Une victoire de prestige en 1996
«J'ai battu Lance Armstrong et il n'était pas content»

Pascal Richard (58 ans) était un génie du vélo. Le Romand revient sur son grand succès à Liège-Bastogne-Liège, parle clairement du dopage et donne son avis sur Marc Hirschi.
Publié: 23.04.2022 à 15:51 heures
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Dernière mise à jour: 23.04.2022 à 17:01 heures
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Un des plus grands moments de sa carrière : Pascal Richard (à gauche) remporte Liège-Bastogne-Liège en 1996.
Photo: Imago
Mathias Germann

Le Vaudois est resté dans les mémoires pour son titre olympique aux Jeux d'Atlanta 1996. Pourtant, aux yeux du célèbre cycliste romand, cette médaille d'or n'est pas la plus belle victoire de sa carrière. Cette même année, il avait aussi remporté la mythique classique Liège-Bastogne-Liège dont la 108e édition a lieu ce dimanche.

Pascal Richard, que faut-il pour gagner Liège-Bastogne-Liège?
Tout d'abord, il faut être extrêmement prêt physiquement, car il y a des montées et des descentes sur plus de 250 kilomètres. Et il faut aussi avoir l'intelligence nécessaire.

Vous l'aviez en 1996, lorsque vous avez battu Mauro Gianetti et Lance Armstrong dans le final.
Mauro savait qu'il ne gagnerait pas un sprint à trois. Il a donc attaqué à un kilomètre de l'arrivée. Je suis resté calme, j'ai laissé Armstrong le rattraper et je suis resté dans son sillage. Puis j'ai frappé.

Vous avez ensuite déclaré que vous aviez fait parler votre expérience.
Je connaissais la course, mes adversaires et mes capacités. Cette victoire a été le point culminant de ma carrière.

Ce n'est pas votre sacre olympique à Atlanta?
L'or olympique était plus prestigieux parce que le monde entier regardait. Mais gagner un monument du cyclisme, c'est fantastique.

Quelle a été la réaction d'Armstrong après que vous l'ayez battu?
Pour rester poli, il n'était pas très content. Armstrong, c'est un Texan et un champion. Si tu le bats, il vaut mieux que tu disparaisses de sa vue (il sourit).

Par la suite, Armstrong a été atteint d'un cancer. Il est revenu et a remporté sept victoires dans le Tour de France. Des succès qui lui ont ensuite été retires parce qu'il s'était systématiquement dopé.
Et à juste titre. Lance faisait partie d'un vaste système de dopage. D'autres se sont également dopés, mais lui, c'était la figure de proue.

Beaucoup disent: «De toute façon, tout le monde se piquait à l'époque!» Avez-vous aussi été accusé?
Au fil des années, on a attrapé beaucoup de médecins et de personnes qui tiraient les ficelles. Mon nom n'a jamais figuré sur aucune liste. Et contrairement à d'autres, mon évolution dans le cyclisme a été linéaire. J'ai connu des succès très tôt, en cyclocross et sur la route. Je n'ai pas connu d'explosion dans mes performances.

Vous ne vous êtes jamais dopé?
Non. Au milieu des années 90, un médecin m'a proposé de travailler avec lui. J'ai tout de suite compris de quoi il s'agissait et j'ai dit «non». Peu de temps après, il avait un autre client - et celui-ci a gagné le Tour de France.

C'était quand?
1996.

Cette année-là, c'est le Danois Bjarne Riis qui a remporté le Tour.
Je ne citerai pas de nom.

Revenons à vous. Vous avez couru à une époque où le dopage était très répandu. Comment avez-vous réussi à gagner malgré tout ?
Gagner un tour de trois semaines, ce n'était pas possible à l'époque sans dopage. J'en suis convaincu. Mais les courses d'un jour ou les petits tours, oui. Je me suis donc concentré là-dessus. Mais je veux ajouter quelque chose...

Allez-y.
Lorsque j'ai reçu cette proposition de dopage, j'étais déjà un coureur confirmé. Je ne sais pas comment j'aurais réagi à 18 ou 19 ans. Et heureusement, aucune équipe ni aucun sponsor ne m'a jamais mis le couteau sous la gorge. J'étais libre de choisir et c'est ce que j'ai fait.

D'autres coureurs dopés vous ont battu. Cela ne vous a pas fait mal à l'époque?
Non, pas du tout. Je ne savais pas qui était vraiment dans l'illégalité. Bien sûr, je me suis posé des questions. Mais je voulais être en paix avec ma conscience. C'est tout ce qui comptait pour moi.

Le patron de votre équipe, Giancarlo Ferretti, a dit un jour: «Pascal est l'un des meilleurs mais c'est une diva».
Je n'étais pas une diva (rires), sinon je n'aurais pas remporté autant de victoires. Bien sûr que j'avais du talent, mais j'ai aussi toujours travaillé dur.

Vous avez renoncé quatre fois juste avant Liège-Bastogne-Liège. Pour des maux de gorge, de dos ou des diarrhées. Étiez-vous un coureur de beau temps?
J'ai aussi gagné des courses sous la pluie et la neige. Mais si je ne me sentais pas prêt, je ne roulais pas. Cela n'aurait servi à rien - au contraire, j'en aurais peut-être payé le prix plus tard dans la saison.

On vous a reconnu un sens tactique incroyable en course. C'est aussi le cas de Marc Hirschi aujourd'hui. Peut-il gagner Liège-Bastogne-Liège ?
Je l'espère. Marc a eu une incroyable saison en 2020, mais il a ensuite connu des problèmes. Aujourd'hui, il est de nouveau en forme. Mais est-ce que cela suffira pour gagner? Je suis sceptique à ce sujet. Il faut beaucoup de travail et d'expérience pour gagner cette classique. Personne ne le sait mieux que moi.

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