété leur licence d'entraîneur A. Ces derniers vont encore influencer le football belge pendant les 20 prochaines années.»
L'espoir Doku
Et si cette élimination mortifiante des Belges - la première à ce stade d'une Coupe du monde depuis 1998 - était en fait le début d'une nouvelle ère? A Doha, le jeune Jérémy Doku (20 ans) incarne ce renouveau.
Le joueur du Stade Rennais a amené une étincelle qui a trop souvent manqué pour les Belges. Insuffisant et trop tardif néanmoins pour rallumer la flamme des Diables Rouges à Doha.