Dès la première seconde de jeu, la donne a été claire vendredi à la Maladière: Bellinzone n'allait rien lâcher, rien offrir, rien donner. Pas un espace, pas une faille, pas même un vague allant offensif qui allait pouvoir fournir à Xamax la possibilité de développer une contre-attaque.
Les Tessinois, comme souvent (osons même dire toujours) lorsqu'ils sont en difficulté au classement, sont revenus aux bases; une défense acharnée et une solidarité exemplaire dans tout le processus, le but étant de défendre du mieux possible et d'attaquer le moins possible, deux options appliquées à la perfection.
Reconnaissons au moins à Bellinzone de ne pas avoir fait preuve d'hypocrisie ou d'avoir cherché à faire semblant de vouloir gagner ce match, ne serait-ce que cinq minutes. La réalité des faits est que Bellinzone n'a pas montré grand-chose, mais que Xamax n'a pas réussi à tuer le match et que les Tessinois, en égalisant à la dernière minute des arrêts de jeu, quelques instants après avoir déjà vu un but de Rodrigo Pollero être annulé pour hors-jeu à la 90e, ont gagné un point en étant minimalistes et que Xamax en a perdu deux en essayant de jouer.
Des latéraux qui cherchent la profondeur
Pour espérer marquer, Xamax a donc dû inventer quelque chose, trouver par lui-même les solutions, et il est juste de dire que les Neuchâtelois n'ont pas refusé cet honneur, bien au contraire, mais n'ont pas toujours fait preuve de la justesse nécessaire au moment de réussir les enchaînements indispensables pour faire craquer la muraille.
Fabrice Nsakala, surtout, et Zachary Athekame, un peu, ont tenté de surprendre l'arrière-garde tessinoise en cherchant à dédoubler avec leur ailier et d'apporter un peu de profondeur en venant de l'arrière, mais Bellinzone, avec son expérience et son art de la défense, avait besoin d'un peu plus de percussion pour être déstabilisé.
Xamax, stérile? Un peu, oui, voire même beaucoup, jusqu'à la 42e et ce joli petit lob de Danilo del Toro sur le haut de la barre transversale. Avant cela, une longue, très longue domination, mais sans réelle occasion de but malgré les efforts louables de Soumaila Bakayoko, un joueur qui donne envie d'être aimé malgré ses évidentes lacunes techniques dans les petits espaces, une donnée embêtante sachant que Bellinzone n'en a pas laissé beaucoup de grands.
L'attaquant ivoirien de 21 ans manque un peu de finesse, pour l'instant, mais on comprend pourquoi Uli Forte lui accorde sa confiance en pointe, tant l'Elephant se montre généreux dans l'effort, prêt au sacrifice, et ne se cache pas quand il faut aller au combat. La question est toujours la même, à travers les âges, les continents et les ligues: vaut-il mieux disposer d'un attaquant travailleur ou d'un attaquant efficace, sachant que si un avant-centre est performant dans ces deux domaines, il ne joue pas en Challenge League?
Franck Surdez, le geste de génie
La lumière n'est donc pas venue de Soumaila Bakayoko, mais des pieds du grand talent local, ce Franck Surdez qui est en train de rattraper le temps perdu la saison dernière lorsque des désaccords contractuels l'avaient envoyé avec la réserve, une situation qui avait fait deux perdants: son employeur et lui. Vendredi, c'est lui qui s'est inventé un peu d'espace, après avoir été joliment décalé par Izer Aliu, lui aussi un jeune joueur à surveiller de près cette saison.
L'ailier gauche a réussi sa première touche, sa deuxième aussi, et sa merveille de frappe enroulée est venue se nicher au bon endroit, faisant exploser la Maladière et le verrou tessinois dans la même seconde. Avec quatre buts, désormais, ainsi que deux passes décisives, le tout en six matches, le bilan provisoire du jeune talent neuchâtelois peut être qualifié d'excellent sans trembler.
Le début de saison neuchâtelois a de l'allure aussi, malgré ce but égalisateur très frustrant, et très immérité, de Bellinzone en toute fin de match. Xamax a perdu deux points, mais conserve ce statut d'équipe invaincue alors que se profile la pause des équipes nationales, puis une reprise tout sauf en douceur, mais follement excitante, avec la réception du BSC Young Boys en Coupe de Suisse.
La Maladière, cet écrin mythique
Quel plaisir, au passage, de vivre un match de football dans ce magnifique écrin qu'est la Maladière, ou le rouge et le noir des rayures xamaxiennes vient rappeler que ce club a une histoire riche et une identité propre, qui ne demandent toutes deux qu'à conserver un souffle de vie.
Avec 3879 spectateurs en Challenge League, des tribunes qui se répondent pour encourager leur équipe et un début de saison réussi, Xamax a posé les bases d'une saison potentiellement satisfaisante, même s'il est encore tôt pour s'enflammer, mais qui sera de toute façon moins horrible que la saison précédente, ce qui n'est pas un exploit, mais est au moins une vérité.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
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1 | FC Thoune | 14 | 14 | 28 | |
2 | Etoile Carouge FC | 14 | 6 | 26 | |
3 | Neuchatel Xamax FCS | 14 | -3 | 22 | |
4 | FC Aarau | 14 | 5 | 21 | |
5 | FC Vaduz | 14 | -2 | 20 | |
6 | FC Wil | 14 | 4 | 18 | |
7 | FC Stade-Lausanne-Ouchy | 14 | 6 | 16 | |
8 | AC Bellinzone | 14 | -7 | 16 | |
9 | FC Schaffhouse | 14 | -5 | 15 | |
10 | FC Stade Nyonnais | 14 | -18 | 10 |