Coupe du monde de ski dames à Zermatt
Corinne Suter: «C'est un privilège d'avoir autant de succès»

Les spécialistes de vitesse se préparent à défier la Gran Becca au pied du Cervin, une semaine après les soucis masculins. Et pour sa 13e saison en Coupe du monde, Corinne Suter se sent bien.
Publié: 17.11.2023 à 08:51 heures
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Dernière mise à jour: 17.11.2023 à 17:17 heures
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Corinne Suter se réjouit de cette nouvelle saison de vitesse.
Photo: JEAN-CHRISTOPHE BOTT

La championne olympique revient notamment sur ses hauts et ses bas de la saison dernière avec la médaille de bronze en descente à Méribel, sur l'abandon des descentes à Lake Louise, sur la guerre contre le fluor et sur son avenir. Interview.

Corinne Suter, les entraînements d'été et d'automne se font très souvent à Zermatt. Connaissez-vous bien la piste Gran Becca?
En fait, pas du tout. La piste est totalement nouvelle. Le départ des femmes se fait plus bas que celui des hommes. En été, nous avons toujours skié sur la partie la plus haute.

Comment appréhende-t-on la découverte d'une nouvelle piste?
J'ai suivi ce qui s'est passé la semaine passée avec les hommes. Nous avons reçu une vidéo de leur entraînement. Je l'ai bien étudiée.

En quoi est-ce utile?
Il s'agit avant tout d'une première image. On a une première impression de la topographie, mais aussi de la manière dont la piste se présente et de la vitesse à laquelle on va skier. Cela ne nous aide en revanche pas pour le choix des lignes. Le tracé est un peu différent de celui des messieurs, on ne peut donc pas se faire une idée globale. Et en général, c'est différent quand on est sur place. La piste a l'air cool avec quelques beaux sauts, je me réjouis.

Après ce week-end, les spécialistes de vitesse auront trois semaines de pause. Regrettez-vous que Lake Louise n'accueille plus de courses?
C'est évidemment dommage. La période en Amérique du Nord, y compris les entraînements à Copper Mountain, a toujours été une bonne préparation pour la suite. On pouvait en plus se comparer aux autres athlètes, ce qui permettait de mieux évaluer son propre état de forme. Comme cette année nous ne pouvons pas le faire, la tension avant le début de la saison de vitesse est un peu plus élevée que d'habitude.

La saison dernière, vous aviez bien commencé avant de chuter lourdement à Cortina. Malgré le peu de temps de récupération avant les Mondiaux, vous avez décroché le bronze en descente à Méribel. Une belle histoire au final?
En y repensant, oui. Ce fut une période très intense. Les hauts et les bas ont coûté de l'énergie. Avec le recul, je peux dire que j'ai beaucoup appris de cette expérience. On dit toujours que c'est dans la défaite qu'on apprend le plus. Je ne m'attendais pas à ce que les Mondiaux se passent aussi bien. Mais je n'ai vraiment pu récupérer qu'après la saison, lorsque toute la pression était retombée. Après la chute, ce fut difficile de se concentrer à 100% et de retrouver la confiance. Au fil des ans, j'ai acquis une confiance de base en mes capacités, mais se contenter de croire que tout ira bien ne suffit pas. Il faut beaucoup de travail si l'on veut être devant. Et des chutes comme celle de Cortina rendent les choses très, très difficiles.

Il n'y a pas de grand événement cet hiver et vous êtes toujours très forte dans ces moments-là. Est-ce que cela vous ennuie?
Pas du tout, je suis même plutôt contente.

Pourquoi?
Je veux essayer d'être constante du début à la fin de la saison. Il faut qu'il y ait moins de hauts et de bas, ce qui me prend beaucoup d'énergie. Ce serait bien de maintenir un niveau élevé de l'automne au printemps.

La guerre contre le fluor a déjà causé la disqualification de Ragnhild Mowinckel à Sölden. Comment voyez-vous cette situation?
Cela fait réfléchir. Elle a malheureusement été la première victime de cette nouvelle règle. Je crains que Ragnhild ne soit pas la dernière coureuse touchée. J'espère toutefois que le système de contrôle mis en place est le bon. Le but est qu'un certain fart soit interdit, pas qu'il y ait des disqualifications à la chaîne. L'avantage, c'est que nous pouvons faire tester les skis préparés par la FIS la veille des courses. Ensuite, on ne touche plus le ski. Cette procédure me rassure.

Songez-vous aux JO 2026 et aux Mondiaux de Crans-Montana en 2027?
C'est encore un peu trop loin pour moi. Mais je me sens très bien en ce moment, tant sur le plan physique que psychique. Je prends énormément de plaisir et j'attends cette saison avec impatience. Tant que j'aurai ce plaisir, je continuerai la compétition. Ces dernières années, mes rêves d'enfant se sont réalisés. J'ai pu fêter de nombreux et beaux succès. Quand je vois d'autres athlètes qui s'investissent autant que moi, cela ne va pas de soi. C'est un privilège d'avoir autant de succès dans ce que j'aime le plus faire.

(ATS)

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