Dans le chaos et les dettes
Hakan Yakin et Bernt Haas ont une mission: sauver le FC Schaffhouse

À Schaffhouse, tout va mal en ce moment. C'est dans cette constellation que deux grands noms du football suisse ont commencé à travailler: Hakan Yakin et Bernt Haas. Un reportage sur une mission impossible.
Publié: 09.03.2025 à 13:37 heures
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Dernière mise à jour: 09.03.2025 à 13:38 heures
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Hakan Yakin est convaincu que le FC Schaffhouse ne devra pas aller en Promotion League.
Photo: Pius Koller
Alain Kunz

Le printemps s’installe timidement à Schaffhouse. Sous un soleil éclatant, le premier entraînement du nouveau coach touche à sa fin sur le gazon synthétique fatigué du stade. Ce matin encore, le thermomètre flirtait avec le zéro, mais il affiche désormais des températures à deux chiffres, idéales pour la vigne locale et son fameux Blauburgunder. Une fierté régionale, tout comme les chutes du Rhin et le Munot.

Le FC Schaffhouse, lui, n’a plus grand-chose d’une fierté locale. Le club est lanterne rouge de Challenge League, plombé par un retrait de trois points pour des erreurs administratives qui ne sont même pas de son fait. Comme si cela ne suffisait pas, les salaires sont versés en retard. À Schaffhouse, on manque de points et d’argent, et pas qu’un peu.

Hakan Yakin débarque dans la tempête

Malgré le marasme ambiant, les joueurs affichent de l’enthousiasme. L’entraînement du jour a démarré à huis clos, une décision assumée par Hakan Yakin: «J’ai très peu de temps avant le match contre Vaduz, alors j’ai directement attaqué avec du travail tactique. Désolé, mais je ne voulais personne autour.»

Pas de problème, les vrais soucis sont ailleurs. Sportivement, l’espoir reste permis: Schaffhouse n’est qu’à trois points de la place de barragiste. Rien d’insurmontable, et Yakin veut y croire. «Sinon, je ne serais pas venu. Je suis un gagneur. Chaque match sera une finale. On ne restera pas derniers.»

Le clash avec la bière locale

Mais c’est en coulisses que la situation est la plus inquiétante. Le club est officiellement dirigé par les frères Fitim et Boletin Hasani, mais ils ne sont toujours pas propriétaires faute d’un transfert d’actions pourtant validé. En attendant, ils ont opéré un ménage en règle: exit le CEO Jimmy Berisha, le directeur sportif Marc Hodel et l’entraîneur Ciriaco Sforza.

Et ce n’est pas tout. Le FC Schaffhouse a réussi à se brouiller avec son sponsor historique, la brasserie Falken, qui a mis fin à 130 ans de partenariat du jour au lendemain. Un symbole du chaos ambiant. Selon plusieurs sources, il manquerait entre six et douze millions pour assurer la survie du club à court terme. Le dépôt de la licence est en suspens, et la deadline approche dangereusement.

Silence radio des dirigeants

Les Hasani, eux, restent murés dans le silence. Présent à l’entraînement, Boletin n’a pas souhaité répondre aux médias. En revanche, les rumeurs, elles, circulent à grande vitesse: un investisseur népalais serait prêt à injecter des fonds via une brasserie locale.

Pendant ce temps, Marco Haas, nouveau directeur sportif, essaie tant bien que mal de remettre un peu d’ordre. Il connaît la maison pour y avoir officié durant la pandémie, époque où le club flirtait avec la Super League et avait disputé le barrage contre Lucerne. «C’est un beau souvenir, mais c’est du passé. Aujourd’hui, il faut sauver le club. Et poser des bases pour l’avenir», affirme-t-il.

Un intérim de onze semaines pour Yakin

Difficile de parler de stratégie à long terme quand on prend ses fonctions juste après la fermeture du mercato. Et encore plus quand son premier fait d’armes est le limogeage d’un entraîneur. «Ce n’était pas ma décision, elle avait été prise avant», jure Haas. Curieux, quand on sait que Fitim Hasani déclarait encore récemment que Sforza n’était pas en danger. Résultat: en quelques semaines, Schaffhouse a perdu son CEO, son directeur sportif et son entraîneur. Ici, les horloges tournent vraiment différemment… et ce ne sont pas des IWC.

De son côté, Hakan Yakin arrive en terre connue. Après un passage express de trois mois en Turquie à Istanbulspor, il a préféré ce défi à un rôle d’adjoint de son frère Murat en équipe nationale. «J’ai assez bossé avec 'Muri', ça m’a suffi», lance-t-il en rigolant.

Mais la situation est tout sauf drôle. Son contrat ne court que sur onze semaines. Onze semaines d’incertitude absolue. Sur tous les fronts.

Challenge League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Thoune
FC Thoune
27
20
53
2
FC Aarau
FC Aarau
27
19
52
3
Etoile Carouge FC
Etoile Carouge FC
27
9
44
4
FC Wil
FC Wil
27
10
39
5
FC Vaduz
FC Vaduz
27
-2
37
6
FC Stade-Lausanne-Ouchy
FC Stade-Lausanne-Ouchy
27
3
35
7
Neuchatel Xamax FCS
Neuchatel Xamax FCS
27
-7
33
8
FC Stade Nyonnais
FC Stade Nyonnais
27
-20
26
9
FC Schaffhouse
FC Schaffhouse
27
-17
24
10
AC Bellinzone
AC Bellinzone
27
-15
23
Accession
Barrage d'accession
Relégation
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