«Tu es sûr que tu es plus grand que moi?» Au moment de prendre la pose depuis le toit de l’immeuble jouxtant la Potomac River de Washington, Deon George évalue la taille de son fils, Kyshawn. La réponse fuse: «Si j’avais les tresses et pas la coupe afro, ce serait encore plus flagrant». Les deux hommes rigolent. L’ancien basketteur du BBC Monthey qui vit à Washington avec le joueur des Wizards depuis l’été dernier, demande un second avis à notre photographe. Le spécialiste de l’image à l’oeil et son verdict est sans appel, George Jr a dépassé George Sr. «Depuis un petit moment», appuie encore Kyshawn.
Au loin, le Monument national de Washington - le célèbre obélisque - toise la cité américaine. Le capitole et la Maison Blanche sont à ses pieds. Kyshawn George ne vit toutefois pas dans la capitale, mais en Virginie de l’autre côté de l’Hudson, à Arlington. Le Pentagone est à deux pas. Il le surplombe également.
Le Valaisan a découvert cette nouvelle vie voici quelques mois seulement. «Je ne suis pas trop chamboulé», nous explique-t-il. Depuis son salon, il joue frénétiquement avec un ballon doré pendant les 45 minutes de l’interview. Jamais la sphère de cuir n’a quitté ses mains. «C’est le ballon qui était sur la table le jour de ma draft, se remémore-t-il. Un souvenir encore bien présent. Je pense que je suis capable de raconter chaque instant de cette journée si particulière.»
Deon, plus père que coach
Le 26 juin dernier, sa vie changé même s’il ne le perçoit pas ainsi. Au moment où son nom a été appelé par les Washington Wizards, il n’était plus un joueur universitaire à Miami, mais il est devenu un professionnel. «J’ai tout de même obtenu le droit d’étudier à Miami à vie, précise-t-il. Même à distance. Mais pour l’heure, j’ai interrompu mes études pour me concentrer sur ma première saison avec les Wizards. Mais peut-être qu’une fois dans le rythme, je réévaluerai la situation.»
Depuis son départ Outre-Atlantique, le jeune joueur de Washington a pu compter sur le soutien de ses parents pour s’adapter à sa nouvelle vie dans le District of Columbia. Outre Deon, sa maman Sophie fait également les trajets entre le Chablais et les États-Unis pour suivre les premiers pas professionnels du troisième joueur Suisse drafté en NBA. Le jour de notre visite, elle était d’ailleurs en Europe alors que Deon était à peine de retour.
Si l’entourage est présent hors du parquet, son papa laisse l’aspect technique de côté. «Il m’a coaché pendant quinze ans, ça suffit», rigole Kyshawn George en lançant un regard complice sur sa droite. «Je n’alterne pas entre les casquettes de papa et de technicien du basketball, précise l’ancien professionnel ayant apporté au BBC Monthey son dernier titre national. Pendant les matches, je vois bien entendu des choses, mais je ne suis pas son coach.»
Même si un coup d’œil entre le parquet et les gradins leur suffit pour se comprendre, ils ont réussi à mettre une barrière nette entre le sportif et le privé. «Sur des aspects comme la vie de tous les jours, je pense être plus utile pour lui, précise Deon George. Je peux l’aider à avoir un cadre de vie et être une personne à qui se confier.»
Vie rythmée par le ballon
Durant son quotidien, Kyshawn George avoue n’avoir pas trop de temps libre. «C’est toujours un équilibre qu’il faut être capable de trouver pour être dans un état d’esprit nécessaire afin de performer lorsque tu es sur le terrain.» Et, justement, qu’est-ce qui lui permet de trouver ce fameux équilibre? «Aller à la salle, faire de la musculation, prendre soin de mon corps et faire des shoots (rires). Cela peut paraître bizarre, mais c’est ainsi que je me sens bien. Nous avons des conditions incroyables pour travailler et je tâche de mettre le maximum d’efforts pour réussir. Car je sais qu’arriver en NBA, c’est bien. Mais y rester, c’est encore plus compliqué.»
Dans le salon, un match de basket est diffusé sur l’écran accroché au mur. Les Philadelphie 76ers affrontent les Milwaukee Bucks. Le jeune espoir lance forcément quelques coups d’oeil à l’écran comme si le ballon orange l’hypnotisait constamment. Son regard sur le jeu a changé. Mais pas sa manière d’appréhender la NBA. «Je n’ai jamais été fan d’une équipe, précise-t-il. Ce n’est donc pas différent aujourd’hui. Mais j’observe par contre des choses que j’étais incapable de voir par le passé.»
C’est un sujet qu’il n’élude pas. Oui, sa décision de ne pas porter le maillot suisse pour privilégier celui du Canada a fait grincer des dents dans le milieu du basketball suisse. «Je ne pensais pas que l’information allait sortir de cette manière, précise-t-il. Je comprends que ça puisse déranger. Mais si je pouvais expliquer ma position aux gens mécontents, je suis sûr qu’ils comprendraient.»
Le Canada, pays de son père et où Kyshawn George a une partie de sa famille, possède une génération dorée avec de nombreux joueurs talentueux. De ce fait, le joueur de 21 ans n’est pas sûr de pouvoir être retenu par l’équipe à la feuille d’érable à l’avenir. Et c’est justement ce point qui lui a donné envie de relever ce défi: «Pour moi, c’est un challenge d’obtenir la chance de jouer avec les meilleurs joueurs du monde. À aucun moment je n’ai pris cette décision contre la Suisse ou contre la Fédération. Non, j’ai choisi le Canada pour me fixer un nouvel objectif dans ma carrière.»
Mais lorsqu’il dit «rentrer à la maison», c’est toujours les paysages alpins qui lui viennent en tête. «Et ça ne changera jamais, appuie-t-il. La Suisse, c’est mon pays. C’est là que je suis né et c’est là que j’ai grandi. Mais j’ai également des attaches au Canada et je ne pouvais pas choisir les deux. Il fallait prendre une décision.» Son père, Deon, abonde. «Kyshawn est suisse jusqu’au bout des ongles dans sa manière d’être et sa manière de gérer sa vie de tous les jours.»
C’est un sujet qu’il n’élude pas. Oui, sa décision de ne pas porter le maillot suisse pour privilégier celui du Canada a fait grincer des dents dans le milieu du basketball suisse. «Je ne pensais pas que l’information allait sortir de cette manière, précise-t-il. Je comprends que ça puisse déranger. Mais si je pouvais expliquer ma position aux gens mécontents, je suis sûr qu’ils comprendraient.»
Le Canada, pays de son père et où Kyshawn George a une partie de sa famille, possède une génération dorée avec de nombreux joueurs talentueux. De ce fait, le joueur de 21 ans n’est pas sûr de pouvoir être retenu par l’équipe à la feuille d’érable à l’avenir. Et c’est justement ce point qui lui a donné envie de relever ce défi: «Pour moi, c’est un challenge d’obtenir la chance de jouer avec les meilleurs joueurs du monde. À aucun moment je n’ai pris cette décision contre la Suisse ou contre la Fédération. Non, j’ai choisi le Canada pour me fixer un nouvel objectif dans ma carrière.»
Mais lorsqu’il dit «rentrer à la maison», c’est toujours les paysages alpins qui lui viennent en tête. «Et ça ne changera jamais, appuie-t-il. La Suisse, c’est mon pays. C’est là que je suis né et c’est là que j’ai grandi. Mais j’ai également des attaches au Canada et je ne pouvais pas choisir les deux. Il fallait prendre une décision.» Son père, Deon, abonde. «Kyshawn est suisse jusqu’au bout des ongles dans sa manière d’être et sa manière de gérer sa vie de tous les jours.»
S’il n’a jamais eu de formation favorite, il a forcément porté des maillots de joueurs. «Le premier dont je me souviens, c’était celui de Carmelo Anthony à Denver. Puis Steph Curry.» Le premier a pris sa retraite, mais le second est toujours en activité, puisqu’il est une des superstars des Golden State Warriors. Avec son équipe de Washington, le Romand s’est donc retrouvé sur le parquet avec le meneur de jeu. Sa première impression? «Il est partout, pouffe-t-il. C’est dur de le suivre.» Mais entre ses premiers matches et aujourd’hui, il voit déjà une différence majeure: «Je pense que ma compréhension du jeu est meilleure. Je sais que je dois encore progresser pour devenir le joueur que j’aimerais être. Mais je sais aussi que je ne dois pas brûler les étapes. Ce développement se fera petit à petit.»
L’été prochain, il reviendra en Suisse afin que toute la famille soit réunie. «Je n’ai pas encore décidé de ce que nous ferons précisément. Mais je pense qu’à un moment ou l’autre, nous irons manger une raclette, sourit-il. Je ne refuse jamais une bonne raclette (rires).» Même à plus de 6000 kilomètres de chez lui, un Valaisan reste un Valaisan. «Le connaissant, une fondue ferait aussi l’affaire», sourit Deon pendant que son fils prend une dernière fois la pose. Le ballon dans les mains. Cela va sans dire.