«Vous parler d'Ildefons Lima? Mais c'était il y a près de quinze ans...» Marco Schällibaum a dû mettre un peu d'ordre dans ses souvenirs au moment d'évoquer le passage du défenseur andorran en Suisse, mais l'ancien entraîneur de Bellinzone a très vite retrouvé la mémoire. «S'il a 43 ans aujourd'hui, il était déjà expérimenté en 2009!», sourit le technicien, qui se souvient d'un défenseur costaud, avec une excellente mentalité et surtout fou de football.
«Il avait deux centres d'intérêt: sa famille et le football. C'est sûr, il adorait ça. Et je pense que c'est ce qui lui a permis de durer aussi longtemps et de conserver la passion jusqu'au bout», estime Marco Schällibaum, lequel était alors à la tête d'une équipe de Bellinzone compétitive en Super League. Gürkan Sermeter était l'un des moteurs du milieu de terrain, Mauro Lustrinelli s'occupait de mettre les buts et Ildefons Lima était l'un des piliers de la défense. «Il était très professionnel. Je ne peux pas dire que c'était le défenseur le plus doué du championnat de Suisse, mais il était solide. Un bon gaucher. Et offensivement, il était pas mal. Je me demande même s'il n'a pas joué à d'autres postes durant sa carrière.»
Lors de ses 46 matches disputés avec le maillot grenat de l'AC Bellinzone, Ildefons Lima et son grand gabarit ont en effet marqué quatre fois, au cours d'une étonnante séquence, puisqu'il a inscrit ces buts... lors de quatre matches consécutifs, les deux derniers du premier tour (Sion, Bâle) et les deux premiers du deuxième tour (Aarau, Lucerne)!
La Suisse, le pays idéal pour dire au revoir à la sélection
Arrivé de Trieste, le défenseur andorran a beaucoup aimé les deux années passées en Suisse, au point qu'il a décidé d'y jouer son dernier match international ce mardi à Sion! «Oui, j'ai choisi cette date exprès. J'ai une relation spéciale avec votre pays, tellement j'ai aimé y jouer. Lorsque j'ai vu le calendrier de ce groupe de qualifications, je me suis dit que c'était le lieu idéal pour dire au revoir», a-t-il confié lors de sa toute dernière conférence de presse, lundi au stade de Tourbillon.
Assis à côté de lui sur l'estrade, Koldo Alvarez est arrivé vêtu d'un très sympathique maillot de la sélection andorrane, avec le numéro 6 bien en évidence sur le devant. Une tenue plutôt inhabituelle pour un technicien, pour rendre hommage au joueur le plus emblématique de la nation. «Mardi sera un jour très spécial, plein d'émotions. Ce qu'a apporté Ilde à la sélection ne se mesure pas», explique celui qui a été son coéquipier en équipe nationale et est désormais son sélectionneur.
Sera-t-il titulaire mardi face à la Suisse?
Entré en jeu une minute lors du dernier match, contre la Biélorussie (0-0), le tout dernier qu'il aura disputé dans son pays, le défenseur central de 43 ans devrait avoir droit à un peu plus de temps de jeu ce mardi face à la Suisse. Sera-t-il titulaire? «Ça, c'est le sélectionneur qui décide», répond Ildefons Lima. «Non, mardi, c'est son jour, c'est lui qui décide», lui répond Koldo Alvarez.
Il a joué face à Andriy Shevchenko et Ronaldo «Fenomeno»
«Ce qui est sûr, c'est que je vais pleurer un peu», sourit Ildefons Lima, lequel se dit évidemment «très fier» d'avoir défendu le maillot andorran pendant 26 ans. Depuis sa première sélection, en 1997, il a joué contre les meilleurs attaquants du monde, dont Andriy Shevchenko, Ronaldo «Fenomeno», Cristiano Ronaldo... et tant d'autres, vu que ce match face à la Suisse sera sa 137e rencontre internationale!
Celui qui est le meilleur buteur de l'histoire de sa sélection (11 buts, dont 6 en matches officiels) arrive donc au bout de son long et beau voyage, qui lui a permis d'emmagasiner énormément de souvenirs, mais aussi de maillots de foot! Sa collection personnelle est estimée à plus de 1000 pièces et il aura très probablement la possibilité de l'enrichir ce mardi.
«C'est fou de jouer en sélection pendant 26 ans». s'étonne Koldo Alvarez, lequel se dit admiratif de la façon avec laquelle son défenseur central s'est maintenu en forme pour arriver à cet âge respectable de 43 ans. Marco Schällibaum le salue également. «Ce n'est pas anodin, cela demande beaucoup d'implication et de détermination. Après, sans manquer de respect à Andorre, ce genre de choses ne sont pas possibles à faire en France ou en Italie, ou plus difficilement. La concurrence est moins grande en Andorre, je ne trouve pas dénigrant de dire cela. Mais cela n'enlève rien à son parcours», souligne l'entraîneur d'Yverdon Sport.
Dan Ndoye et Noah Okafor n'étaient pas nés le jour de sa première sélection
Joueur doté d'une véritable éthique de travail, l'Andorran s'apprête à affronter ce mardi des joueurs qui n'étaient pas nés lorsqu'il a connu sa première sélection en 1997. Noah Okafor et Dan Ndoye, s'ils croisent sa route, risquent d'aller un peu trop vite pour lui, mais il espère bien faire parler son expérience pour les stopper.
Car, oui, en marge de penser à faire la fête ce mardi à Tourbillon, il y a un match à jouer pour Andorre, qui n'est de loin pas ridicule dans ces qualifications. La sélection montagnarde est allée chercher un point à Pristina, le même résultat que l'équipe de Suisse, a accroché le Belarus et n'a perdu que de peu contre la Suisse (2-1), Israël (2-1) et la Roumanie (2-0). La Nati est évidemment la grande favorite de ce match et devrait l'emporter tranquillement, mais Andorre est une sélection solide, qu'il faudra tout de même réussir à bouger.
«Nous sommes conscients que nous sommes devant une tâche très compliquée. Mais nous jouons nos matches toujours avec la même idée: gagner. Il faut être sincère et réaliste, ce sera dur», prévient Koldo Alvarez.
Ildefons Lima, lui, profitera de cette dernière sélection avant de faire une pause pour profiter de sa famille. Ensuite? «J'ai une relation spéciale avec la Fédération, on verra. Je peux imaginer de continuer à travailler pour mon pays», répond celui qui est en possession du diplôme d'entraîneur professionnel délivré par l'UEFA. Le nom d'Ildefons Lima devrait continuer à être entendu par les amateurs européens de football. Sa carrière de joueur international s'arrête, pas sa passion.