«Favorite ou outsider – peu importe: notre meilleure équipe M21 de tous les temps débute le championnat d'Europe.» Cette phrase a douze ans. Elle a été rédigée par Blick avant l'Euro M21 de 2011 au Danemark. Granit Xhaka claironne alors à sa manière: «Il n'y a que nous-mêmes qui puissions nous battre.» Yann Sommer, qui est beaucoup plus dans la retenue aujourd'hui, est clair à l'époque: «Je veux être champion d'Europe.»
Le rêve de Yann Sommer s'écroule juste avant l'objectif. En finale, les Rougets subissent leur première défaite – 0-2 contre l'Espagne, le grand favori. Cette deuxième place reste néanmoins le meilleur résultat des M21 suisses à l'Euro.
Douze ans plus tard, le sélectionneur Patrick Rahmen s'apprêtent à détrôner la génération de 2011. Le premier match de groupe contre la Norvège aura lieu ce jeudi. Première partie d'un grand challenge. En d'autres termes, une deuxième place à l'Euro 2023 des M21 serait synonyme de miracle footballistique.
Sortir du groupe devant l'une des meilleures équipes M21 d'Europe, la France et l'Italie, serait déjà sensationnel. Lors de la phase à élimination directe, d'autres gros morceaux comme l'Allemagne, l'Angleterre, l'Espagne, la Belgique et les Pays-Bas se dresseraient probablement sur le chemin des Suisses.
«Je ne veux pas comparer les années»
A titre de comparaison, en 2011, la Suisse a remporté le groupe devant la Biélorussie, l'Islande et le Danemark. En demi-finale, l'équipe entraînée par le charismatique Pierluigi Tami a battu la République tchèque. Ce n'est qu'en finale contre l'Espagne que la Suisse est pour la première fois dans la peau de l'outsider.
Pierluigi Tami est aujourd'hui directeur des équipes nationales masculines et, à ce titre, également responsable des M21. Il assistera à une partie des matchs de groupe de la Suisse à Cluj en compagnie de l'entraîneur de l'équipe nationale A, Murat Yakin. «Je ne veux pas comparer les années, tempère le Tessinois. En 2011, nous avions un groupe formidable avec Sommer, Xhaka, Shaqiri, Fabian Frei, Mehmedi ou Lustenberger. Nous avons joué avec beaucoup de courage et de confiance. Mais notre grande force, c'est que nous étions une équipe. Nous avons passé un moment fantastique ensemble.»
Certains ont déjà joué pour la Nati
Pour répondre à la question de savoir quelle est la meilleure équipe nationale des moins de 21 ans de tous les temps, il faut tenir compte de plus de facteurs que les résultats obtenus lors des tournois. Par exemple, combien de joueurs d'une génération de M21 parviennent à intégrer l'équipe A. Ils étaient 13 dans le cadre de l'Euro 2011, mais seuls Sommer, Xhaka, Shaqiri et Mehmedi sont devenus titulaires en équipe nationale.
L'équipe 2023 compte huit joueurs qui ont déjà eu l'occasion de respirer l'air de la Nati. Avec Ardon Jashari et Fabian Rieder, ce sont même deux participants à la Coupe du monde 2022 qui se rendent en Roumanie, ainsi que Zeki Amdouni, la star montante du FC Bâle et de l'équipe nationale.
Simon Sohm, Kastriot Imeri et Dan Ndoye devraient jouer des rôles importants en sélection à l'avenir. Il en va de même pour Darian Males, Aurèle Amenda et Filip Stojilkovic. Est-ce que cela rend la génération actuelle des M21 meilleure que ses prédécesseurs? «La classe individuelle au sein de l'équipe est en tout cas importante, avoue Fabian Rieder. Et au-delà de cela, c'est l'esprit d'équipe qui nous caractérise.»
Objectif Paris 2024
L'objectif des M21 en Roumanie et en Géorgie est de se qualifier pour les Jeux olympiques de 2024 à Paris. Pour cela, il faut une place dans le top 3. Si Zeki Amdouni et ses coéquipiers atteignent cet objectif, ce serait, comparé à la concurrence, au moins équivalent d'un point de vue sportif au titre de vice-champion d'Europe 2011. «En football, tout est possible, tient à rappeler Fabian Rieder. Nous n'allons pas à l'Euro pour perdre des matches.»
Se rendre à un tournoi avec de grandes ambitions ne fait partie de l'ADN de la Nati que depuis ce millénaire. Il est né dans le cercle des «titans», ce surnom attribué aux M21 suisses lors de l'Euro 2002 à domicile, qui a déclenché une euphorie nationale avec leur accession en demi-finale.
Les précurseurs de 2002
Les fers de lance de l'époque: Ricardo Cabanas, Stephan Keller et Alex Frei. Stephan Keller, joueur du FC Zurich lors de cet Euro, a déclaré un jour dans l'«Aargauer Zeitung» à propos de la première incursion des M21 sous les feux de la rampe: «Depuis, nous ne sommes plus les petits Suisses.»
Cette mentalité de gagnant est à mettre au crédit de Köbi Kuhn, qui a entraîné les M21 pendant six ans (1995-2001) avant de prendre les rênes de la première équipe. «Jusqu'alors, la devise de la fédération était de ne pas sous-estimer les îles Féroé, se souvient Stephan Keller. Avant un match, Köbi a soudain dit: 'Pourquoi devrais-je parler des autres? Si nous jouons bien, nous sommes meilleurs. Point final.»
Des types comme Stephan Keller et Alex Frei ont été séduits par cette mentalité. «Nous étions sûrs de nous, impertinents, insouciants. Nous avons dépassé l'idée qu'être là, c'est suffisant. Et nous l'avons ensuite apporté en l'équipe nationale.» Dix «titans» ont fait le saut, outre Frei et Cabanas, Daniel Gygax et Ludovic Magnin ont été des piliers de l'équipe de Suisse pendant des années.
En 2002, il y avait donc les précurseurs. En 2011, c'étaient les meilleurs jusqu'à présent. Quel chapitre les M21 écriront-ils à l'Euro 2023?