Normalement, Fabian Sangines devrait se battre avec les féminines de Young Boys en play-off pour une place en demi-finale. Mais au lieu d'être assis sur le banc contre Grasshopper, l'ancien entraîneur assistant vibre devant son ordinateur. À quelque 8500 kilomètres de là, aux îles Caïmans.
Depuis fin janvier, le Zurichois y entraîne l'équipe féminine de l'Academy Sports Club. «Non, je ne ferai certainement pas ça, je suis heureux ici à YB», a-t-il pensé lorsque la première demande est arrivée des Caraïbes fin 2023. Le contact est établi par l'intermédiaire d'un confrère entraîneur britannique que Fabian Sangines avait rencontré quelques mois plus tôt lors d'une visite à l'académie des jeunes du PSV Eindhoven.
Après un vol de 17 heures, un bébé dans les bras
Finalement, le directeur général du club de George Town parvient à convaincre Fabian Sangines du bien-fondé du projet. Car aux îles Caïmans, l'ancien gardien de futsal peut réaliser un petit rêve: il peut vivre de son travail d'entraîneur.
«Finalement, j'ai dû me dire que je serais un idiot si je ne faisais pas ça», explique Fabian Sangines. Il démissionne de son emploi de journaliste football au «Tagesanzeiger», tout comme de son poste à temps partiel à Young Boys. En l'espace de quelques semaines, il abandonne sa vie en Suisse et s'envole pour les Caraïbes.
Là-bas, il vit un départ qui ressemble au scénario d'une médiocre comédie hollywoodienne. Après un vol de 17 heures via Londres et les Bahamas, il est accueilli à l'aéroport par le patron du club qui le conduit directement sur le terrain d'entraînement. Là, Fabian Sangines suit l'entraînement de l'équipe masculine lorsqu'il tient soudain un bébé inconnu dans ses bras. «L'un des joueurs m'a demandé de garder sa fille de six mois pendant l'entraînement, raconte-t-il. Cela montre à quel point les gens sont simples ici.»
2000 francs pour une chambre en colocation
Cela fait maintenant trois mois que Fabian Sangines est chez lui sur ce groupe d'îles de 264 kilomètres carrés. Cela correspond à peu près à la taille du canton de Genève. «En voiture, on fait le tour en deux heures environ», raconte-t-il. C'est un pays plutôt conservateur et religieux, mais extrêmement fou de sport. La plus grande différence dans la vie en Suisse? «Ici, tout fonctionne un peu plus lentement et plus confortablement», répond Fabian Sangines. Sur le terrain, cela lui a posé un défi au début. «Mais depuis, tout le monde est généralement à l'heure.»
Sur le plan financier, la vie aux îles Caïmans se distingue moins de celle en Suisse. «Beaucoup de choses sont aussi chères», précise le Zurichois, qui gagne avec son travail d'entraîneur un montant moyen à quatre chiffres. Pour son appartement, il paie environ 2000 francs, bien qu'il partage le loyer avec sa colocataire américaine. «En revanche, la maison est située directement sur la plage.»
C'est là qu'il passe généralement ses matinées de congé. L'après-midi, il se rend à son bureau sur le terrain d'entraînement, puis deux séances d'entraînement sont au programme. Actuellement, Fabian Sangines s'occupe, en plus de l'équipe féminine, de trois équipes de jeunes et dirige la section féminine du club. Le football féminin aux îles Caïmans en est encore à ses débuts. La seule ligue du pays compte huit équipes et le niveau varie fortement. «Dans mon équipe, j'ai des joueuses qui pourraient jouer en Suisse en deuxième division, explique l'entraîneur. Et d'autres qui sont plutôt du niveau de la 3e ligue.»
De grands projets dans le domaine de la relève
Au total, Fabian Sangines est responsable d'une centaine de joueuses et de joueurs. «Mon temps de travail hebdomadaire de 45 heures est déjà calculé de manière plutôt optimiste», dit-il avec un clin d'œil. Dès l'été, il devrait également devenir le chef de la relève de l'Academy Sports Club. «Mon objectif est que nous devenions le meilleur club du pays dans ce domaine», prévient-il.
Le Zurichois ne précise pas combien de temps durera son aventure dans les Caraïbes. Son contrat d'entraîneur est à durée indéterminée. «Je peux déjà m'imaginer rester ici encore quelques années. Jusqu'à présent, tout se passe très bien», déclare Fabian Sangines. Le fait qu'il ne soit absent du terrain de football que le samedi ne lui pose aucun problème. «Car ici, chaque jour de congé est automatiquement un jour de vacances», précise-t-il. Il en profite pour explorer l'île, se détendre sur la plage – ou suivre les matches des féminines de Young Boys devant son ordinateur.