À la CAN avec le Cameroun
Sur les traces du Bernois Moumi Ngamaleu à Yaoundé

Moumi Ngamaleu a pris la troisième place de la Coupe d’Afrique des Nations samedi face à Burkina Fasso (victoire aux tirs au but). Si le Cameroun a raté le sixième titre continental de son histoire, l’ailier du BSC Young Boys a brillé devant ses proches au pays.
Publié: 06.02.2022 à 05:25 heures
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Dernière mise à jour: 06.02.2022 à 06:42 heures
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Véronique Ngamaleu, la mère de Moumi, devant la maison familiale à Yaoundé.
Photo: Clément Teraha
Clément Teraha, Yaoundé

Dans le quartier populaire de Biyem Assi, Bertin Ebwele pointe du doigt le terrain de football en terre du Musango Yaoundé, aux cages abîmées par la rouille. Le premier entraîneur de Moumi Ngamaleu désigne le lieu où l’actuel ailier de Young Boys et du Cameroun a commencé à éblouir de son talent les observateurs qui le regardaient dribbler ses adversaires dès l’âge de 10 ans.

«Il était déjà très rapide et au-dessus des autres joueurs de son âge techniquement. Sur des terrains compliqués comme celui-ci, on remarque rapidement quand un garçon a des qualités», se souvient Bertin Ebwele, ancien international camerounais.

Des facultés qui ont rapidement propulsé vers l’équipe nationale un «garçon réservé, plutôt timide», comme le décrit sa maman Véronique. Moumi Ngamaleu passe d’abord de son club d’arrondissement aux deux équipes phares du Cameroun: le Canon Yaoundé d’abord, le Coton Sport Garoua ensuite. En 2016, il s’éloigne encore un peu plus: direction l’Autriche et le Rheindorf Altach. C’est à 23 ans qu’il pose ensuite ses valises à Berne où il a découvert la Ligue des champions.

Le football plutôt que l’école

Ce désir d’ascension, Moumi Ngamaleu l’a toujours clamé haut et fort. La maison de sa famille se fond parmi d’autres dans une allée étroite, non loin du petit stade de Yaoundé. La route est creusée par les grandes pluies qui sévissent d’août à novembre.

L’ailier, «un garçon travailleur» souligne Bertin Ebwelle, a grandi dans une famille modeste où le football est déjà le sport de prédilection du papa. «Son grand-père aussi était un bon joueur», aime à rappeler Véronique Ngamaleu, plantée dans le canapé du salon décoré de nombreux cadres à l’effigie du joueur. Pas étonnant, donc, de voir son seul fils – il a deux sœurs – se passionner pour le ballon rond.

Parfois un peu trop, au goût de sa mère. «Un jour il m’a dit qu’il ne voulait rien faire d’autre que jouer au football. Je lui ai dit qu’il fallait aller à l’école tous les jours. Il m’a regardé, puis m’a répondu:’Maman, le temps où je suis à l’école, c’est le temps que je perds à m’entraîner’, raconte-t-elle, encore médusée. On a décidé de lui faire confiance.» Il quitte finalement les bancs scolaires à 16 ans, lorsqu’il rejoint le Canon de Yaoundé.

Un joueur de percussion

Aujourd’hui, on connaît le joueur de couloir qu’il est devenu. Capable d’apporter de la vitesse et du danger, en témoigne ses 28 buts et 26 passes décisives avec Young Boys en quatre saisons et demi. «Moumi a toujours évolué dans ce style. Il adore éliminer son adversaire directe grâce à sa pointe de vitesse. Mais plus jeune, on a dû bosser pour lui faire comprendre qu’il fallait davantage jouer avec ses coéquipiers», glisse Bertin Ebwelle.

Dans cette Coupe d’Afrique des Nations, Ngamaleu figure titulaire à chaque match des Lions indomptables, dans le système d’António Conceição. «Il est important car il est complémentaire avec Toko Ekambi ou Aboubakar», estime celui qui l’a aussi coaché en sélection U17 du Cameroun.

«Tous supporters de Ngamaleu»

Comme la mère de l’intéressé, Bertin Ebwelle espérait voir ses successeurs remporter ce trophée à domicile. «Même si la pression qui pèse sur leurs épaules était grande, tout le peuple était derrière eux.» Le Cameroun s’est arrêté en demi-finale, éliminé par l’Égypte aux tirs au but.

Les Lions indomptables se sont rachetés en arrachant samedi soir la petite finale contre le Burkina Fasso, toujours après le temps réglementaire (3-4 tab.). Les Camerounais étaient encore menés 3-0 à la 71e minute. Tout le quartier Biyem Assi a vibré pour ce dernier match et soutenu son joueur local, en témoigne la banderole «Tous supporters de Ngamaleu», accrochée en bordure de route, à quelques pas de sa maison familiale.

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