Avec Amina Seferovic à Doha
«Le Portugal sous-estime la Suisse»

Amina Seferovic a vécu cinq ans au Portugal avec son mari Haris, qui jouait à Benfica jusqu'à l'été dernier. Avant le choc des huitièmes de finale, elle raconte la mentalité des Lusitaniens... et complimente le Qatar pour son tournoi.
Publié: 06.12.2022 à 06:13 heures
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Dernière mise à jour: 06.12.2022 à 17:00 heures
Amina Seferovic profite un maximum de son expérience au Moyen-Orient.
Photo: TOTO MARTI
Andreas Böni

Il fait une chaleur étouffante à Doha ce dimanche matin. Près de 30 degrés, pas de vent. Blick rencontre Amina Seferovic (30 ans) devant l'hôtel Hilton, où sont logés les proches des stars de la Nati. Sa fille Inaya (3 ans) et son fils Zayn (1 an) restent à l'hôtel avec la baby-sitter qui les a accompagnés depuis Istanbul.

Amina Seferovic, titulaire d'un Bachelor en gestion d'entreprise, a rencontré Haris à Francfort, lorsqu'il jouait à l'Eintracht et que l'Allemande travaillait pour Nike. Leurs familles, elles, se connaissaient déjà: leurs racines se trouvent dans le même village bosnien! Jusqu'à l'été 2022, Amina a vécu avec son mari Haris pendant cinq ans à Lisbonne, où l'attaquant de la Nati jouait au Benfica.

L'interlocutrice parfaite pour Blick avant le match contre le Portugal, ce mardi soir.

Amina Seferovic s'épanouit au Qatar.
Photo: Toto Marti

Amina Seferovic, la Nati affronte le Portugal mardi. Ce duel a forcément beaucoup de résonance...
Oui, nous avons reçu beaucoup de félicitations, y compris de la part de nos connaissances et amis du Portugal. Tout le monde se réjouit de cette rencontre. Bien sûr, beaucoup pensent que la Nati est l'outsider de ce match. Ils sous-estiment la Suisse, c'est une évidence.

Comment les Portugais vivent-ils le football?
Ils l'adorent! Ils sont très fanatiques et euphoriques dès qu'il s'agit de football.

Comment percevez-vous les Portugais en tant que personnes, du point de vue du style de vie?
Ils mènent une vie très décontractée. Ils sont toujours de bonne humeur, ne prennent pas tout trop au sérieux, sont donc généralement moins stressés et ont davantage de plaisir à vivre que nous.

C'est-à-dire? En quoi la culture diffère-t-elle de celle de la Suisse ou de l'Allemagne?
Les Portugais sont beaucoup plus ouverts. Pour se saluer, ils ne se contentent généralement pas de se serrer la main, mais s'embrassent sur la joue et se serrent dans les bras. Ils sont moins distants dans leurs relations avec les gens, qu'ils les connaissent personnellement ou qu'ils les rencontrent pour la première fois. Le Suisse typique, comme l'Allemand, est plus ponctuel. Les Portugais ne prennent pas vraiment la notion de temps au sérieux. Il peut arriver qu'un rendez-vous commence avec une ou deux heures de retard, voire qu'il n'ait pas lieu du tout! Et, comme en Espagne, on soupe très tard au Portugal, vers 21 heures.

La famille Seferovic au complet: Haris, Amina, Inaya et Zayn, à l'arrivée du joueur à Istanbul. Après cinq ans au Benfica de Lisbonne, il porte désormais les couleurs de Galatasaray.
Photo: DR

Que représente Cristiano Ronaldo pour les Portugais?
C'est l'un des footballeurs les plus célèbres de tous les temps à l'échelle mondiale, donc imaginez pour les Portugais! Le fait qu'il soit un des leurs rend les Portugais très fiers. Je dirais qu'il est l'image même, le cœur du pays, en matière de succès sportif. Il est le héros national et tout le monde le vénère. Quand un Portugais vous parle de football, vous pouvez presque être sûr que le nom de Ronaldo sera prononcé.

Vous avez dit un jour que vous retournerez vivre au Portugal...
Ce n'est pas encore tout à fait sûr. Mais nous allons certainement envisager le Portugal. Nous y avons passé beaucoup de temps, nous avons un lien particulier avec le pays. Le climat est optimal, avec l'Atlantique, le pays se trouve directement au bord de l'eau, les gens sont détendus. Dans l'ensemble, la qualité de vie y est très élevée.

Avez-vous un lien avec des joueurs de la sélection portugaise au Qatar?
Haris a longtemps joué avec plusieurs d'entre eux. Notamment Ruben Dias, João Felix, Ramos, João Mario... Et il en a évidemment affronté bien d'autres dans le championnat portugais. Le style de jeu portugais n'a aucun secret pour Haris, qui a d'ailleurs marqué lors du dernier match entre les deux pays, en Ligue des nations à Genève (ndlr: victoire suisse 1-0). Espérons que ce soit un bon présage!

La famille Seferovic se voit bien retourner au Portugal après la carrière d'Haris.
Photo: Toto Marti

Le Qatar a fait beaucoup parler de lui, notamment en matière de droits humains. Vous qui êtes à Doha en tant que spectatrice, quelle impression cela vous donne?
Je suis très enthousiaste et surprise en bien, je dois dire.

C'est presque tabou de le dire, avec les résistances occidentales...
Je parle simplement en tant que «consommatrice». J'aime beaucoup le fait que ces championnats du monde se déroulent en un seul lieu. Les années précédentes, les distances pour se rendre aux matches étaient toujours longues, il fallait parfois prendre l'avion, l'ambiance n'était jamais vraiment au rendez-vous. Ici, c'est différent. On peut assister quasiment chaque jour à un match. Toutes les nations sont réunies au même endroit. L'ambiance est super, tout le monde s'entend bien.

Et l'organisation est au rendez-vous.
Tout à fait, tout est très bien conçu, surtout pour un pays qui n'a pratiquement aucune expérience des grands événements sportifs. Et les gens sont très amicaux. Il y a aussi beaucoup de gens des pays musulmans voisins sur place, beaucoup d'Arabie saoudite, eux aussi sont tous très aimables et serviables. Tout le monde est très euphorique et de bonne humeur.

«Le Qatar est le meilleur tournoi auquel j'ai pu assister.»
Photo: Toto Marti

Vous étiez déjà sur place lors de la Coupe du monde en Russie, en 2018.
Si je devais comparer ces deux tournois, je dirais que cette édition de la Coupe du monde est beaucoup plus chaleureuse, courtoise, serviable et amicale. Par rapport à tous les événements auxquels j'ai pu assister jusqu'à présent, celui-ci est mon préféré.

Comment Haris gère-t-il le fait de n'être que remplaçant?
Pour lui, l'équipe passe avant tout. C'est déjà sa troisième Coupe du monde. Ce n'est pas évident de pouvoir participer à une Coupe du monde. Il peut en être fier. Il sait aussi combien il a été important pour l'équipe nationale par le passé et combien il continue à l'être. Je le soutiens sur place, je suis ici avec les enfants. Cela lui donne certainement de la force.

«Même si Haris n'est que remplaçant, nous sommes en famille pour le soutenir.» Ici lors du fameux match contre la France, où l'attaquant a marqué.
Photo: Toto Marti


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