Rencontre dans le froid
Zoé et Anouk Vergé-Dépré rêvent d'un titre olympique

Concurrentes, elles sont devenues coéquipières. Anouk et Zoé Vergé-Dépré forment une nouvelle paire pour le beach-volley suisse. Les deux sœurs parlent de leur relation étroite, de leurs rêves sportifs et de leur frustration hivernale. Rencontre.
Publié: 12.01.2025 à 15:19 heures
Prêtes pour un bain glacé. La priorité pour Anouk et Zoé (à g.) est de rester proches en tant que soeurs.
Photo: Remo Naegeli
Nadine Gerber
Nadine Gerber

On frissonne rien qu’à l'idée. Le thermomètre indique une température de l’air inférieure à trois degrés, l’eau est à huit degrés. Pas vraiment le temps idéal pour une baignade dans l’Aar. Pourtant, c’est précisément ce type de rafraîchissement que des dizaines de courageux aiment affronter à Berne.

Parmi eux, les sœurs Anouk et Zoé Vergé-Dépré. Depuis quelques semaines, les beach-volleyeuses s’associent également sur le plan professionnel et veulent mettre les bouchées doubles pour la nouvelle saison. Objectif: se mêler à l’élite mondiale dans les années à venir.

L'eau de l'Aar affiche seulement 8,2 degrés à Berne.
Photo: Remo Naegeli

Les Jeux olympiques de 2028 à Los Angeles sont aussi dans leur viseur. Un bain de glace n’est donc pas inopportun pour les préparatifs. Il stimule la circulation sanguine et renforce le système immunitaire. «Je prends souvent des douches froides», assure Anouk Vergé-Dépré, 32 ans. «Parfois, je vais même chercher des glaçons à la station-service pour en faire un bain.» Sa sœur Zoé, 26 ans, n’est pas forcément une grande amatrice des bains glacés, mais aujourd’hui, elle aussi veut s’aventurer dans l’Aar.

L’hiver a aussi ses bons côtés

L’hiver n’est de toute façon pas la saison préférée des sœurs, dont le père est originaire de Guadeloupe. L’île des Caraïbes, qui fait partie des Antilles françaises, voit rarement le thermomètre descendre en dessous des 20 degrés. «L’hiver, c’est bien, dit Zoé Vergé-Dépré en souriant, «mais ça me suffirait aussi s’il ne durait que quelques semaines.»

Le coach Damian Wojtasik se jette lui aussi dans l'Aar. Les sœurs voulaient délibérément un nouvel entraîneur pour leur équipe.
Photo: Remo Naegeli

Les sports d’hiver comme le ski ou le patinage sont de toute manière interdits pour les deux athlètes: le risque de blessure est trop élevé. Mais les sœurs apprécient d’être plus souvent à la maison pendant la saison froide, de partager des moments avec leur famille et leurs amis, de cuisiner ou de se consacrer à des loisirs comme la danse ou la peinture. «De plus, l’entraînement n’est jamais aussi dur que pendant les mois d’hiver», souligne Anouk Vergé-Dépré.

En tant qu’équipe de beach-volley, les deux athlètes doivent d’abord trouver leurs marques. «Nous testons quelles sont nos forces et nos faiblesses, comment mettre en place notre match», explique Anouk. Elle-même passe de la position gauche à la position droite et de la défense au bloc. «Désormais, je dois à nouveau monter au filet après chaque service, dit-elle en riant. J’ai donc besoin de beaucoup de condition physique et de force de saut.»

Lutte pour une place aux Jeux olympiques

Anouk n’a longtemps pas réalisé que sa sœur Zoé se destinait, elle aussi, à une carrière de sportive de haut niveau. «Je pensais qu’elle jouait au volley-ball à cause de moi ou de nos parents, qui ont tous deux pratiqué ce sport en salle de manière professionnelle.» Ce n’est qu’avec le temps qu’elle a réalisé que sa sœur avait du potentiel. À ce moment-là, les deux femmes étaient engagées dans leurs propres duos. Anouk a joué pendant des années avec Joana Mäder et Zoé a eu du succès avec Esmée Böbner.

Les sœurs sont donc devenues concurrentes sur le sable. Cette rivalité sportive a atteint son point culminant au printemps 2024, lorsqu’elles se sont affrontées pour participer aux Jeux olympiques de Paris. C’est Zoé qui a pu profiter d’une issue heureuse. «J'avais des sentiments mitigés, se souvient-elle. Il n’y avait pas que de la joie dans ma qualification.»

«Chacune s’est battue pour son propre rêve, se souvient Anouk. Le fait que je sois déçue n’avait rien à voir avec Zoé.» Pendant que cette dernière et Esmée livraient le tournoi de leur vie sous la Tour Eiffel, terminant sensationnellement cinquièmes, Anouk avait du temps pour elle. «J’ai pris du temps pour ma vie privée, mon développement personnel», confie-t-elle.

Après un bain glacé dans l'Aar, les sœurs s'offrent une tasse de thé à l'hôtel Landhaus.
Photo: Remo Naegeli

Ensemble vers l’avenir

Après Paris, Esmée Böbner a annoncé sa démission à la surprise générale. Anouk Vergé-Dépré et Joana Mäder se sont également séparées après avoir fait équipe pendant neuf ans. Les deux sœurs se sont donc retrouvées seules en même temps. La suite semblait évidente. Toutes deux rient: «Nous voulions prendre une décision indépendamment de ce que disaient les amis et la famille», explique Anouk. Et Zoé de confirmer: «Maintenant que ça arrive, je réalise à quel point je voulais qu’on fasse équipe.»

Toutes deux tendent un orteil dans l’Aar glaciale. Avec leur nouvel entraîneur Damian Wojtasik – il forme un duo de coachs avec le co-entraîneur Denis Milanez – elles osent se jeter dans l’eau de l’Aar. Anouk et Zoé Vergé-Dépré ne se disputent presque jamais – il leur arrive plutôt de se taquiner, avec humour, comme elles le soulignent toutes les deux. C’est avec cet état d’esprit qu’elles veulent désormais poursuivre leur chemin en tant que sœurs et coéquipières, en fêtant le plus de succès possibles.

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