Il n'y a pas de motif pour un prétendu délit d'escroquerie, mais il y en a un pour la présente procédure pénale, a déclaré l'avocat de la défense, Dominic Nellen, au début de sa plaidoirie. Il a tenté de démontrer que le soupçon initial qui a déclenché la procédure avait déjà été fabriqué. Il est à ses yeux étrange que le Ministère public de la Confédération (MPC), en examinant l'immense quantité de documents à sa disposition, se soit justement intéressé au paiement de 2 millions.
Nouveau statut dans la procédure
Et il est frappant de constater que la procédure a été ouverte peu après l'une des rencontres non consignées dans un procès-verbal entre le MPC et un proche de Gianni Infantino - dans un premier temps uniquement contre le coaccusé de Michel Platini, l'ancien président de la FIFA Joseph Blatter. Bien que Michel Platini n'ait pas été inculpé dans un premier temps, le MPC a mentionné son nom à de réitérées reprises, a déclaré Me Nellen. Le Ministère public a ainsi créé un nouveau statut de «personne pouvant fournir des informations inculpée publiquement» dans la procédure pénale, argue-t-il.
S'agissant de la base juridique du paiement de 2 millions, les explications de Dominic Nellen recoupent largement celles de l'avocat de Sepp Blatter. Blatter et Platini se seraient mis d'accord en 1998 pour que l'ancien footballeur mondial devienne conseiller du premier. Michel Platini exigeait un million de francs par an. Dans le contrat écrit rédigé seulement fin août 1999, une rémunération de 300'000 francs annuels a été fixée. Motif: la situation financière précaire de la FIFA à l'époque.
Le contrat écrit n'aurait cependant rien changé au fait que Platini devait recevoir ses honoraires d'un million de francs - simplement plus tard. En 2010, le Français a rappelé à l'ancien chef des finances de la FIFA Markus Kattner son salaire impayé pour son activité de conseiller de 1998 à 2002.
Indemnités élevées
L'élément déclencheur de cette démarche a été les indemnités de départ élevées versées à l'époque à deux membres de la FIFA qui avaient été licenciés, a déclaré Me Nellen. Michel Platini a présenté une facture à la FIFA, et celle-ci a suivi le processus habituel au sein de l'organisation après la signature de Sepp Blatter. Plusieurs personnes ont été impliquées dans ce processus.
Il n'y a pas d'indices d'escroquerie ou de faux dans les titres, a argumenté l'avocat. Selon sa plaidoirie, le Français renonce à une réparation morale. «Sa réparation morale sera l'acquittement». L'avocat de Sepp Blatter a également réclamé l'acquittement de son client en fin de semaine dernière. Lorenz Erni a aussi justifié la légitimité du paiement par le contrat oral qui aurait été passé entre son client et Platini.
Le MPC accuse les deux hommes d'escroquerie et de faux dans les titres, estimant que le paiement de 2 millions n'avait aucune base légale et que la FIFA a donc subi un préjudice. Le MPC demande des peines de prison avec sursis d'un an et huit mois chacune. Michel Platini devrait en outre s'acquitter d'une créance compensatoire d'environ 2,2 millions de francs pour le montant reçu et les prestations sociales versées sur cette somme. Le prononcé du jugement est prévu le 8 juillet.
(ATS)