Sex-symbol et millionnaires
Les lutteurs suisses amassent des fortunes

Il y a beaucoup d'argent dans la sciure. Les lutteurs de haut niveau gagnent bien leur vie et n'ont rien à envier aux footballeurs et aux hockeyeurs. Pourtant, aucun d'entre eux ne se qualifierait de professionnel.
Publié: 27.08.2022 à 19:42 heures
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Christian Stucki est le roi de la lutte en titre.
Photo: PHILIPP SCHMIDLI | Fotografie
Christian Kolbe

La lutte suisse a beau être considérée comme un sport amateur, c’est aussi un business qui pèse plusieurs millions de francs. Au cours d’une saison normale – c’est-à-dire lorsqu’il n’y a pas de Fête fédérale de lutte suisse et des jeux alpestres (FFLS) – le chiffre d’affaires est d’environ 50 millions de francs.

Lorsque les meilleurs lutteurs du pays s’affrontent pour le titre de roi fédéral, tous les trois ans, ce sont plus de 100 millions qui sont générés dans les ronds de sciure.

42 millions de budget pour 2 jours de compétition

Le budget de la Fête fédérale de Pratteln (BL) ce week-end s’élève à lui seul à 42 millions de francs. C’est tout simplement le plus grand événement sportif de Suisse.

«Certains lutteurs de haut niveau peuvent tout à fait vivre de leur sport, c’est-à-dire se concentrer pleinement sur l’entraînement et la compétition, explique Christian Lang, responsable en management du sport à l’Université de Saint-Gall. Le roi peut toucher jusqu’à un million de francs.»

Sex-symbol et millionnaire

Cela a été le cas pour Kilian Wenger (32 ans), sacré en 2010. Le Bernois a largement contribué au boom de la lutte. Il était même considéré comme un sex-symbol en Suisse allemand.

Son successeur Matthias Sempach (36 ans), roi de la lutte en 2013, a lui aussi générer des revenus importants. Mais c’est impossible d’en savoir plus, car dans le milieu, on n’aime pas parler d’argent.

L’actuel tenant du titre, Christian Stucki a eu moins de réussite. Après sa victoire en 2019, la pandémie a provoqué l’annulation de nombreuses fêtes de lutte, autant de primes de victoire et de lucratives séances de dédicaces. Des rendez-vous qui rapportent environ 10’000 francs à chaque fois.

Les lutteurs doivent dévoiler leurs contrats

Le banquier de Christian Stucki n’est pas à plaindre pour autant: ses revenus devraient être nettement supérieurs à un demi-million de francs. D’autres lutteurs de haut niveau peuvent aussi gagner de telles sommes chaque saison.

Depuis 2010, les lutteurs doivent divulguer leurs contrats de sponsoring à l’Association fédérale de lutte suisse. 10% de cette enveloppe sont reversés pour la promotion de la relève. En 2019, année record avec la Fédérale de Zoug, les athlètes ont cumulé 2,34 millions de francs en recettes publicitaires.

Un montant légèrement inférieur cette année (2,2 millions) à cause du coronavirus et d’une situation économique mondiale plus tendue. Une douzaine de lutteurs, les meilleurs du pays, se partagent la plus grosse part de ce lucratif gâteau.

Personne ne veut être professionnel

«Peu de sportifs, actifs en Suisse, gagnent autant», déclare notre expert Christian Lang.

Pourtant, alors que les footballeurs ou les hockeyeurs sur glace sont depuis longtemps considérés comme des professionnels, ce terme est mal vu par les lutteurs. Le mythe du fromager ou du paysan qui s’entraînent après leur journée de travail est cultivé.

Question d’image tant la lutte, sport roi en Suisse allemande, incarne des valeurs de tradition et de fair-play. Cela plaît aux sponsors qui sont prêts à miser gros.


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