Sur les bords du lac de Lugano, à proximité de la ville du même nom, se trouve la commune de Paradiso. Avec un peu plus de 4500 habitants et son magnifique coup d'œil sur la région, l’endroit porte bien son nom et évoque, pour la plupart des Romands, un lieu de passage somme toute assez sympathique lors d’un séjour au Tessin. Ce que le grand public sait moins en revanche, c’est que la petite commune abrite le FC Paradiso, pensionnaire de Promotion League. Blick s'y était rendu voilà quelques mois.
Pour Evan Rossier, le coup d'œil importe peu. C'est bien pour le football qu'il a posé ses valises sur place cet été. Après avoir évolué dans différentes catégories à YB entre 2019 et 2023, puis avec Team Vaud la saison dernière, le jeune talent, né à Lausanne en 2003, a décidé de se rendre au Tessin pour poursuivre son développement.
De la Broye fribourgeoise au Tessin
Et pour le moment, force est de constater que ce choix lui réussit. À presque 22 ans, Evan Rossier vit un début de saison prolifique. Avec actuellement neuf buts marqués en seize matches joués, ainsi qu'une réussite en Coupe de Suisse face à Saint-Gall, il réalise une excellente première partie de saison. Il pointe même au 6ème rang du classement des meilleurs buteurs de la troisième division du pays et est tout simplement le leader de son équipe.
Au bout fil pour Blick, le joueur ne cache pas sa satisfaction: «Je suis très content de ce que je réalise ici. J’ai vécu une saison passée difficile avec des blessures et cela m’a freiné. Là, rejouer six mois sans problème de santé, je pense que c’est un point très positif», confie celui qui apprécie également la confiance qui est placée en lui par le club tessinois. «J’ai directement eu le temps de jeu nécessaire pour m’exprimer ici et j’essaie de bien le rendre au club.»
Bien qu’il soit né dans le chef-lieu vaudois, Evan Rossier a grandi dans la Broye fribourgeoise, à Fétigny. Forcément, c’est dans ce coin de pays que ses premiers souvenirs de footballeur se sont forgés: «Je me revois disputer mes tout premiers tournois avec Fétigny, mon premier club», rigole-t-il. Et il ne lui a pas fallu longtemps pour comprendre que le ballon rond allait devenir son occupation principale: «Au début, tu joues un peu parce que tu aimes ça. Mais moi, je ne pensais qu’au foot, tout le temps. Ma mère me le dit souvent d'ailleurs. En grandissant, j’ai alors commencé à me fixer des objectifs. Beaucoup n’ont pas la force d’aller plus loin, mais je pense que le plus important est de s’accrocher.»
Des blessures compliquées
Pour viser une carrière de footballeur, il a tout de suite pu compter sur le soutien de ses parents: «Ma famille m’a toujours encouragé à me lancer. Mes parents ont trouvé que c’était bien que je tente ma chance pendant que je le pouvais, histoire aussi de rapidement trouver autre chose si cela ne fonctionnait pas», explique l’attaquant qui est aussi titulaire d’une AFP (ndlr: une attestation fédérale de formation professionnelle) dans l'administratif.
Embourbé dans des blessures à répétitions du côté de Team Vaud, aux adducteurs et la cuisse, Evan Rossier a également été bien entouré pour affronter les turbulences: «Mes parents m’ont toujours soutenu dans les moments difficiles», affirme-t-il à Blick. C’est donc bien guidé et en toute conscience qu’il a décidé de tenter sa chance loin de la maison pour un nouveau départ. «Paradiso est un club qui me voulait vraiment. Je n’ai donc pas hésité. J’avais aussi envie de sortir de ma zone de confort et de prendre des responsabilités, car je n’étais jamais vraiment parti de chez moi avant ça.»
Prendre ses responsabilités
En vivant avec deux coéquipiers dans un appartement, sans ses parents, le jeune Broyard a donc changé d’environnement, sur le terrain comme en dehors. «Je pense que ce sont des éléments importants pour qu’un joueur prenne son envol», assure-t-il.
Là où beaucoup de jeunes se laissent attirer par le chant des sirènes, en signant dans de grands clubs qui ne les font pas jouer, Evan Rossier sait poser pragmatiquement les choses, dans l’unique but de progresser: «Des joueurs de ma génération sont partis à la Juve par exemple. Je ne pense pas que ce soit le meilleur choix. Bien sûr, tu peux réussir n’importe où, ça dépend de toi. Mais le plus important pour un jeune comme moi, c’est de jouer.»
La confiance de retour
Et pour le moment, l'attaquant est très heureux que cela soit une réalité pour lui au Tessin: «Cette saison, ce n'est que du plaisir, honnêtement. À Lausanne, j’avais perdu confiance petit à petit. C’était un cercle vicieux. Quand tu n’es pas au top, ton corps est un peu guidé par ta tête. Donc tu as plus de petits bobos, dès que tu reviens jouer, tu te reblesses et ça recommence. Ça résume ma saison dernière. Mais ici, c’est autre chose», se réjouit-il.
L’occasion de souhaiter à Evan Rossier que cette tendance positive se poursuive: «J’espère arriver le plus haut possible. Je ne me donne pas de limites, mais je ne me prends pas la tête non plus. Si je vais rester à Paradiso? Je n’en sais rien encore. Je veux jouer et mettre le plus de buts possibles, et surtout éviter les blessures», se projette sobrement l’attaquant.
Si sa seconde moitié de saison ressemble à sa première, il y a fort à parier que des clubs des échelons supérieurs frapperont à sa porte.