Joueurs poussés à la réflexion
L'anti-dictateur Magnin donne des migraines à ses joueurs

Ludovic Magnin inclut l'avis de son équipe dans sa réflexion et ses constructions tactiques. Un échange indispensable aux yeux du coach vaudois, même si c'est toujours lui qui tranche. Son LS, 3e de la Challenge League, se déplace vendredi chez la lanterne rouge, Xamax.
Publié: 11.08.2022 à 16:46 heures
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Dernière mise à jour: 11.08.2022 à 17:26 heures
Ludovic Magnin (43 ans) a pour mission de faire remonter le Lausanne-Sport en Super League.
Photo: Keystone
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Ugo CurtyJournaliste Blick

Un vestiaire de football est une dictature qui ne dit pas son nom. L’entraîneur y dicte les règles du groupe de manière arbitraire, des horaires de l’entraînement à la composition de l’équipe durant les matches. Les joueurs n’ont que rarement voix au chapitre dans ce régime contraire à la démocratie. Mais les mentalités sont en train d’évoluer, notamment du côté du Lausanne-Sport.

Thomas Castella n’a que 29 ans, mais le gardien a presque tout vécu au LS. Celui qui vient de disputer son 200e match pour le club vaudois a connu deux relégations (et autant de promotions), le rachat du club par Ineos et le déménagement dans un nouveau stade. Il a surtout travaillé pour douze entraîneurs différents. Le dernier en date? Ludovic Magnin, qui a commencé son mandat cet été.

«Je refuse d’être un dictateur»

Certaines méthodes de travail de «Ludo» ont chamboulé les habitudes du portier, jusqu’à perturber son rythme de sommeil. «Thomas n’a pas dû en dormir de la nuit!», s’en amuse le technicien. «C’est vrai que mes neurones travaillent», reconnaît dans un sourire le principal intéressé.

Le coach du Lausanne-Sport exige de ses joueurs qu’ils participent activement à la réflexion et à la construction du jeu lausannois. «J’ai demandé à Thomas Castella de choisir comment on allait défendre sur les coups de pied arrêtés, explique l’entraîneur. On ne lui avait jamais demandé son avis avant.»

L’approche participative de Ludovic Magnin se nourrit du vécu du latéral en Bundesliga. «À Brême, c’était Johan Micoud (ndlr: l'élégant milieu de terrain français) qui gérait les choses dans le vestiaire, se souvient le Vaudois. Je n’ai jamais aimé qu’un entraîneur me dicte ce que je devais faire dans ma vie. Si tu incarnes une décision, si tu la comprends, tu seras prêt à la défendre sans problème, même quand ça ne fonctionne pas. En étant père de famille, tu as déjà des responsabilités en dehors du foot. Je n’avais pas besoin qu’on me dise à quelle heure je dois manger ou aller me coucher. Je refuse d’être un dictateur. À Lausanne, j’ai par exemple laissé l’heure du petit-déjeuner libre durant la préparation.»

Des discussions animées à l’entraînement

Des méthodes qui plaisent à Thomas Castella. «Nous sommes responsabilisés et n’appliquons pas bêtement des consignes. Cela ouvre à la discussion et à la réflexion. C’est intéressant d’échanger avec les autres joueurs. Ceux qui ont travaillé dans d’autres championnats peuvent aussi apporter leur vécu.»

Un ressenti également partagé par l’attaque lausannoise. Très en vue cet été, Brighton Labeau a rejoint le LS juste avant le début de la saison. Il s’épanouit déjà à la Tuilière (trois buts en quatre rencontres). «Chacun peut vraiment amener sa pierre à l’édifice, et pas seulement durant les matches, explique l’avant-centre de 26 ans. C’est comme ça qu’on peut bâtir quelque chose de solide. On travaille notamment les corners ensemble. Si tu as vu une combinaison intéressante à la TV ou dans un ancien club, tu peux la proposer à l'entraînement. Ensuite, on essaie tous ensemble.»

Face à Xamax vendredi

Une joyeuse construction collective et inclusive qui a aussi ses limites. «Au final, c’est moi qui tranche, précise Ludovic Magnin. Les joueurs ne peuvent pas non plus décider de la longueur des entraînements. Les barrières sont aussi claires sur un plan plus personnel et hiérarchique.»

Son Lausanne-Sport se déplace à Neuchâtel ce vendredi (19h30). L’ambitieux club vaudois sera attendu de pied ferme par les Xamaxiens. Avec zéro point en quatre rencontres, la lanterne rouge (et noir) vit un début de saison catastrophique. Son entraîneur, Andrea Binotto, joue déjà une grande partie de son avenir à la Maladière.

Challenge League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Thoune
FC Thoune
20
16
39
2
FC Aarau
FC Aarau
20
10
35
3
Etoile Carouge FC
Etoile Carouge FC
20
4
31
4
FC Wil
FC Wil
20
7
29
5
FC Vaduz
FC Vaduz
20
-2
29
6
FC Stade-Lausanne-Ouchy
FC Stade-Lausanne-Ouchy
20
7
26
7
Neuchatel Xamax FCS
Neuchatel Xamax FCS
20
-9
25
8
AC Bellinzone
AC Bellinzone
20
-4
21
9
FC Stade Nyonnais
FC Stade Nyonnais
20
-17
19
10
FC Schaffhouse
FC Schaffhouse
20
-12
16
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