Sans Giorgio Contini, Murat Yakin ne serait rien. Le succès de la Nati à l’Euro n’a été rendu possible que par la présence de Giorgio Contini dans le staff.
Ces deux phrases sont fausses, réductrices, insultantes, ignorantes.
Le football est un jeu simple, mais les clés de la réussite sont complexes, toujours multiples et une victoire ou un échec tient aussi au hasard, lequel joue un grand rôle dans ce sport imprévisible, où chaque détail compte mais où l’irrationnel s’invite parfois. Alors oui, une part du mérite de cet Euro réussi revient à Giorgio Contini, dont l’arrivée au sein du staff a fait beaucoup de bien à la Nati et ce dès la première seconde du premier jour, à La Manga, lors du stage de mars. Mais ce n’est pas la seule explication.
Murat Yakin a élevé son niveau d'exigence personnel
Après les qualifications décevantes pour l’Euro, la Nati avait besoin d’un souffle nouveau et de retrouver un staff uni, ce qui n’était plus le cas. Vincent Cavin, qui mérite à mon avis plus de respect que ce que l’on entend et qu’on lit parfois, n’arrivait plus à travailler en osmose avec Murat Yakin, mais il serait faux de croire que son seul départ a réglé tous les problèmes. L’une des réalités est que Murat Yakin a pris conscience de ses errances de l’automne et qu’il a eu l’intelligence de se remettre en question, en renouant le contact avec les joueurs, du plus important, Granit Xhaka, à tous les autres. Il est allé les visiter dans leur club, il est venu en Suisse romande, il est allé en France. Il a réfléchi tactiquement. Il a repensé sa gestion de groupe. En une phrase, il a élevé son niveau d’exigence personnel et cela s’est vu, déjà bien avant l’Euro.
L’arrivée de Giorgio Contini a été un plus, tant celui-ci s’est révélé complémentaire de Murat Yakin et a amené une énergie positive et de la compétence au staff. Il s’agissait exactement de ce dont la Nati avait besoin. Et de ce dont Murat Yakin avait besoin. Cette alliance a été une réussite totale et oui, Giorgio Contini a joué un rôle essentiel dans la réussite de la Suisse à l’Euro.
Deux conditions étieent requises
Pour que cette union pleine de bienfaits continue, il fallait que deux paramètres soient réunis, du moment que l’Euro avait été réussi et que l’ASF propose, très logiquement, aux deux hommes de continuer.
La première condition: que Murat Yakin ait envie de signer ce nouveau contrat, que les chiffres écrits dessus lui conviennent, qu’il résiste à l’envie de dire au revoir à tout le monde sur cet Euro réussi et qu’il ne soit pas aveuglé par les dollars saoudiens. Il faut ici relever un point important: Murat Yakin n’est pas un revanchard. A sa place, d’autres seraient partis dans un sourire en pointant les critiques du doigt et en disant qu’il les avait fait taire. En acceptant de continuer, alors qu’il avait largement la possibilité de partir par la grande porte, il prouve aujourd’hui que son ego est plus petit que son envie de faire grandir cette génération et d’essayer de faire encore mieux en 2026. Il avait d’ailleurs semé un indice important avant l’Euro en convoquant 38 joueurs dans sa pré-liste, dont une bonne moitié de jeunes. Il s’agissait d’une promesse de se revoir et que Bryan Okoh et tous les autres joueraient un rôle important en vue de 2026, 2028 ou 2030. Le fait d’agir ainsi était déjà une manière de planter les graines des succès futurs, pour son successeur ou pour lui.
La deuxième condition: que Giorgio Contini mette lui aussi son ego de côté, lui qui a été l’un des meilleurs entraîneurs de Super League ces dernières années. Avec son expérience et ses quatre derniers mois avec la Nati, il aurait pu signer n’importe où, dès qu’un poste se serait libéré cet automne. Sa cote a encore grimpé depuis mars et même les top clubs en Suisse auraient pensé à lui pour leur prochain job disponible. Mais Giorgio Contini, en s’engageant jusqu’en 2026 au moins (les détails seront donnés lundi, mais il paraît inconcevable que le contrat n’aille pas jusque-là) dans un rôle d’assistant, envoie un message clair à tout le monde: à court terme, il n’est plus sur le marché, il est au service de la patrie. Si la Suisse se qualifie pour 2026, il en sortira renforcé sur le plan personnel, c’est vrai, mais il a tout de même effectué un choix pas forcément évident, celui de rester dans l’ombre du numéro 1, ce qui est à saluer. Pour Michel Pont et Vincent Cavin, être adjoint du sélectionneur était une promotion et l’accepter était une évidence. Pas forcément pour Giorgio Contini et il faut lui adresser ici un compliment sincère.
Reste une question, dont personne n’a la réponse: jusqu’à quand courent les contrats que Murat Yakin et Giorgio Contini ont signés? Je n’ai pas la réponse, mais je tente un pronostic. A mon avis, l’ASF nous dira lundi que le duo sera en place jusqu’à la fin des qualifications pour la Coupe du monde et sera prolongé automatiquement en cas de réussite. Mais ce n’est qu’une supposition personnelle.