«Bonjour, c'est Murat Yakin»
Isaac Schmidt: «Quand j'ai vu ce numéro que je ne connaissais pas...»

Isaac Schmidt sortait de l'entraînement à Leeds quand un numéro inconnu s'est affiché sur son téléphone. Il a bien fait de décrocher: son interlocuteur n'était pas un agent, mais le sélectionneur Murat Yakin. Et le voilà international A!
Publié: 19.03.2025 à 09:54 heures
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Dernière mise à jour: 19.03.2025 à 09:59 heures
«Bonjour, c'est Murat Yakin».
Photo: TOTO MARTI
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Isaac Schmidt sortait de l'entraînement la semaine dernière à Leeds, lorsque son téléphone a vibré. «C'était sur Whatsapp, un numéro que je ne connaissais pas.» Répondre? Ne pas répondre? Le Lausannois de 25 ans a hésité un petit moment, puis a décidé de décrocher. «Là, j'ai entendu une voix me parler en allemand. Je me suis dit que c'était peut-être un agent. J'ai poliment dit bonjour, puis j'ai demandé qui c'était. Et là j'ai entendu: 'C'est Murat Yakin'. Je peux vous dire que les émotions sont vite montées!», rigole-t-il ce mardi après-midi à Faro.

Heureusement, le joueur de Leeds a vite compris qu'il ne s'agissait pas d'une blague d'un de ses potes, mais que c'était bien le sélectionneur national qui lui parlait. «J'ai tout de suite capté que c'était pour la Nati, bien sûr! C'était clair. Il m'a dit qu'il voulait me prendre pour ce rassemblement, que mes performances avec Saint-Gall le justifiaient largement.»

«C'est vrai que le timing m'a surpris»

Halte. Ses performances avec Saint-Gall, vraiment? Isaac Schmidt ne joue-t-il pas à Leeds depuis l'été dernier? La réponse est oui, évidemment, et Murat Yakin le sait parfaitement, mais le fait est que le Vaudois ne compte que sept apparitions en Championship, pour un très maigre total de vingt-cinq minutes de jeu, depuis son arrivée. Et qu'il n'a pas posé le moindre pied sur le terrain en 2025. Alors oui, ce sont bien ses performances avec Saint-Gall qui justifient sa convocation.

«C'est vrai que le timing m'a surpris, je ne peux pas dire le contraire. J'avais déjà été sélectionné une fois, cela dit, mais je m'étais blessé. Mais je ne vais pas me poser des questions inutiles: je suis fier d'avoir été sélectionné et d'être là aujourd'hui au Portugal avec l'équipe nationale. Cela me donne une immense confiance en moi et ça me conforte dans la manière dont je suis perçu en tant que joueur. On me donne une chance, je veux la saisir», explique le principal intéressé.

Photo: IMAGO/Pro Sports Images

Murat Yakin ne s'en cache pas, il veut voir comment Isaac Schmidt, et d'autres, se comportent avec la Nati et de quelle manière ils saisissent leur chance, justement, durant ces dix jours de camp avec deux matches de préparation à la clé.

«Il a un immense potentiel. C'est vrai, il ne joue pas avec Leeds pour l'instant, mais la deuxième division anglaise est d'un excellent niveau. Et Leeds compte sur lui pour l'avenir, ils ont un plan pour lui», assure le sélectionneur, qui cherche les bonnes personnes pour le poste de latéral, lui qui peut moins de moins cacher ne pas être pleinement conquis, restons polis, par les profils de Kevin Mbabu et de Jordan Lotomba, raison pour laquelle il cherche à faire de Lucas Blondel son titulaire, pour autant que le joueur de Boca Juniors donne satisfaction.

Et vu qu'Ulisses Garcia joue peu à Marseille, Murat Yakin donne sa chance côté gauche à Miro Muheim, qui évolue en 2. Bundesliga (Hambourg) et donc à Isaac Schmidt, lequel cherche à se faire sa place en Angleterre. En une phrase comme en mille: Murat Yakin brasse les cartes pour trouver les bons atouts.

Peter Zeidler a changé le cours de sa carrière

Isaac Schmidt a donc un coup à jouer, lui qui doit à Peter Zeidler le fait de jouer latéral. Formé en tant qu'ailier au Lausanne-Sport, c'est à ce poste qu'il est arrivé à Saint-Gall, où il était vu comme une promesse et un joueur d'avenir. Et puis, un jour, le FCSG était en difficulté au poste de latéral et voilà que le titulaire se blesse en plein match. Le technicien allemand se retourner vers son banc, réfléchit une demi-seconde... «Et il me dit: 'Isaac, tu vas jouer latéral' Pas le temps de réfléchir, j'y vais! Bon, pour être honnête, j'avais déjà occupé ce poste de manière ponctuelle à Lausanne. Ma première entrée en professionnel s'est faite en tant que latéral, d'ailleurs. Mais c'est vrai qu'on peut dire que Peter Zeidler a changé le cours de ma carrière ce jour-là.»

Photo: TOTO MARTI

C'est en effet en tant que latéral qu'il explose en Super League et gagne le droit, l'été dernier, de signer à Leeds, pour quatre ans qui plus est. «Ils m'ont montré dès le début qu'ils voulaient travailler avec moi sur le long terme. Alors oui, je joue peu, mais tout le monde est très rassurant. Ils m'avaient dit dès le premier jour que j'aurais besoin de temps pour m'acclimater dans un championnat intense et différent. Je m'attendais à cette situation, ce n'est jamais facile d'arriver et de gagner sa place, surtout dans une équipe qui gagne. On est premiers! Pourquoi le coach voudrait-il changer quoi que ce soit? Tout le monde me dit que mon moment viendra. Je fais tout pour être prêt au moment où ce sera le cas.»

Et si Leeds monte en Premier League?

Le fait est que Leeds est le grand favori pour la montée en Premier League et que l'été à venir risque d'être charnière pour le jeune homme, qui ne se pose pas encore toutes ces questions. «Je suis quelqu'un de très patient et de très calme en général, mais bien sûr qu'il faudra bien réfléchir suivant la situation», concède-t-il, conscient que la montée en Premier League pourrait pousser Leeds à vouloir encore se renforcer. Le football anglais est un monde merveilleux, mais impitoyable. «Mais ce que je peux dire, c'est que pour le foot, l'Angleterre, c'est le top.»

La Suisse a toujours été le premier choix

Sa convocation avec la Nati pourrait faire grimper son standing personnel d'un cran, tout comme sa cote sur le marché. Il peut cependant toujours théoriquement évoluer avec le Nigéria, mais n'en a jamais fait une priorité. «J'ai toujours dit que la Suisse passait avant. J'ai grandi ici, ma famille et amis y sont, ma culture est suisse. Mon choix était déjà fait, en réalité.» Encore plus avec cette première convocation, même sans match officiel. Le Nigéria, le pays de sa mère, devrait tout de même avoir droit à une petite dédicace ce mardi soir lors du souper de groupe. «J'ai le choix entre payer l'apéro ou chanter, c'est ça? Alors je vais chanter! Je ne sais pas encore exactement quoi, mais ce sera sans doute une chanson nigériane», assure le Lausannois.

Photo: NurPhoto via Getty Images

Justement, comment vit-il le fait de se retrouver le même jour qu'Alvyn Sanches en équipe nationale, lui, le gamin de Praz-Séchaud? Et plus encore, comment voit-il le fait que quatre joueurs formés à Team Vaud sont aujourd'hui internationaux A, vu qu'Andi Zeqiri et Dan Ndoye sont également passés par cette filière? La réponse est plus qu'intéressante et réfléchie. «Quand on était gamins, au quartier, on rêvait d'être pros et internationaux. Mais quand je dis qu'on en rêvait, ça veut aussi dire qu'on y pensait. Et je vais être sincère: qu'on y soit arrivés, ça ne m'étonne pas tant que ça. On est une génération de travailleurs, qui a compris qu'il fallait bosser. On a vu les erreurs des plus grands que nous, qui n'y ont pas assez cru peut-être. On a eu les bons coaches, avec un bon suivi. On a du talent aussi, mais il fallait le développer.»

La nouvelle mentalité vaudoise

Une question de talent, donc, mais aussi de mentalité? «C'est exactement ça. On a toujours été comme ça, à aimer la compétition. Le dimanche, quand on se réunit pour jouer au foot, c'est pour gagner. Alvyn Sanches, Cameron Puertas, je les connais depuis tout petit. Et je peux vous dire que sur le terrain et en dehors, quand il fallait bosser, ça ne rigolait pas.» Ainsi est cette nouvelle génération vaudoise, détendue quand elle le peut, extrêmement déterminée quand elle le peut. Et prête à son tour à inspirer les plus jeunes.

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