Après les cinq premières journées de championnat de Promotion League, le promu Vevey-Sports est confortablement installé tout près du leader Rapperseil avec déjà 11 points au compteur et aucune défaite (3 victoires et 2 nuls). Le club veveysan, entraîné par Jean-Philippe Labeau, montre ainsi tout de suite la couleur, lui qui aspire à retrouver à terme le monde professionnel.
«Je ne vais pas le cacher, mon rêve et objectif et de d'amener le club en Challenge League», confie Salim Karib, directeur sportif du club depuis maintenant quatre ans et qui espère ainsi ramener «à sa place» le club veveysan, lequel évoluait en Ligue Nationale A lors des années 80. «Avec toute la ferveur qu'il y a dans ce club, l'attente des supporters, la passion qu'il y a dans cette ville qui a sorti beaucoup d'excellents sportifs, que ce soit en basketball, gymnastique ou football, Vevey doit retrouver à moyen terme le football professionnel.»
Objectif? Jouer la Coupe de Suisse 2025-2026
Le Français de 39 ans ne souhaite toutefois pas brûler les étapes et est bien conscient qu'une telle opération prend du temps. Beaucoup de temps. «Cet objectif pourrait être atteignable pour la fin de la saison 2028, poursuit-il. Nous devons cette année nous adapter, ensuite faire mieux lors de la suivante et pour terminer, nous nous donnerons les moyens d'aller chercher une promotion.»
Si le club vaudois ne se montre ainsi pas pressé de retrouver le football professionnel, il ne compte pas pour autant se laisser aller lors de cette saison, comme le montrent d'ailleurs les premières rencontres. «Les ambitions viendront avec le temps, estime Salim Karib. Nous nous sommes donnés comme objectif de réussir un maintien confortable, donc terminer dans les places qualificatives pour la Coupe de Suisse, soit les neuf premières. Là, nous parlerons de saison réussie.»
Recrutement intéressant
Et pour cela, le club veveysan a réalisé un recrutement tant intelligent que séduisant, regroupant des joueurs d'expérience, comme Miguel Rodrigues (27 ans) arrivé d'Yverdon Sport (32 matches de Challenge League en prêt à Bellinzone la saison dernière) ou Sinclair Baddy Dega de Servette M21 (26 ans, 14 matches de Challenge League à Nyon lors de la saison 2023-2024). Et des jeunes comme José Aguilar (23 ans, ex-Sion), Elvir Muminovic (23 ans, formé à Sion et venu de première division bosnienne) ou encore Basile Ogouvide (20 ans, formé à YB et qui arrive de deuxième division maltaise).
«J'ai axé mon recrutement sur des joueurs qui maitrisaient déjà la Promotion League, en accord avec l'entraîneur, explique le directeur sportif. Je ne voulais pas qu'il y ait de surprise au niveau de l'intensité ou de l'engagement. C'est grâce à cela, et au travail du staff bien évidemment, que nous réalisons un bon début de saison.»
Le club n'a pas eu besoin de sortir la planche à billets
Vevey-Sports n'a toutefois pas eu besoin de casser sa tirelire cet été. «C'est peut-être le mercato le plus facile à gérer depuis que j'ai repris la direction sportive du club, sourit Salim Karib. Pourquoi? Car nous avons retrouvé un niveau de jeu nettement plus attractif que la 1re ligue. Et en termes d'attractivité, la ville, le club et les infrastructures donnent envie à beaucoup de joueurs de signer. Nous sommes aussi plutôt bons dans la communication, dans l'extra-sportif, et cela séduit des éléments qui viennent de plus haut. Nous avons également un groupe d'ultras et c'est stimulant de jouer devant eux. Il ne faut donc pas imaginer que l'on a dû sortir la planche à billets. Il y avait une grande envie la part des joueurs de rejoindre Vevey-Sports.»
Le budget du club a néanmoins tout de même dû être augmenté, d'un tiers, pour répondre aux exigences de la Promotion League. «Il y a beaucoup plus de logistique, nous nous déplaçons maintenant une semaine sur deux jusqu'à Zurich, dans le Canton de Saint-Gall ou du Tessin. Il faut donc préparer des repas avant et après les matches, veiller au confort des joueurs. C'est un coût, on ne peut pas le nier», poursuit le dirigeant veveysan, tout en assurant que le club ne s'est pas développé plus que tant en coulisses, n'engageant qu'un responsable commercial et marketing.
Une transition pas forcément évidente
Reste une problématique pour le Vevey-Sports: son statut. En effet, la Promotion League n'est pas un championnat professionnel, ce qui frustre quelque peu les ambitieux dirigeants du stade de Copet qui disposent tout de même d'un staff qui l'est. «Nous aimerions pouvoir prendre un repas tous ensemble à midi à la cafétéria du club, que les joueurs puissent faire des soins jusqu'à 14h, doubler les séances (ndlr: l'équipe ne s'entraîne que le matin, parfois aussi le mercredi après-midi). Mais voilà, plusieurs joueurs ont des obligations professionnelles avec un travail à 30, 40 ou 50% à côté du foot, et nous devons nous y plier. C'est déjà fantastique d'être où nous sommes, mais être aux portes du monde professionnel donne envie de les franchir. Malheureusement, il y a encore une marche à monter.»