Le 18 octobre dernier, le rythme cardiaque des fans de l’équipe de Suisse s’est emballé. Yann Sommer, le héros de la Nati lors du dernier championnat d’Europe, s’est écroulé en Coupe d’Allemagne à Darmstadt. Le visage déformé par la douleur, il est resté allongé au sol, avant d’être remplacé.
Tout le monde a immédiatement compris que le portier devrait mener une course contre-la-montre pour être rétabli avant la Coupe du monde. La Suisse affronte le Cameroun le 24 novembre pour son premier amtch au Qatar.
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Pour Blick, Yann Sommer s’est exprimé sur son état de santé et donne des nouvelles rassurantes.
Les supporters sont inquiets pour le gardien de la Nati. D’où cette première question: comment va votre cheville?
Mieux, beaucoup mieux. Nous verrons au jour le jour comment elle réagit.
Vendredi, vous n’avez pas encore joué durant le match du Borussia Mönchengladbach contre Stuttgart. Quelles sont les chances que vous soyez aligné mardi à Bochum?
Je ne sais pas encore. Parfois, j’ai du liquide qui s’accumule à nouveau dans ma cheville après un effort. D’autres fois, tout va bien. Nous devons voir.
Avez-vous peur pour la Coupe du monde?
Je pense que ça se présente bien pour la Coupe du monde. Même si je suis prudent dans mes pronostics et mes déclarations.
Votre retour est une question de jours plutôt que de semaines?
Au final, on ne peut jamais dire comment les choses vont évoluer. Mais oui, je pars du principe que cela ne durera pas trop longtemps.
Qu’est-ce qui vous est passé par la tête quand vous avez senti votre cheville céder contre Darmstadt?
J’ai pensé à peu de choses, j’ai simplement ressenti la douleur. C’était une scène stupide, j’ai sous-estimé le ballon, je me suis retrouvé en position de recul et ce genre de blessures arrive relativement vite. La torsion était relativement forte, donc j’ai tout de suite remarqué que quelque chose s’était comme cassé.
Avez-vous eu peur pour votre participation à la Coupe du monde à ce moment-là?
Sur le moment, ça fait mal. On pense surtout à soigner la blessure. Les réflexions sur la Coupe du monde viennent après coup.
Est-ce que les examens qui ont suivi vous ont rassuré?
Lorsque j’attendais mon IRM, j’ai bien sûr espéré que le résultat soit le plus positif possible. Lorsque le diagnostic de déchirure des ligaments est tombé, on s’est très vite reconcentré sur l’évacuation de l’eau de l’articulation. Permettre à l’enflure de diminuer pour commencer la rééducation dès que possible.
Vous avez reçu beaucoup de messages de soutien?
Bien sûr, plus que d’habitude. Avec la Coupe du monde qui approche, j’ai reçu beaucoup de messages de Suisse et des vœux de bon rétablissement. Les gens espéraient que ce ne soit pas grave. Cette énergie positive m’a motivé et m’a fait chaud au cœur.
Comment est-ce que vous vivez avec votre entourage le fait de ne pas pouvoir jouer?
Je ne suis pas du genre irritable. J’essaie de relativiser et de tout faire pour être de retour sur le terrain le plus rapidement possible. J’investis beaucoup de temps dans la thérapie et l’entraînement de rééducation. L’avantage avec une telle blessure, c’est que tu peux faire beaucoup de choses pour te maintenir en forme.
Vous pouvez déjà marcher normalement?
Tout à fait.
Comment soignez-vous votre cheville en ce moment?
Beaucoup de soins tout en essayant en même temps d’augmenter l’intensité de mon entraînement.
Vous avez axé beaucoup de choses sur cette Coupe du monde. C’est aussi pour cela que vous avez renoncé à un transfert à Manchester United cet été?
Tout d’abord, je tiens à préciser que je suis dans un excellent club. Ma situation est très bonne à Mönchengladbach. Mais bien sûr, cet été, on a beaucoup spéculé et je me suis moi-même beaucoup interrogé sur mon avenir. Mais je suis finalement arrivé à la conclusion que j’étais bien ainsi.
Mais vous avez parlé avec l’entraîneur de Manchester United, Erik ten Hag.
Je ne veux pas trop parler de l’été dernier.
A Manchester, vous auriez risqué de ne pas avoir suffisamment de temps de jeu en tant que numéro 2 potentiel.
Ce n’est vraiment plus un sujet pour moi. Je suis ici et je ne veux pas gaspiller mon énergie sur ce genre de sujet.
Vous donnerez la même réponse si je vous parle de Lucien Favre qui voulait vous faire venir à Nice.
Oui. Ce qui est clair, c’est que c’est super positif en tant que sportif de haut niveau, que d’autres clubs s’intéressent à toi et respectent tes performances.
Vous n’avez toujours pas prolongé votre contrat à Gladbach. Est-ce que vous voulez boucler ce dossier avant la Coupe du monde?
Nous sommes toujours en pourparlers. Nous verrons comment cela évolue.
Est-ce que vous envisagez de poursuivre votre carrière ailleurs qu’en Europe, par exemple aux États-Unis?
Je ne veux jamais exclure quoi que ce soit. Mais ma famille a aussi son mot à dire et je ne veux pas trop me projeter pour l’instant. Je dois d’abord me remettre complètement de ma blessure. J’espère que je pourrai encore rejouer en Bundesliga avant la Coupe du monde.
Est-ce que cette Coupe du monde pourrait être votre dernier grand tournoi avec l’équipe de Suisse?
Une Coupe du monde, c’est toujours un grand moment. Nous verrons bien pour la suite. Honnêtement, je n’y ai pas encore vraiment réfléchi. La seule chose que je peux dire, c’est que je suis extrêmement fier de jouer pour l’équipe nationale suisse. Et de rendre le pays heureux. C’est un grand honneur.
Ces derniers temps, Gregor Kobel joue souvent très bien avec Dortmund. Il met beaucoup de pression.
Gregor fait un parcours formidable. Nous avons une chance incroyable en Suisse en ayant encore d’autres gardiens comme Jonas Omlin, Yvon Mvogo et Philipp Köhn qui font aussi un super travail. Nous sommes extrêmement bien fournis. Je regarde régulièrement leurs matches, car cela m’intéresse de voir comment ils évoluent.
Le capitaine Granit Xhaka affirme que la Suisse peut devenir championne du monde. C’est aussi votre avis?
L’équipe a en tout cas beaucoup de qualité. Mais nous devrons aborder le tournoi avec beaucoup de concentration, surtout lors des premiers matches. Notre groupe est aussi dur qu’intéressant. Cela peut aller dans toutes les directions pour les trois équipes. Mais clairement, j’ai confiance en nous.
Le match d’ouverture contre le Cameroun reste une grande inconnue.
Mon coéquipier au Borussia Mönchengladbach, Ramy Bensebaini, a perdu avec l’Algérie contre le Cameroun lors des barrages. Il est assis à côté de moi dans le vestiaire et s’en veut encore aujourd’hui de ne pas avoir battu les Camerounais.
Breel Embolo, qui est né au Cameroun, a-t-il briefé l’équipe?
Non, pas encore, mais il le fera certainement. De manière générale, nous avons encore peu d’expérience contre les équipes africaines. C’est aussi pour cela que le match amical contre le Ghana avant la Coupe du monde sera encore très important.
Le Brésil, quintuple champion du monde, vous attend pour le deuxième match. Auriez-vous préféré jouer contre eux au début?
Non, cela n’a pas d’importance. De toute façon, nous devons être à fond contre les Brésiliens, comme lors du match nul 1-1 à la Coupe du monde 2018 en Russie. Là, nous avons été bons.
Lors du troisième match, qui pourrait être décisif, la Suisse retrouvera la Serbie. Ce sera un match chaud après l’affaire de l’aigle bicéphale de 2018.
Tout d’abord, c’est une très bonne équipe. Mais bien sûr, notre histoire commune est particulière. J’espère que nous vivrons des émotions footballistiques positives.
Quelles sont les leçons à tirer de la Coupe du monde 2018?
Les discussions ont été intenses après coup. Nous devons être conscients que beaucoup de choses seront amplifiées autour de nous, nous devons simplement rester calmes.
Dans un récent documentaire de la chaîne Sky qui vous est dédié, votre coéquipier en club Christoph Kramer raconte que vous utilisez un sérum pour le visage. On vous a chambré à ce sujet?
(Rires.) Bien sûr, il y a eu quelques remarques. Il m’a simplement vu en mettre une fois sur le visage avec une pipette. Il faut quand même prendre soin de soi, nous sommes très souvent au soleil. Il est donc important de protéger sa peau. Je m’enduis aussi de crème solaire avant les entraînements. Mais je ne suis vraiment pas extrême.
Le 20 novembre, un autre documentaire sera diffusé à la télévision suisse. De quoi les fans de la Nati peuvent-ils se réjouir?
Le journaliste de la SRF Jeff Baltermia m’a suivi pendant des mois. On y découvre ma vie en profondeur.