«C'est pas un joueur de football»
À Nice, Lucien Favre ne voulait pas entendre parler de Mario Balotelli

À l'été 2017, Mario Balotelli posait ses valises à Nice. Mais avant son arrivée, il y eut une discussion tendue entre l'Italien et l'entraîneur vaudois Lucien Favre, que Jean-Pierre Rivère, président du club, a racontée sur le plateau de «L'Équipe du Soir».
Publié: 11.10.2024 à 14:10 heures
Le président de l'OGC Nice, Jean-Pierre Rivère (à g.) a dû convaincre Lucien Favre (à dr.) de recruter Mario Balotelli.
Photo: Keystone
Blick Sport

En 2017, la signature de Mario Balotelli à l'OGC Nice a marqué un tournant pour le club de la Côte d’Azur. Mais ce transfert ne s'est pas fait sans obstacles. Jean-Pierre Rivère, président du club, a révélé les coulisses de cette arrivée lors de son passage à «L'Équipe du Soir». Une séquence dans laquelle il est grandement question de Lucien Favre (et d'accent suisse exécrablement imité, soit dit en passant).

Derrière l'image d'un joueur souvent controversé, Jean-Pierre Rivère raconte l’effort déployé pour recruter l'Italien, alors agent libre après un passage à Liverpool. «J'ai harcelé Mino Raiola (ndlr l'agent du joueur italien) pendant deux mois afin de rencontrer Mario, raconte-t-il. Il ne voulait pas. Un jour, il accepte que je le rencontre. Pendant une heure, il me dit pourquoi je ne dois pas le recruter. Monaco, les soirées... tout!» Cela ne l'a visiblement pas refroidi pour autant. «J'aime bien gérer les dossiers difficiles, a-t-il souri. Je sais qu'au fond de lui, il a un bon cœur.»

Mais plus que la gestion de l'enfant terrible du football italien, le principal défi n'était pas de convaincre le joueur ni même son agent, mais bien l'entraîneur de l’époque, Lucien Favre. Le Vaudois, réputé pour sa rigueur et son approche disciplinée, ne voulait tout simplement pas rencontrer Balotelli. «Je l'appelle et il refuse de voir Mario», se souvient Rivère, qui rigole aujourd'hui de cette scène. Mais le président a dû batailler pendant 1h30 pour convaincre son coach de prendre part à une rencontre. Lucien Favre a argumenté que «Super Mario» «n'est pas un joueur de football».

Tenue excentrique

Finalement, un rendez-vous est arrangé dans un bar discret de Nice, où Balotelli arrive vêtu d'une tenue «assez excentrique». Rivère se rappelle avoir ressenti un certain malaise face à l'entraîneur suisse, dont la réticence à gérer un joueur aussi imprévisible que Balotelli était palpable.

Pour Rivère, cette rencontre entre Favre et Balotelli était essentielle pour la réussite du transfert. «Je les ai laissés parler football, explique-t-il, conscient qu'il ne pouvait pas interférer dans la gestion sportive de son entraîneur. Et je me suis dit: je n'ai pas envie de me mettre dans les pattes du coach pour gérer Mario, donc s'il vient, il faut que quelqu'un s'en occupe.»

«Un joueur formidable»

La connexion entre le joueur italien et le Suisse s'est jouée là, au milieu de la méfiance initiale du technicien de Saint-Bathélemy. Pourtant, sous le masque d'un joueur capricieux, Balotelli a montré un autre visage. Rivère raconte une anecdote révélatrice: «Mario a un grand cœur», dit-il en évoquant une histoire où Balotelli a aidé un enfant victime de harcèlement à l'école, une scène qui a particulièrement touché le président.

Finalement, malgré les réticences initiales, la venue de Balotelli à l'OGC Nice est un pari gagnant pour le club. Lucien Favre a accepté de prendre ce défi et, avec l'accompagnement du staff, le Transalpin a trouvé un cadre où il a pu s’épanouir. Avec 43 buts en 76 matchs sous les couleurs niçoises, l'Italien a laissé une empreinte durable sur le «Gym». Rivère conclut: «Si on ne comprend pas l’histoire des gens, on a du mal à les comprendre. Si vous lui donnez de l'amour, de l'honnêteté et du respect, c'est un joueur formidable. Il est venu 2 ou 3 fois chez moi pour parler parce qu'il en avait besoin et cela a fonctionné.» 

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