Trop souvent, après une contre-performance, les joueurs et les entraîneurs ont tendance à en minimiser la portée et à en diluer les responsabilités. C’est exactement la posture qu’a choisi d’adopter Murat Yakin après le match raté de Pristina samedi soir. Comme souvent, le sélectionneur national s’est montré évasif sur sa propre responsabilité, pointant du doigt cette fois la qualité du terrain, soulignant la bravoure de l’adversaire et mettant la faute sur la prestation défensive de son équipe. Une autocritique concernant ses choix ou la préparation du match? Rien. Comme après le 6-1 face au Portugal au Qatar.
Granit Xhaka et Remo Freuler, eux, se sont montrés ulcérés par ce match nul qui ressemble à une défaite et ils ont eu raison de le faire. En parlant comme ils l’ont fait, en fustigeant dans le cas du capitaine le manque d’intensité et de qualité des entraînements lors du stage valaisan censé préparer cette rencontre, les deux hommes ont agi pour le bien du collectif. Et c’est ici Granit Xhaka que l’on tient à féliciter.
Le milieu de terrain aurait très bien pu ne rien dire et se contenter de ce nul au Kosovo, la terre de sa famille, un résultat qui ne compromet en rien la qualification de l’équipe de Suisse pour l’Euro 2024 et a assuré une belle soirée au public local, heureux du dénouement et de l’égalisation tardive de Vedat Muriqi. Granit Xhaka, cela aurait été la solution de facilité, aurait pu venir devant les médias et déclarer que la Suisse avait tout donné, n’avait pas eu de chance et devait faire mieux au prochain match. Personne ne lui en aurait voulu.
Mais le capitaine a assumé. Il a montré sa colère. Il ne s’est pas contenté de ce point et de cette prestation insuffisante et il a dit sa vérité: ses coéquipiers et le staff de l’équipe de Suisse n’ont pas assez bien préparé cette rencontre. En tant que capitaine, il s’inclut dedans, évidemment. Il est de sa responsabilité de cadre de donner une impulsion, de dire que quelque chose ne va pas. Il l’a fait, à chaud, et c’est ce que lui a reproché Pierluigi Tami dimanche matin, mais, à notre sens, il a eu raison de le faire. Son discours prouve que l’équipe de Suisse lui tient à coeur et qu’il n’est de loin pas indifférent à ses performances et à ses résultats, même un soir d’émotions fortes à Pristina. C'est vrai, les entraînements en équipe nationale ne sont pas les mêmes qu'en club, et l'intensité est différente, mais il n'empêche: avoir exprimé sa colère permettra à l'équipe de Suisse d'avancer et de hausser le niveau.
Ses coéquipiers et le staff savent en effet désormais à quoi s’en tenir lors des prochains entraînements et ce n’est pas tant celui de ce lundi, veille de réception d’Andorre à Tourbillon, qui importe, que ceux d’octobre avant de se rendre à Tel-Aviv. Si la préparation n’est pas bonne, si l’intensité n’est pas là, alors une nouvelle contre-performance se profilera en Israël et la situation commencera à devenir compliquée. Personne ne l’envisage, mais Granit Xhaka est le seul à le dire publiquement pour l’instant.